Petit catéchisme de la “Collaboration"

Légende :

Petit catéchisme de la “Collaboration”, l'un des nombreux écrits rédigés par Jean Bardanne et trouvés à son domicile, lors de la perquisition d'avril 1941


The Little Catechism of the Collaboration is one of the many writings found in April 1941 when the police raided Jean Bardanne's home

Type : Document

Source : © AD BdR 63 W 269, dossier Jean Bardanne. Droits réservés

Détails techniques :

Retranscription d'un document d'archive dactylographié d'une page.

Date document : 1940-1941

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Une perquisition effectuée au domicile de Jean Bardanne, le 15 avril 1941, permet à la police de saisir de nombreux écrits, des lettres du général Cochet, des Bulletins et d'autres, de même facture, intitulés Tour d'horizon. Jean Bardanne, traduit devant le tribunal de première instance de Marseille, se défend d’être l’auteur de ces libelles. Il est relaxé lors de l’audience du 12 février 1942. Le procureur de la République note, dans son réquisitoire, que tous ces tracts sont respectueux de la personne du Maréchal, mais constituent une "critique acerbe de la politique de collaboration avec l'Allemagne prônée par le gouvernement".

Le Petit catéchisme de la “Collaboration” figure parmi les feuilles saisies en avril 1941. Sur une page, ce texte dactylographié, organisé selon un système de question-réponse, présente un argumentaire très construit. Tout en faisant crédit au Maréchal d’attendre des jours plus propices, il est, de fait, très critique de la Collaboration qui n’est rien d’autre, selon lui, qu’un « joug allemand » imposé par Hitler, ses principes et son « rêve fou ». Le rejet du communisme ne peut, en aucun cas, justifier le choix du nazisme ou de la Collaboration. Le national-socialisme, « opposé dans son essence à notre civilisation » et aux méthodes « brutales et sanguinaires », est à rejeter totalement. Les Français doivent s’apprêter au combat et condamner les lâches qui acceptent cette situation et les traîtres qui s'y complaisent.

Ce texte est significatif d’une période. Comme les lettres du général Cochet, il est révélateur d’un certain maréchalisme, qui n’est pas une pure concession tactique. Son mode de diffusion bien peu clandestin - dans un établissement connu du Vieux-Port, Le Mont Ventoux - se fonde sur une sous-estimation de la répression et de l’engagement de Vichy aux côtés des occupants.

During a police search carried out in the home of Jean Bardenne, April 15th 1941 the police obtained several letters of General Cochet, bulletins and bills entitled Tour d’Horizon. Jean Bardanne was brought before a court in Marseilles to deny being the author of the documents. The prosecutor noted in his closing arguments that the leaflet was not disrespectful to Pétain but did constitute a sharp criticism towards the policy of collaboration between the Vichy Government and Germany.

Amongst the leaflets seized by police was the Little Catechism of the Collaboration. On one page in typed text was a question-answering system with well-constructed stances. Giving credit to Pétain in waiting for more favorable days, the text was quite critical of the Franco-German Collaboration calling it nothing but a “German Yoke” imposed by Hitler and his principles based on “crazy dreams”. The rejection of communism cannot in any way justify the choice of Nazism or Collaboration. National-Socialism is “In essence opposed to our civilization” and its “brutal and bloody methods are to be rejected completely. The French must be ready to fight and condemn the cowards who accept the situation and the traitors who indulge it.

This text is very symbolic of this time period. As the letters of General Cochet, it is indicative of a prominent “Maréchalist touch”, which is not a purely tactical concession.  His mode for broadcasting was hardly clandestine- as it was distributed in a well-known establishment in the Old-Port section of the city, Le Mont Ventoux, and relied on underestimated repression and on the underestimated Vichy Government’s commitment with the Germans.


Robert Mencherini

Traduction : Sarah Buckowski

Contexte historique

Georges Bauret, dit Jean "Bardanne", est né le 16 mai 1894 à Chimay (Belgique) d'un père français. Engagé pendant la Première Guerre mondiale, il est blessé devant Salonique et réformé temporaire. Pendant l'entre-deux-guerres, il collabore à divers journaux et écrit une trentaine de livres, romans ou essais de politique étrangère. Il se réfugie à Marseille en juin 1940. Plusieurs témoignages soulignent l'originalité, parfois les imprudences de Jean Bardanne. En 1940-1941, il assure à Marseille un relais à la chaîne développée par le général Cochet depuis Cannes. Il publie aussi, de son côté, des Bulletins de renseignements dactylographiés sur papier jaune, d'où leur désignation familière comme "Bulletins jaunes". Ils se veulent également donneurs d'information sur la situation militaire et internationale.

Jean Bardanne est en contact étroit avec l’industriel Emilien Lieutaud qui participe également à la diffusion de ces feuilles. Il en est de même pour André Gillois qu’il convainc de rester en France.

Quelques mois plus tard, Jean Bardanne est, de nouveau, poursuivi par la justice pour l’affaire Liberté. Traduit devant la section spéciale d’Aix, il est condamné par contumace, en mai 1943, à cinq ans de prison.

Georges Bauret also known as Jean “Bardanne” was born on May 16th 1894 in Chimay, Belgium to a French Father.  Active during World War I he was wounded at Salonica and was temporarily discharged. In the time between the World Wars he worked with several different newspapers and wrote over thirty books, novels and essays concerning foreign policy. From 1940-1941 he helped maintain a relay chain developed by General Cochet operating from Marseilles to Cannes. Also publishing on his behalf, informational bulletins printed in yellow paper, giving them the name “yellow bulletins” that always looked for information on current military situations and international affairs.

Jean Bardanne was also in close contact with industrialist Emilien Lieutaud, who was also involved with the distribution of these pamphlets, and also with André Gillois whom he convinced to stay in France.

A few months later authorities again pursued Jean Bardanne for his role in the Liberté newspaper affair. In May of 1943 his case was brought before a court in Aix-en-Provence he was sentenced in absentia to five years in prison.


Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944), Midi rouge, ombres et lumière, tome 3, Paris, Syllepse, 2011, p. 126 et p. 194.

Traduction : Sarah Buckowski