Pierre Marcault, dit "Marco"

Légende :

Pierre Marcault, dit "Marco", 

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © maquisdelain.org Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain - Oyonnax

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Né en octobre 1919 dans le Cher, Pierre Marcault est à neuf ans pupille de la Nation à la mort de son père, décédé des suites de blessures de guerre. Titulaire d'une bourse d'études, passionné d'aviation, il suit une formation à l'Ecole de l'Air de Versailles. A vingt ans, inquiet de la montée du nazisme, mais confiant dans la puissance affichée de l'armée française, il est prêt à faire son devoir lorsque la guerre éclate.

Mais en 1940, Pierre Marcault reçoit l'armistice comme une trahison et ne pense plus qu'à rejoindre l'Angleterre ou l'Afrique du Nord. En 1941, plusieurs tentatives - aérienne, maritime, terrestre via les Pyrénées - se soldent par des échecs. Dans l'attente de trouver une solution, Pierre Marcault est passeur le long de la ligne de démarcation à Vierzon. C'est là que des Alsaciens fuyant la Wehrmacht (armée allemande) lui indiquent un moyen d'arriver à ses fins. La BBC, par des tracts, propose de rejoindre l'Angleterre en s'intégrant momentanément dans l'armée allemande sur le front soviétique, de passer chez les partisans russes, et de gagner Odessa pour embarquer sur un bateau anglais.

Refoulant péniblement son problème de conscience, Pierre Marcault s'engage avec un ami dans la LVF (Légion des volontaires français), apprend la guérilla et la contre-guérilla, parvient près des lignes russes, mais l'assassinat par des partisans de son ami chargé de prendre contact avec eux le fait renoncer à ce projet ; à la faveur d'une permission, il rentre à Paris fin 1942 et décide de déserter.

Revenu à Vierzon, Pierre Marcault se sent vite repéré et, pour se faire oublier, part dans l'Ain à Rignat rejoindre un ancien ami.

En fait, il se fait embaucher au moulin Froment, à Villereversure, où il entend parler de Résistance en Haute-Savoie. Pendant l'hiver 1942-1943, Pierre Marcault recrute André Froment, Raymond Comtet, puis les frères Roche et Charles Faivre. Ensuite, se joignent à eux René et Marcel Guillemot, Hubert Monnet, Roger Genty et Jean Bussy, et des contacts sont établis avec les Turc et les Juhem de Corlier. En avril 1943, les frères Roche et Charles Faivre sont installés au camp Bir-Hakeim sur le mont Avocat, et Pierre Marcault rencontre en juin un capitaine de réserve, "Moulin", qui est en réalité Henri Petit, futur "Romans".

A partir de là, Pierre Marcault, "Marco", est nommé instructeur dans la première école des cadres dans la Ferme des Gorges à Montgriffon. Ensuite, en été, il est envoyé sur le plateau de Retord où il récupère les réfractaires du camp du Gros Turc pour les conduire à la Ferme de Morez, près d'Hotonnes. "Marco" commande ce camp, forme les maquisards, initie les troupes insurrectionnelles venues de Lyon à la guérilla urbaine et aux sabotages et dirige des coups de main sur les chantiers de jeunesse et l'Intendance de Bourg-en-Bresse.

Après le défilé d'Oyonnax, "Marco" quitte le plateau de Retord à la fin de 1943 à la tête d'un groupe franc qui s'établit à la Ferme du Rut (ou Rupt), près d'Hauteville-Lompnès, et qui effectue de nombreux sabotages ferroviaires de part et d'autre d'Ambérieu-en-Bugey. Lors de l'attaque allemande de février, le GF quitte rapidement le Rut et se replie à Villereversure. Jusqu'à la Libération, le GF Marco multiplie les sabotages et les coups de main, recevant des ordres aussi bien de "Romans" que d'Henri Gauthier, "Jag", responsable du réseau Pimento du SOE (Special Operations Executive).

Après la guerre et plusieurs années passées en Afrique, Pierre Marcault revient dans l'Ain et consacre beaucoup de temps à l'installation du musée de la Résistance et de la Déportation de Nantua où il reconstitue dans plusieurs pièces les actions essentielles des résistants. Ce militant du devoir de mémoire apporte son concours à la création du monument des Plans d'Hotonnes appelé "Porte ouverte sur le Maquis", et témoigne efficacement devant les élèves des collèges et des lycées.
Il décède en 2003 à Châtillon-sur-Chalaronne où il était venu passer sa retraite aux côtés d'anciens maquisards et de l'agent radio américain "Paul" Johnson.


Collectif, DVD-ROM La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, Département AERI, 2013.