Pierre-Jean Milanini

Légende :

Pierre-Jean Milanini, photographié ici après-guerre, résistant membre du Front national corse, particulièrement actif dans la région de Serra-di-Scopamène

Pierre-Jean Milanini, photographed here after the war, a Resistance fighter and member of the Corsican Front national, particularly active in the region of Serra-di-Scopamène

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ANACR Corse-du-Sud Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Corse

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Pierre-Jean Milanini est né le 25 février 1912 à Porto-Vecchio. Il a été élevé par une mère profondément chrétienne qui lui a inculqué l’amour du prochain. La vie en Corse était très dure à cette époque, d’où son rapprochement vers des Hommes de progrès et des partisans de la paix. Les convictions radicales-socialistes de son père ont aussi influencé ses choix. Sensible à l’injustice, réfractaire à la violence et aux armes, il a refusé d’accomplir son service militaire.
Les dangers du fascisme dans les années du Front Populaire lui font prendre conscience de la nécessité contraire. Il fallait affronter le péril fasciste. Instituteur à Cuo, commune de Sotta, père de deux enfants, il quitte sa famille et rejoint l’Ecole des Officiers de Réserve et le 28e régiment de tirailleurs tunisiens. C’est à cette période qu’il constate l’inanité du système colonial et ses convictions lui valent d’être fiché comme propagandiste révolutionnaire.

En 1939, il est nommé caporal avec un décalage de 6 mois à l’issue du stage d’élève-officier. En août 1939, il sera traduit en conseil de guerre pour désertion à la suite d’un retard pour lequel il avait prévenu les autorités. Il est emprisonné pour trois mois à Corte, déchu du grade de caporal et muté au 341 RIA. Ces deux mesures furent prises au titre des sanctions condamnant ses activités de propagandiste. Le 4 juin 1940, il est fait prisonnier par les Allemands à Zuydcoot, près de Dunkerque.

Après la débâcle de 1940, il s’évade du stalag VI H (Déren) en octobre 1940. Il adhère au Front National corse en 1942. Il se trouve à Serra-di-Scopamène lors de l’arrivée des troupes italiennes en novembre 1942 et organise aussitôt la Résistance dans les villages de Serra, Sorbollano et Quenza. Il est arrêté par l’OVRA le 27 juillet 1943 en même temps qu’Angelin Chiaroni et incarcéré à la Caserne Battesti à Ajaccio dans la même cellule que Jérôme Santarelli. Il est condamné à Bastia à 24 ans de réclusion par le tribunal militaire italien. Il est déporté en Italie, emprisonné à Sulmona dans les Abruzze. Désireux de rejoindre les résistants italiens et les forces alliées, il s’évade le 15 décembre 1943 de la prison de Sulmona et rejoint les partisans italiens dans la région de Pratola-Peligna.
En mars 1944, marchant en direction du front des alliés, il tombe dans les mains des Allemands, est conduit à la prison de Regina Coeli, puis sur le front de Velletri. Il réussit à s’enfuir et rallie un poste américain. Il est alors interrogé durant deux jours et retenu prisonnier plus de deux semaines au camp d’Aversa, près de Naples, puis remis à la sécurité française le 12 juin 1944. Il regagne Ajaccio via Alger en juillet 1944. Il a été conseiller municipal à Porto-Vecchio et à Quenza. Il a consacré l’essentiel de ses activités à la défense de la paix.

Il est l'auteur de Rime Lamaghjunose, en 1961, et de Contra-Fuco (Canti di Pace), en 1982.

Pierre-Jean Milanini est décédé le 16 décembre 1993 à Marseille. 


Pierre-Jean Milanini was born on February 25th, 1912 in Porto-Vecchio. He was raised by a deeply Christian mother who instilled in him a love for his fellow beings. Life in Corsica during this time was very difficult, hence his becoming close to “men of progress” and “supporters of peace”. His father’s Radical Socialist convictions also influenced his choices. Sensitive to injustice, opposed to violence and weapons, he refused to fulfill his military service. 
However, the threat of fascism that materialized during the period of the Popular Front (Front populaire) convinced him of the contrary, that is was necessary to confront this danger. He was an elementary school teacher in Cuo (region of Sotta) and a father of two when he decided to leave his family and join the “School of Reserve Officers” (École des officiers de Réserve) and the 28th regiment of Tunisian infantrymen. It was during this period that he observed the futility of the colonial system and his convictions led him to become a revolutionary propagandist. 

In 1939, after completing his officer training and an additional period of 6 months, he was named corporal. In August 1939, he was court martialed by the war council for desertion following an absence about which he had warned his superiors. He was imprisoned for three months in Corte, stripped of his rank as corporal, and transferred to the 341st infantry regiment. Both measures were seen as inevitable consequences of his propagandist activities. On June 4th, 1940, he was taken prisoner by the Germans in Zuydcoote, near Dunkerque. 

After French defeat in 1940, he escaped the prisoner-of-war stalag (camp), VI H (Déren), in October of the same year. He joined the Corsican Front national in 1942. He found himself in Serra-di-Scopamène during the arrival of Italian troops on the island in November 1942, immediately organizing the Resistance activity in the towns of Serra, Sorbollano, and Quenza. He was arrested by OVRA on July 27th, 1943, along with Angelin Chiaroni and incarcerated in the Battesti barracks in Ajaccio, in the same cell as Jérôme Santarelli. He was then sentenced to 24 years of prison in Bastia by the Italian military tribunal, deported to Italy, and imprisoned in Sulmona, in the Abruzzo region. Yearning to join Italian Resistance fighters and the allied forces, he escaped prison on December 15th, 1943. He then joined Italian Resistance sympathizers in the region of Pratola-Peligna.

In March 1944, while marching to the Allied war front, he was captured by German troops and taken to Regina Coeli prison and then to the combat zone near Velletri. He successfully fled and joined the barrack of the American troops. But, he was then interrogated for two days and kept as prisoner for more than two weeks at the internment camp on Aversa, near Naples. He was then returned to the French army on June 12th, 1944. He returned to Ajaccio via Algiers in July 1944, where he then became a municipal councilor in Porto-Vecchio and in Quenza. He devoted his energy as an elected official to maintaining peace.

He authored Rime Lamaghjunose in 1961 and Contra-Fuco (Canti di Pace) in 1982.

Pierre-Jean Milanini died on December 16th, 1993 in Marseille.


Biographie établie à partir d'une interview réalisée en août 1992 par Annick Villard et Hervé Thomas, publiée par le bulletin Générations des Amis n° 14 d'avril 2003, ANACR de Corse-du-Sud.

Traduction : Sawnie Smith.