Jacob Insel

Légende :

Photographie anthropométrique de Jacob Insel référencée sous sa fausse identité de Serge Marmor, Toulouse, 9 décembre 1943.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives départementales de la Haute-Garonne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 9 décembre 1943

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Toulouse

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Contexte historique

Jacob Insel est né le 2 mars 1909 à Drohobyez en Pologne. D’origine juive, il doit quitter la Pologne alors qu’il a 17 ans pour échapper aux pogroms et persécutions. En Palestine, il rencontre de nombreux Juifs qui ont quitté l’Europe centrale pour les mêmes raisons. Parmi eux, Marcel Langer, Abracha Mittelman, Robert Waschpress, qu’il retrouve par la suite dans la lutte contre le fascisme en Espagne puis en France. Il s’inscrit au Parti communiste palestinien, alors clandestin, et y déploie une activité considérable d’organisateur, d'animateur d’une imprimerie clandestine, de diffuseur de tracts et journaux. En 1936, il est arrêté, emprisonné puis expulsé avec sa femme Féla. Ils parviennent en France d’où Jacob ne tarde pas à repartir pour aller défendre la République espagnole au sein des Brigades internationales où il combat dans une unité d’artillerie.

Lorsqu’en janvier 1939, la Catalogne est envahie par les troupes fascistes, des centaines de milliers de civils et de soldats de l’armée républicaine se réfugient en France : c’est La Retirada. Le 2 février 1939, Jacob Insel est interné dans le camp de Saint-Cyprien (Pyrénées Orientales) puis transféré au camp de Gurs (Basses Pyrénées) et enfin à celui du Vernet (Ariège). Ayant appris qu’il allait être déplacé vers le camp de Djelfa (Algérie) il parvient à prévenir sa femme Féla qui organise son évasion du Vernet le 12 juin 1941.

Il est aussitôt mis en relation avec Marcel Langer qui a constitué, à Toulouse, un embryon de ce qui deviendra plus tard, la 35e Brigade des Francs-Tireurs et Partisans – Main d’œuvre Immigrée : le Groupe Solidarité, composé de militants passés par la Palestine et les Brigades Internationales. Les premières actions consistent à distribuer des tracts et la presse clandestine. Le passage à l’action armée est décidé : la 35e Brigade commence à opérer à l’automne 1942.

Aux côtés de Marcel Langer, premier commandant militaire de la 35e Brigade, Jacob Insel est responsable technique. Ils coopèrent avec les Espagnols de l’Union Nationale Espagnole (UNE) déjà très actifs. Dans le Parti Communiste Français des années 1920, puis la CGT-U et la CGT des années 1930, l’appellation Main d’œuvre Immigrée, MOI, désignait des groupes de militants étrangers organisés par langues : Polonais, Italiens, Roumains, Espagnols, Hongrois, Yougoslaves, etc. Dès la fin août 1941, une partie de ces militants politiques ou syndicalistes étrangers s’engage dans la lutte armée à Paris contre les Allemands aux côtés de l’Organisation Spéciale du parti communiste. En mars 1942, naissent les Francs-Tireurs Partisans Français : FTPF, bras armé du Front National pour l’Indépendance de la France. En juin 1942, les unités combattantes issues de la MOI prennent le nom de Francs-Tireurs et Partisans – Main d’Œuvre Immigrée, soit : FTP-MOI.

A la fin de l’été 1942, des opérations armées, précoces pour la Zone Sud, sont exécutées par coopération entre Marcel Langer, chef de la 35e Brigade, secondé par Jacob Insel, et José Linares Días, chef de la 2e Brigade de Guérilleros Espagnols (Haute-Garonne) rattachée à l'Union nationale espagnole (UNE). Par exemple, l’incendie de plusieurs camions allemands dans la nuit du 1er au 2 décembre 1942, à Toulouse. En 1943, Jacob Insel prend part aux actions suivantes :
● 3 mars, avec Robert Waschpress, dépôt d’un engin explosif devant l’hôtel L’Ours blanc, à Toulouse, où sont installés des services de la Gestapo.
● Mai, attaque à la bombe d’un garage allemand, boulevard Lascrosses à Toulouse.
● 13 juin, attaque à la bombe de la Feldgendarmerie de Toulouse, tuant plusieurs soldats dont un officier supérieur.
● 14 novembre, attaque à la bombe contre la centrale électrique de Carmaux (Tarn).
● 6 décembre, sabotage de plusieurs locomotives au dépôt de la gare Matabiau à Toulouse.

Le 9 décembre 1943, il participe à une opération visant à récupérer des documents compromettants chez un combattant, Raymond Lévy, dont le frère Claude, venait d’être interpellé. L’équipe tombe dans un guet-apens monté par la 8e Brigade de Police de Sûreté. Les deux camarades qui l’accompagnent parviennent à s’échapper, mais lui est arrêté. Au commissariat, il subit un interrogatoire violent. Cherchant à gagner du temps, il ne donne aucune information essentielle contre ses camarades. Il ne révèle pas sa véritable identité : la police le connaît comme Serge Marmor puis Jean Unserki. Incarcéré à la prison Saint-Michel de Toulouse, il organise une tentative d’évasion qui échoue.

Par décision de l’Intendant de police Marty, il est remis aux autorités allemandes qui le déportent par le convoi parti de Toulouse le 3 juillet 1944, connu ensuite comme ‘’Le Train Fantôme’’. Après des péripéties tragiques, évoluant au gré des attaques alliées, le convoi parvient à Dachau le 28 août 1944. Auparavant, le 19 août, Jacob Insel est atteint lors d’un mitraillage aérien à Pierrelatte (Drôme), en même temps que François Lafforgue, membre aussi de la 35e Brigade. Leurs corps sont débarqués à Montélimar.


Auteur : André Magne

Sources et bibliographie :
Service Historique de la Défense, Vincennes : GR 19 P 31-24, Dossier 35e Brigade.
Service Historique de la Défense, Vincennes : GR 16P 301779
Jean-Yves Boursier, La guerre de partisans dans le sud-ouest de la France 1942-1944 - La 35e Brigade FTP-MOI, Paris, L’Harmattan, 1992.
David Diamant, Les juifs dans la Résistance française 1940-1944, Le Pavillon Roger Maria Editeur, 1971.