Carte des lieux des sous-marins en Corse, 1942-1943

Légende :

Carte des lieux d'arrivée et de débarquement des sous-marins en Corse entre 1942 et 1943

Genre : Image

Type : Carte

Producteur : Christophe Clavel

Source : © Département AERI Droits réservés

Date document : 2007

Lieu : France - Corse

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Analyse média

Liaisons clandestines entre Alger et la Corse pendant l'Occupation italienne
De novembre 1942 à septembre 1943, les liaisons maritimes entre l'Afrique du Nord, tenue par les Alliés, et la Corse, occupée par les forces de l'Axe, ne peuvent être faites que par des sous-marins apportant à la Résistance intérieure armes, agents des missions, débarqués dans des criques isolées, malgré la surveillance italienne. Les problèmes de leur hébergement et du transport des matériels débarqués doivent être assumés par des équipes locales dans des conditions difficiles. Avec le débarquement anglo-saxon en Afrique du Nord en novembre 1942, la situation géostratégique de la Méditerranée occidentale est bouleversée : l'occupation-éclair de la zone libre par les forces de l'Axe est suivie, le 27 novembre 1942, d'une opération allemande de mainmise sur le port de Toulon. Si la majeure partie de la flotte s'est sabordée, une soixantaine d'unités de surface et cinq sous-marins quittent la rade pour gagner nos bases d'Afrique du Nord. Parmi eux, le sous-marin Casabianca, sous la direction du commandant Lherminier. Il arrive à Alger le 1er décembre. C'est lui qui va assurer le plus grand nombre de liaisons maritimes avec la Corse occupée : six traversées périlleuses - car les Allemands sont encore puissants en zone méditerranéenne - entre le 14 décembre 1942, où il débarque dans la baie de Chioni la mission Pearl Harbor et, le 13 septembre 1943, où il transporte jusqu'au port d'Ajaccio, libéré le premier, 109 hommes du Bataillon de choc. Ce sont les premiers secours envoyés au secours des patriotes insurgés.

Dans cette période de 10 mois, un sous-marin britannique participe à des opérations : c'est le cas, en janvier 1943, pour la mission Sea Urchin (Oursin de mer), conduite par Fred Scamaroni, et débarquée en baie d'Arone, et, le 4 avril 1943, pour la mission Colonna d'Istria près de l'embouchure du Travo. La traversée dure au moins 48 heures et il faut prendre le temps de débarquer de nuit des tonnes d'armes et de munitions - de l'ordre de 20 tonnes par passage -. Le quart environ des armes envoyées en Corse a transité par la voie maritime. Le reste par voie aérienne et parachutages. En juillet 1943, à sa cinquième mission, les garde-côtes italiens tirent et atteignent le kiosque du Casabianca dans le golfe de Porto. Le commandant gagne alors la plage de Saleccia, moins gardée, mais d'où il est difficile de faire le transport des armes. Les agents débarqués en Corse y courent de graves dangers, car il sont passibles de l'inculpation d'espionnage. Les radios et les responsables des missions sont parmi les plus exposés. Plusieurs de ces hommes sont arrêtés, torturés, comme Fred Scamaroni, et parfois condamnés à mort comme le radio Pierre Griffi.

Les risques sont grands aussi pour les équipes de réception qui ont à récupérer les caisses d'armes (surtout des mitraillettes Sten et des cartouches, et, le 6 septembre 1943, des fusils anti-chars). Avec les armes arrivent aussi des secours en vivres et en argent, car l'île manque de tout. Les caisses sont cachées dans des dépôts à proximité du lieu de débarquement avant d'être acheminées, le plus souvent avec des mulets, vers les villages proches comme Casta dans les Agriates, et, de là, écoulées parfois en camion vers l'intérieur et les villes dans cette région où il y a un occupant pour deux habitants. Il faut du temps et l'aide des villageois, comme en juillet 1943, de Saleccia à Casta, puis à Calamicorno et à Lento : au total près d'un mois pour que les caisses soient distribuées. Dès la deuxième mission du Casabianca, dans la baie d'Arone, en février 1943, des membres du Front national sont présents pour la réception, ce qui témoigne du résultat des contacts pris par la mission de Saule, en particulier avec Jean Nicoli et André Giusti.


Hélène Chaubin, "Les liaisons clandestines" in CD-ROM La Résistance en Corse, AERI, 2007.