Nicolas Cristea

Légende :

Nicolas Cristea, combattant des Brigades internationales en Espagne

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Centre russe pour la conservation des archives en histoire politique et sociale (RGASPI) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Vers 1937-1938

Lieu : Espagne

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Né le 26 octobre 1906 à Galatz (Roumanie), Nicolas Cristea épouse Joana Butuk en juillet 1931. Le couple réside à Bucarest où Cristea exerce la profession de ferblantier. Militant du parti communiste roumain, Cristea part en 1937 en Espagne combattre au sein des Brigades internationales. Il y prend le commandement de la batterie franco-belge du groupe d’artillerie Ana Pauker. Cristea arrive en France le 8 février 1939 venant d’Espagne et est successivement interné à Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), à Gurs (Basses-Pyrénées actuellement Pyrénées-Atlantiques), puis au camp d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) en août 1940.

En octobre 1940, Cristea effectue des démarches auprès du Préfet des Pyrénées-Orientales afin que ce dernier intervienne auprès de la Légation de la Roumanie sur la question de son rapatriement dans son pays natal. Il obtient un passeport roumain valable. Cependant afin d’obtenir un visa de transit des légations d’Italie et de Yougoslavie, il sollicite en février 1941 une autorisation préfectorale pour se rendre à Marseille. Le Préfet des Bouches-du-Rhône donne son accord le 14 mars 1941. Finalement, le 29 mars 1941, Cristea s’évade du camp d’Argelès et rejoint Paris.

Aussitôt enrôlé dans l’Organisation spéciale (OS), il devient chef d’équipe lors du 1er détachement FTP-MOI lors de sa création au printemps 1942. Le 19 octobre 1942, vers 8h30, Nicolas Cristea, Dragos Sas et Carol Goldstein, tous trois membres du 1er détachement FTP-MOI, lancent deux grenades contre un groupe de soldats allemands manœuvrant dans l’enceinte de la Cité universitaire, le long de l'avenue du Dr Lannelongue (XIVe arrondissement). Cet attentat fait un blessé léger parmi les militaires. Lors de leur repli, deux des auteurs de l’attentat sont suivis par des gardiens de la paix de Montrouge qui finissent par interpeller Cristea et Sas. Nicolas Cristea est arrêté sous l’identité de Joseph Copla, né le 2 juin 1908 à Stelek (Roumanie), mécanicien, domicilié 13 rue Léopold Bellan à Paris (IIe). Il déclare travailler à la firme Pi-Park à Gennevilliers pour le compte des autorités allemandes et s’être rendu à Montrouge pour y chercher un nouveau travail avec son camarade d’usine Martunek (fausse identité utilisée par Drago Sas). Prévenus, des inspecteurs de la Brigade spéciales sont dépêchés sur place pour les ramener dans leurs locaux et les interroger. La surveillance exercée au domicile de Drago Sas permet l’interpellation du troisième homme sous l’identité de Jan Cracium, en réalité Carol Goldstein, qui reconnaît être le chef de groupe.

Au cours de son interrogatoire, Cristea reconnaît avoir participé à plusieurs opérations dans Paris mais sans jamais dévoiler sa véritable identité :
- 11 juin 1942 : dépôts d’engins incendiaires dans des dépôts de bois, avenue Philippe-Auguste et rue Voltaire (XIe arrondissement)
- 5 août 1942 : jet de grenades sur un groupe de militaires allemands au stade Jean Bouin (XVIe)
- Septembre 1942 : dépôts d’engins explosifs à retardement sur des fûts d’essence boulevard de la Bastille (XIIe)
-11 septembre 1942 : dépôt de deux engins explosifs boulevard Sérurier (XIXe)
- 5 octobre 1942 : dépôt d’un obus transformé en bombe à retardement près d’un poste de DCA au pont de Sèvres
- 15 octobre 1942 : dépôt d’engins explosifs dans un garage réquisitionné, 42 cours de Vincennes (XIIe)
- 19 octobre 1942 : jet de grenades sur des soldats allemands dans le parc de la Cité universitaire (XIVe)
- Date indéterminée : jet d’une bouteille incendiaire sur un camion allemand à l’angle des boulevards Voltaire et Richard Lenoir (XIe).

Après interrogatoires, Nicolas Cristea, Dragos Sas, Carol Goldstein et trois autres personnes arrêtées lors de la même procédure sont conduits au Dépôt à la disposition des autorités allemandes qui les ont réclamés. Cristea et ses deux compagnons sont exécutés sous leurs fausses identités le 9 mars 1943 au stand de tir de la place Balard à Paris. Il ne semble pas y avoir eu de procès.

Le dossier de victime civile portant attribution de la mention « Mort pour la France » aujourd’hui conservé au DAVCC à Caen a été établi sous sa fausse identité de Joseph Copla.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Archives départementales des Pyrénées-Orientales, 109W303 camp d’Argelès-sur-Mer
Service historique de la Défense - DAVCC, Caen :  AC 21P 327 726
Archives de la Préfecture de Police, Paris : GB 110 (Attentats Cité Universitaire et stade Jean Bouin)

Boris Holban, Testament, Paris, Calmann-Lévy, 1989
Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance , Paris, Fayard, 1989

Notice CRISTEA Nicolas [alias COPLA Joseph] par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 18 novembre 2020.