Attentat par explosif contre l'hôtel d'Iéna le 11 août 1942

Légende :

Photographie judiciaire des lieux de l'attentat perpétré le 11 août 1942 à l'hôtel d'Iéna dans le XVIe arrondissement de Paris.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives de la Préfecture de Police de Paris - GB 105 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noire et blanc

Date document : 11 août 1942

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris XVIe

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Contexte historique

Le 11 août 1942 à 23 heures, l’Hôtel d’Iéna, situé à l’angle des avenues Pierre Ier de Serbie et d’Iéna dans le XVIe arrondissement de Paris, est la cible d’un attentat à l’explosif commis par des résistants membres du Deuxième détachement parisien des FTP-MOI. L’hôtel en question abrite des services et bureaux allemands. À leur arrivée, trente-cinq minutes plus tard d’après le rapport de police, les policiers constatent la présence d’un trou de vingt centimètres de diamètre et autant de profondeur à quelques centimètres de la façade et l’endommagement de vitrines de deux magasins ainsi que de la chaussée. Ces dégâts sont consécutifs de l’explosion d’un engin à retardement probablement déposé au sol, prévu pour exploser au moment où les Allemands se seraient approchés pour le ramasser au cours de leur ronde. La seconde hypothèse est que l’engin a été projeté contre une persienne de l’établissement.

L’attentat est l’œuvre d’un groupe de partisans juifs. Si les résultats sont modestes, comme le prouvent les photographies adjointes au rapport de police, l’action prouve la capacité des résistants du Deuxième détachement à porter le fer au plus près des locaux des autorités occupantes.

Dans son ouvrage, La Résistance organisée des Juifs de France, Jacques Ravine revient sur cet événement en citant le témoignage d’Abraham Lissner, l’un des participants : "Cet attentat fut exécuté contre un local de l’état-major allemand de la rue Pierre Ier de Serbie. J’avais été désigné pour apporter la bombe et la déposer. Simon, un ouvrier presseur du 4e arrondissement, qui avait lui-même fabriqué la bombe, était chargé de me couvrir par devant, et Yone Geduldik, par derrière. (…) Je profitai d’un moment où la ronde allemande s’était éloignée pour déposer l’engin sur le bord d’une fenêtre et allumer la mèche. Nous avions six minutes avant l’explosion pour nous retirer. Nous descendîmes dans le métro Iéna : moi d’un côté, mes camarades sur le quai opposé. Sur celui où je me trouvais il y avait trois personnes : le chef de station, un agent de police et un officier allemand. Les deux derniers attendaient la rame comme moi. Brusquement, l’explosion secoua l’air. Je me dominai de toutes mes forces pour dissimuler mon émotion. Par bonheur, la rame arriva et je m’éloignai du lieu dangereux."


Auteur : Guillaume Pollack

Sources et bibliographie
Archives de la Préfecture de Police, Paris : GB 105 attentat contre l’hôtel Iéna.
Jacques Ravine, La Résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973.
Abraham Lissner, Un franc-tireur juif raconte..., autoédition, 1977.