Raymond Aubrac : le rôle des réseaux pour le renseignement

Légende :

Raymond Aubrac évoque le rôle des réseaux pour le renseignement

Genre : Film

Type : Témoignage filmé

Source : © AERI Droits réservés

Détails techniques :

Durée de l’extrait : 00:01:37

Tournage et montage : Nicolas Voisin

Interview réalisée par Clémence Piet et Manuel Valls-Vicente.

Date document : Février 2009

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Retranscription :

" Notre organisation collectait des informations, mais ça n'était pas notre spécialité. Les renseignements étaient en réalité collectés par ce qu'on appellait les " réseaux ". L'organisation de Résistance dont je vous ai parlé jusqu'à maintenant, c'est ce qu'on appelait un " mouvement de Résistance ", qui avait comme mission de mobiliser le plus possible de gens, de les organiser et de les préparer, le jour venu, à participer aux combats. En même temps, d'abord les Anglais et ensuite le général de Gaulle avaient organisé des réseaux de Résistance, qui eux n'avaient pas de souci de leur côté, qui étaient constitués par des noyaux d'un nombre limité de gens qui surveillaient certains des aspects qui concernaient les Etats-majors alliés. C'était donc les troupes allemandes, leur déplacement, leur fortification et puis les facteurs économiques qui étaient importants pour les Alliés (production industrielle, production agricole, mentalité de la population...). Les mouvements de Résistance collectaient aussi des informations et centralisaient ces informations et les faisaient parvenir soit directement à Londres soit par l'intermédiaire d'un de ces réseaux de renseignement. "


Contexte historique

Raymond Samuel est né le 31 juillet 1914 à Vesoul. Il étudie le Droit et entre à l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées.
A la déclaration de guerre, il effectue son service militaire à Strasbourg où il fait la connaissance de Lucie Bernard, qui deviendra sa femme en décembre 1939.
Mobilisé, il est fait prisonnier le 21 juin 1940 à Sarrebourg. Lucie l'aide à s'évader, lui remettant un médicament provocant une forte fièvre. Une fois transféré à l'hôpital, l'évasion est plus facile.

Le couple part alors à Lyon. En octobre 1940, Lucie revient d'un séjour à Clermont-Ferrand où elle a rencontré Jean Cavaillès, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Georges Zérapha et Jean Rochon qui ont créé La dernière colonne : un petit groupe anti-vichyste décidé à passer à l'action. Elle propose à Raymond de se joindre à eux. Ils collent des papillons, diffusent des tracts, mais peinent à recruter et à développer d'autres actions...

En 1941, le groupe change de stratégie et crée un journal afin de dénoncer plus amplement l'Occupation et la collaboration et, ainsi, recruter plus facilement : le premier numéro du journal Libération paraît en juillet. Le mouvement de Résistance Libération-Sud est en train de naître. Son champ d'action et sa puissance s'étendent au gré de rencontres. En 1942, Libération a différents services (action politique, faux papiers, groupes francs, propagande-diffusion et service social). Raymond est responsable de l'action paramilitaire.

Le 15 mars 1943, lors d'une réunion, Raymond est arrêté avec Maurice Kriegel-Valrimont et Serge Ravanel, sur dénonciation. Lucie obtient sa liberté provisoire le 10 mai et Raymond peut donc participer au coup de main permettant la libération de ses camarades, deux semaines plus tard. Le 20 juin, Raymond rencontre " Max ", Jean Moulin, à Lyon. Il lui propose de devenir inspecteur de l'Armée secrète (AS) pour la zone Nord. Le lendemain, ils doivent se réunir à Caluire, chez le docteur Dugougeon. Véritable coup de filet, à la suite d'une dénonciation, Jean Moulin, Raymond Aubrac et les autres participants - sauf René Hardy - sont arrêtés et internés à la prison de Montluc. Jean Moulin succombera aux interrogatoires de la Gestapo et de son chef Klaus Barbie.
Une fois de plus, Lucie Aubrac décide de tout faire pour l'évasion de son mari : elle prend contact avec la Gestapo, et se faisant passer pour une jeune femme de bonne famille enceinte, elle demande d'épouser Raymond afin de sauver l'honneur de sa famille. Elle obtient ainsi le transfert de Raymond pour la célébration du mariage. Elle s'appuie sur les groupes-francs dirigés par Serge Ravanel, pour attaquer le 21 octobre 1943, le fourgon dans lequel Raymond et les 13 autres détenus se trouvent. En février 1944, Raymond et sa famille gagnent Londres à bord d'un petit avion Lysander. Il rejoint ensuite Alger, où il siège à l'Assemblée consultative provisoire.

En août, il est nommé Commissaire régional de la République à Marseille. Il dirigera ensuite le déminage du pays, puis poursuivra une carrière internationale.

Raymond Aubrac a été élevé à la dignité de Grand'Croix de la légion d'Honneur, le 14 juillet 2010.

Raymond Aubrac est décédé à Paris le 10 avril 2012.


DVD-ROM « Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd’hui », AERI, 2012.