Saint-Vallier-sur-Rhône après le bombardement du 16 août 1944 par l’aviation américaine

Légende :

Les ruines dans le quartier du Champ-de-Mars. Au fond, on aperçoit deux arches du viaduc du chemin de fer intact. Photo prise de la nationale 7 en direction de l'est.

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Inconnu

Source : © ADD, Collection Pierre-Vincent Beaume Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : 31 août 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Saint-Vallier-sur-Rhône

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Analyse média

Le 16 août 1944, l’aviation américaine bombarde le sud de l’agglomération visant les ponts routiers enjambant la rivière La Galaure, détruisant un nombre important de maisons. On relève près de 100 morts et de nombreux blessés.

C’est le quartier du Champ-de-Mars qui a été le plus touché par les bombes. La photo est prise de la nationale 7 en direction de l'est. Au fond, on aperçoit deux arches du viaduc du chemin de fer intact. Le pont routier sur la Nationale 7 et le pont du chemin de fer, visés par le bombardement, n’ont pas été détruits.


Auteurs : Jean Sauvageon 

Contexte historique

Le débarquement allié en Provence a lieu le 15 août 1944. Pour préparer l’avance des troupes et freiner le retrait des troupes allemandes, l’aviation américaine effectue de nombreux bombardements le long de la voie stratégique qu’est la vallée du Rhône. De son côté, la Résistance harcèle les troupes allemandes de la vallée du Rhône.
Dans cette partie de la vallée du Rhône, entre Tain-l’Hermitage et Saint-Rambert-d’Albon, la deuxième quinzaine d’août 1944 a été une période chargée en événements conduisant à la libération.

Le 16 août, dès 7 h, les premiers camions du maquis en provenance de la vallée de la Galaure arrivent à Saint-Vallier. Ils sont emplis de gars enthousiastes. Ils apportent armes et explosifs. Ils traversent la Galaure et prennent position sur le plateau de Champis. Suivant le plan prévu, à 10 h, ils ouvrent le feu. La mitraille surprend les Allemands qui fuient en désordre. Au nord de la ville, un convoi allemand est pris à partie par les fusils-mitrailleurs (FM) des maquisards, une citerne d'essence est touchée et explose, ainsi que le camion convoyeur suivant dont les occupants sont anéantis. 

L'explosion fait une victime civile, M. C, cafetier. La villa Chavanne est détruite, l'usine Grenier brûle, les lignes électriques sont coupées, ce qui aura pour conséquence d'empêcher la sirène d'alarme de fonctionner quand les bombardiers arriveront quelques instants plus tard. Les imprévus aussi surviennent. Un train blindé allemand, stationné vers la gare dès les premières escarmouches, se dirige vers les lieux du combat, au nord. Ses mitrailleuses balaient le coteau. Les maquisards sont obligés de se terrer, puis de se replier.
Vers 11 h, un bombardement par les avions américains met fin aux combats. 21 avions larguent 42 bombes de 500 kg ciblant le viaduc ferroviaire et le pont routier de la RN 7 sur la Galaure. L'objectif n'est pas atteint, mais le quartier au sud de la Galaure est rasé. On relève 96 morts, 28 blessés graves, 220 blessés légers. Les blessés légers sont emmenés à Saint-Uze et Saint-Barthélemy-de-Vals. Il y a 1 500 sinistrés et 98 immeubles sont entièrement détruits, 83 inhabitables, 250 endommagés.

Le lendemain, à 9 h, six hommes de la compagnie Mabboux, sous les ordres du capitaine Steinbach, alias "Victor", attaquent, entre la Ronceraie et le pont de Saint-Vallier, environ 30 mercenaires de l'Est.

Le 20 août, à 2 h, entre Saint-Vallier et Serves, au km 587, les voies ferrées 1 et 2 sont coupées par des explosions. La Résistance s'oppose à la réfection des voies.

Le 24 août, les Allemands évacuent, par la RN 7, environ 2 000 chevaux. Ce convoi est pris à partie toute la journée à la mitrailleuse. Les Allemands sont contraints d\'installer une infirmerie pour hommes et chevaux sous le pont du chemin de fer au nord de Saint-Vallier.

Le 27 août, le capitaine Steinbach ("Victor"), avec le renfort des sections opérant dans son secteur, tend une embuscade sur la RN 7 à la sortie sud de Saint-Vallier. L'embuscade réussit, la route est bloquée 2 heures.

Le 30 août, au matin, la gare de marchandise brûle, un peu plus tard, c'est l'usine Montagne, au début de l'après-midi, la villa Jay. 120 hommes des compagnies FFI (Forces françaises de l'intérieur), Mabboux, Bozambo, Martin et Guettaz, empêchent les Allemands de faire sauter les ponts sur la Galaure de la RN 7 et de la voie ferrée Paris-Marseille.

Le 31 août, à 11 h 30, le capitaine Steinbach reçoit du commandant Noir l’ordre suivant : « Empêcher à tout prix la destruction du pont de la RN 7 sur la Galaure à Saint-Vallier ». Face à un effectif allemand évalué à 2 000 à 3 000 « arrière-gardes », bien supérieur au nombre de FFI, le capitaine Steinbach, avec l’aide d’un prisonnier allemand et d’un résistant d’origine alsacienne, utilise la ruse pour éloigner les sapeurs allemands chargés de surveiller puis détruire le pont.

Le même jour, les Allemands font sauter le pont suspendu sur le Rhône, entre Saint-Vallier et Sarras. Les derniers soldats de la Wehrmacht quittent Saint-Vallier. Mais les ponts ont pu être sauvegardés. Le trafic des camions et des trains peut continuer.

Dans la journée, les combats se poursuivent entre Saint-Vallier et Saint-Rambert-d’Albon. Le soir du 31 août, toute la Drôme est libérée.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Thèse de Patrick Martin, La Résistance dans la Drôme. Souvenirs personnels de Jean Sauvageon. H. Chosson, M. Desgranges, P. Lefort, Drôme-Nord, terre d’asile et de révolte. 1940-1944.