Charles Domergue

Légende :

Ancien combattant mutilé de la Grande Guerre, Charles Domergue participe à la création de l'Armée volontaire dont il devient le chef pour Paris, puis de la centrale du mouvement à partir d’avril 1941.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © SHD GR 16P 188 599 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Charles Domergue était le fils de Césarien Domergue âgé de 28 ans, horloger et de Léonie Delmas âgée de 23 ans, domiciliés rue Droite à Entraygues. Lors de sa mobilisation pour la première guerre mondiale en janvier 1916, il demeurait à Saint-Geneviève (Aveyron) avec ses parents et exerçait la profession de chauffeur mécanicien. Il fut incorporé dans l’infanterie servant dans plusieurs régiments successifs et fut gravement blessé par des éclats de torpille le 29 août 1917 sur la cote 607 à Bruyères (Vosges). Il dut être amputé de l’avant bras droit, fut réformé, pensionné et démobilisé fin décembre 1917. Cité à l’ordre de l’Armée : « Très bon soldat dévoué et brave qui a toujours eu au feu une conduite exemplaire, très grièvement blessé le 29 août 1917 à son poste de combat », il fut décoré de la Médaille militaire le 2 octobre 1917. Il entra le 15 décembre 1919 au Ministère des Pensions dans la fonction d’employé de bureau. Il se maria le 26 août 1920 à la mairie du VIème arrondissement de Paris avec Émilienne Bothereau (née le 9 octobre 1894 à La Ferté-Saint-Aubin, Loiret) employée à la Préfecture de la Seine. Charles Domergue domicilié avec son épouse 18 rue Princesse devint employé de bureau principal au Ministère, fut fait chevalier de la Légion d’honneur par décret du 24 décembre 1931 puis officier par décret du 30 décembre 1939.

Contacté par René Lhopital, il rejoignit la Résistance en juillet 1940. Sa première activité consista à venir en aide aux prisonniers évadés. En octobre 1940, il participa à la création de l’Armée des volontaires en collaboration avec le commandant Lhopital, Marcel Lamboley, Maxime Belleville et André Donnay. Ils commencèrent immédiatement un travail de recrutement. Il participa également à la création et à la diffusion du journal Pantagruel tout en continuant son aide aux prisonniers évadés par la fourniture de faux-papiers. Adjoint de René Lhopital, Charles Domergue fut nommé chef de l’Armée volontaire pour Paris avant de devenir le chef de la centrale du mouvement à partir d’avril 1941 à la suite de l’arrestation de Lhopital. Sous sa direction, le mouvement prit une nouvelle orientation comme le souligne le procès-verbal du jugement rendu par le Tribunal du Peuple (Volksgerichtshof) siégeant à Trèves : "Sous son influence s’est développé dans le mouvement une forte tendance anti-allemande et un net penchant pour de Gaulle. Ce penchant prit une telle dimension que tout en restant tout à fait anti-communiste l’Armée volontaire modifia néanmoins fondamentalement son caractère dans la mesure où elle devint en même temps clairement un mouvement de résistance contre l’occupant allemand." (Bundesarchiv, R 3017 / 77)

Arrêté une première fois le 27 septembre 1941 par la police française pour aide aux prisonniers évadés, Charles Domergue fut libéré le 25 novembre 1941 et reprit aussitôt ses activités clandestines. La plupart des principaux dirigeants parisiens de l’Armée des Volontaires furent arrêtés en janvier 1942. Charles Domergue arrêté une seconde fois le 24 janvier 1942, par la Gestapo cette fois-ci, fut interné à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Le 9 octobre 1942, 45 membres de l’Armée des Volontaires dont Charles Domergue, destinés à être jugés ensemble en Allemagne, furent déportés dans le même transport, le convoi N° I.56., parti de la gare de l’Est à destination du SS-Sonderlager Hinzert. Il fut ensuite interné à Wittlich, près de Cologne, lieu de détention préventive des hommes ""Nacht und Nebel"" venant d’Hinzert et devant être jugés par le Tribunal du peuple. Le 27 mai 1943, un premier groupe fut jugé par le 2e Sénat du Volksgerichtshof siègeant à Trèves. On reprocha à Charles Domerguer d’avoir fait de l’espionnage militaire et notamment d’avoir arrangé une rencontre entre Belleville et un certain Deschamps qui lui remit le dessin d’un compresseur pour un moteur d’avion provenant d’une usine allemande. Le tribunal lui reprocha également d’être venu en aide à des aviateurs évadés de centres d’internement et d’avoir favorisé leur passage en zone libre.
Charles Domergue, André Lalanne-Picard, Philippe Bonny, Marcel Lepape, Raymond Cousin, Maxime Belleville et Raymond Deiss furent condamnés à mort. André Donnay fut condamné à sept ans de réclusion et René Lhopital à un an de réclusion. Les condamnés à mort furent transférés à la prison de Rheinbach, puis les exécutions par guillotine eurent lieu à la prison de Klingelpütz à Cologne. Charles Domergue, André Lalanne-Picart furent guillotinés le 25 août 1943.

Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué au titre des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes) avec le grade de commandant. Il obtint le statut Déporté – Interné – Résistant (DIR). Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance avec rosette par décret du 23 février 1959. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Sainte-Geneviève-sur-Argence dans l’Aveyron.


Auteur : Fabrice Bourrée, Michel Thébault

Sources : 
SHD Vincennes, 16P 188 599 (dossier individuel de Charles Domergue).
SHD Vincennes, 1 K 875, carton 3 (Archives de liquidation de l'Armée volontaire, dossiers individuel de Charles Domergue).
Musée de la Résistance et de la déportation de Besançon, fonds de l'Abbé de la Martinière (synthèse du procès des membres de l'Armée volontaire devant le tribunal du peuple réalisée par Olga Wormser).
Bundesarchiv, Berlin, R3017 / 77 (Tribunal du Peuple. Acte d'accusation contre dix membres de l'Armée volontaire).
Arch. Dép. Aveyron et Paris (état civil, registre matricule.
Base Léonore des membres de la Légion d’honneur dossier LH/786/49