La Libération d'Aix-les-Bains

Légende :

Témoignage du résistant Aimé Pétraz enregistré par Eric Le Normand le 17 mars 2009 à Aix-les-Bains.

Genre : Son

Type : Témoignage audio

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Détails techniques :

Durée: 12,16 minutes

Date document : 17 mars 2009

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Savoie

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Contexte historique

Au cours du mois de juillet 1944, les actions des résistants s'intensifient. Les Groupes Francs (GF) "Yvon", du Viviers du Lac commandé par Yvon L'Hoste ou "Michel", en Chautagne, dirigé par Martin Mouhica, mènent de nombreux sabotages sur la voie ferrée Culoz - Chambéry. La compagnie des Francs-Tireurs et Partisans (FTP) 92.03 de Savoie de Lucien Péguet, "Bouvreuil" intervient de Billième à Serrières-en-Chautagne. La section de l'Armée secrète (AS) de Robert Gachet, "Bollon", se trouve dans les faubourgs d'Aix-les-Bains. Les sabotages se multiplient durant la première quinzaine d'août, comme la destruction des transformateurs et des installations de la Société Savoisienne de constructions électriques (SSCE), des coupures de routes, de voies ferrées et des câbles téléphoniques et télégraphiques France - Italie. La récupération de matériels et de vivres permet aux résistants de soutenir un combat plus intense. Le 10, Louis Fourcade, qui appartient au GF "Yvon" est abattu par les Allemands à Aix-les-Bains. Le 15, c'est le débarquement allié en Provence et quatre jours plus tard, le département de la Haute-Savoie est totalement libéré. Le même jour, d'importants responsables de la Résistance tiennent conseil dans une école de garçons de Rumilly. Le capitaine Jean Casalta, "Mollard", le lieutenant Roger Perriod, "Vanel" et René Martin, "Lepic" y assistent. Ensemble, ils élaborent la stratégie et la libération d'Aix-les-Bains qui est fixée au 21. Les Forces françaises de l'intérieur (FFI) de Haute-Savoie sous les ordres du commandant Jean se joignent aux éléments du 1er bataillon de l'AS de Savoie, commandé par les capitaines Jean Casalta et Georges Héritier, "Blanchard". Lors de la journée du 20, le dispositif se met en place. Le poste de commandement (PC) s'installe à l'hôtel du soleil couchant. Au nord, à Mémars, les groupes chautagnards "Michel" et Couverclaz plus les sédentaires de Brison Saint-Innocent, sous les ordres de Camille Lillaz, "Daniel" prennent position. A Saint-Simond, les FFI hauts-savoyards avec des éléments FTP tiennent le boulevard des Anglais. A Mouxy, des sédentaires FTP occupent la commune. A Marlioz, au sud, se trouve la section de l'AS de Robert Gachet et plus loin, au Viviers-du-Lac, les GF "Yvon" et "Lavorel" de Charles Lissner ont rassemblé leurs forces. Enfin à l'ouest, aux Quatres Chemins, une partie de la compagnie FTP 92.03 vient d'arriver de Billième. Cette dernière formation perd le lieutenant Jean Pianelli, arrêté au carrefour de la "Bognetta", torturé et assassiné par les Allemands. Ces derniers sont pris au piège. Des tracts les invitant à se rendre sont jetés dans la ville. Une tentative de sortie échoue au Viviers puis aux Quatre Chemins. La nuit du 20 au 21 se passe sans incident majeur. L'Etat-Major FFI, sans nouvelles du commandement allemand sur ses intentions, lui lance un premier appel à la négociation. Une attaque est toutefois préparée pour l'après-midi. Les Allemands semblent vouloir défendre la ville et ils installent des nids de mitrailleuses à plusieurs points stratégiques. Les rues se vident et les commerçants ferment leurs magasins. L'attaque des résistants se produit vers 15 heures. Deux heures plus tard et malgré une résistance farouche, l'opposition allemande fléchit. Des pourparlers s'engagent à l'Hôpital, en présence du maire, entre les chef FFI et le colonel Kiesel aidé d'un aumônier-prêtre. Il ne repousse pas l'éventualité d'une capitulation mais demande, préalablement, une trêve afin d'évacuer les "grands blessés". Ayant obtenu satisfaction après une longue discussion, il requiert par deux fois, à 21h30 et à 22h30, le prolongement de cette suspension d'armes. Peu avant cette dernière échéance, une patrouille de résistants signale le départ effectif d'un convoi formé dans le haut de la ville. Composé de voitures, de camions et d'ambulances marqués de la Croix-Rouge, il se dirige vers le Viviers-du-Lac par l'avenue de Marlioz. En réalité, 400 à 500 soldats allemands, bien valides, se trouvent dans les véhicules. Ils ne réussissent pas à forcer le premier barrage mais parviennent à bousculer, aux Quatres Chemins, les éléments de la Compagnie FTP 92.03, insuffisamment armés et nombreux, pour repousser un tel assaut. Le convoi se dirige alors vers Chambéry. Après ce départ, le colonel Kiesel proclame la reddition sans condition de la garnison du centre sanitaire. Il est 23h45. 177 soldats en convalescence ainsi que trois médecins et 18 infirmières sont capturés au Grand Hôtel d'Aix-les-Bains. Au total, c'est près de 1 350 Allemands qui sont faits prisonniers. En outre, une grande quantité d'armes et de munitions tombe entre les mains des résistants. Le Comité Local de Libération (CLL) autour de son président, Francis Michelon, prend possession de l'Hôtel de Ville. Malgré un certain engouement de la foule, la fête est de courte durée car une rumeur annonce un retour possible des occupants. Dans la nuit, les forces FFI se positionnent à différents carrefours. Mais, la menace ne voit pas le jour et le lendemain, le 22, les unités résistantes défilent dans les rues d'Aix-les-Bains libérée.


Aimé Pétraz et Eric Le Normand in DVD-ROM La Résistance en Savoie, AERI, 2012.