Drame de la Brasserie nouvelle

Légende :

Le drame de la Brasserie nouvelle, l'un des épisodes les plus spectaculaires et les plus sanglants de l'affrontement entre résistants et occupants, le 17 juin 1943, à Ajaccio

Genre : Image

Type : Evénement

Source : © Cliché Antoine Poletti Droits réservés

Lieu : France - Corse - Corse du Sud - Ajaccio

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Contexte historique

En juin 1943, l'Occupation dure depuis sept mois et l'OVRA est en Corse depuis janvier. Elle traque les résistants et les traite sans qu'aucun droit ni garantie de justice ne leur soient accordés s'ils sont pris. Cela explique les réactions des membres du Front national, surpris lors d'un rendez-vous à Ajaccio le 17 juin.
La Brasserie nouvelle est alors située 50 cours Napoléon. Des dirigeants départementaux du Front national (André Giusti, Jean Nicoli), y ont rendez-vous avec des responsables locaux à partir de 19 heures. Les quatre premiers arrivés, André Giusti, Pierre Orsoni, Pierre Stefanaggi et Jules Mondoloni y rejoignent les gérants, Carli et Franchi. Trois agents italiens interviennent pour leur demander leurs papiers. D'autres sont postés dehors. Les résistants sont porteurs d'armes et de faux papiers. André Giusti tire le premier, ce qui déclenche une fusillade générale. Il se sait recherché depuis 1941, avant même son arrivée en Corse, où il vit depuis novembre 1942 avec les maquisards de Sainte-Marie-Sicche. Il a 37 ans. Il est frappé mortellement. Jules Mondoloni est très grièvement blessé. Lui aussi appartient à un maquis du Sud, celui de Petreto-Bicchisano. Il meurt deux jours plus tard à l'hôpital sans que les Italiens aient pu l'interroger. La troisième victime corse est un passant, un vieillard de 81 ans, Antoine Nicolaï. Les autres ont pu s'échapper. Trois Italiens ont été tués, dont deux carabiniers et l'adjudant-chef Virginio Sias qui les commandait.

Les autorités militaires italiennes proclament l'état de siège. Contrôle étroit de la circulation, couvre-feu à 20 h 30, fermeture des commerces, sauf dérogations comme pour les produits pharmaceutiques ou alimentaires. Pendant les semaines suivantes, beaucoup d'arrestations ont lieu, dont celles de Jean Nicoli et de Jérôme Santarelli, et la répression est renforcée dans le Sartenais. C'est le 6 juillet 1943 qu'a lieu la rafle suivie de la déportation en Italie de 36 habitants de Petreto-Bicchisano. De leur côté, les patriotes de la région ont abattu des Italiens pour venger la mort de leurs camarades. L'épisode de la Brasserie nouvelle est une étape marquante des affrontements entre les occupants et la Résistance intérieure. Elle a durement touché le Front national qui a cependant réussi à se réorganiser.


Hélène Chaubin, "Le drame de la Brasserie nouvelle" in CD-ROM La Résistance en Corse, AERI, 2007.