Fiche des services de renseignement espagnol mentionnant les activités communistes de Ramon Garrido

Légende :

Le 9 mars 1943, Ramon Garrido est signalé comme appartenant au Parti communiste espagnol en France. Cette note n'a pas eu de conséquence puisqu'à cette date, il se trouvait incarcéré à la Santé sous une fausse identité.

Genre : Image

Type : Fiche

Source : © Collection Fabien Garrido Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Lieu : Espagne

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Contexte historique

Le 8 février 1939, lors de la retraite de Catalogne, Ramon Garrido franchit la frontière pour être aussitôt désarmé et interné au camp d’Argelès sur Mer. En juin 1939, il est transféré à Barcarès où il devient responsable clandestin de quatre baraques de prisonniers. En octobre 1939, il est affecté à la 211e compagnie de travailleurs étrangers, avec laquelle il part à Saint-Médard-en-Jalles (Gironde) en janvier 1940. Outre sa compagnie, la responsabilité de Ramon Garrido s’étend à une dizaine d’autres CTE des environs. En juin 1940, la 211e CTE repart à Argelès. Ramon Garrido, toujours responsable clandestin de la compagnie, devient membre de la Commission d’information du camp. En janvier 1941, la 211e CTE est envoyée à Elne pour combattre les dégâts d’une inondation. Outre sa compagnie, la responsabilité de Ramon Garrido s’étend désormais à une dizaine d’autres CTE des environs. 

Le 30 juillet 1941, la Compagnie est livrée aux Allemands par les gendarmes français et se retrouve internée au camp de Saint-Pierre à Brest pour travailler dans la base de sous-marins (organisation Todt). Ramon Garrido devient rapidement le responsable clandestin du camp. Il organise aussi les premiers groupes armés espagnols de Brest et assure la diffusion de tracts dans la population ainsi que parmi les occupants (tracts en langue allemande).

En janvier 1942, il reçoit l’ordre de la direction du PCE de s’évader et de rejoindre Lorient avec pour mission de prendre la responsabilité du travail politique parmi les Espagnols de cette ville chargés des travaux dans la base de sous-marins. Ce qu’il fait, après avoir coupé les barbelés du camp, il rejoint Lorient à pied, sans argent ni papiers. Il reste responsable de Brest ; les deux villes appartenant au secteur 3 de l’organisation espagnole. 

A Lorient, Ramon Garrido organise les premiers groupes de combat et de sabotage. A la fin du mois de février 1942, plus d’une vingtaine de groupes d’action sont constitués. Ils ont pour responsables quelques jeunes Lorientais qui ont combattu pendant la guerre 1939-1940 et des étrangers ayant combattu pendant la guerre d’Espagne. A partir du 15 mars 1942, les actions contre l’occupant se multiplient à une cadence rapide. Le 17 juillet 1942, Ramon Garrido s’enfuit de Lorient pour se réfugier à Rennes en changeant son identité en Léon Carrero Mestre (en hommage à sa grand-mère maternelle Léonore CARRERO MESTRE). Il devient alors permanent et membre du Comité régional de Bretagne. Il est plus précisément responsable des résistants espagnols des départements du Finistère, des Côtes du Nord, du Morbihan, de la Sarthe et de la Loire Inférieure, avec le grade de capitaine FTPF.

Le 30 novembre 1942, à 10 heures, Ramon Garrido, accompagné de Rafaël Salazar dit Laborda, responsable régional venant d’Orléans, a rendez-vous avec Francisco Perramon Ducasi, ancien responsable du Sud-Ouest, l’un des principaux responsables de la Résistance espagnole de la Zone Occupée. Ce rendez-vous se tient dans un café à l’angle de la rue de la Gaité et du boulevard Edgar Quinet. Or, Francisco Perramon et Rafaël Salazar étaient suivis, depuis quelques temps déjà, par des inspecteurs de la 3e Section des Renseignements Généraux. Après le rendez-vous, Ramon Garrido, toujours accompagné de Rafaël Salazar, se dirigé à pied vers la place d’Italie. Ils sont arrêtés près d’une bouche de métro par les agents des RG craignant de ne pouvoir continuer à les suivre. Il semble que ce même jour, en cette même place d’Italie, un autre rendez-vous était prévu avec Louis de la Direction des FTP-MOI. La véritable identité de Ramon Garrido, ainsi que ses responsabilités en Bretagne, n’ont jamais été découvertes par la Police ; aucun de ses camarades n’ayant parlé. 

Cette rafle du 30 novembre fut, en 1942, la seconde de par son importance numérique après celle du mois de Juin. Ce jour là, 40 inspecteurs procédèrent à 28 arrestations et incarcérations. José Miret Must, ancien Secrétaire d’Etat de la Generalitat de Catalogne, et dirigeant de la Résistance en Zone Occupée figure parmi les détenus. La plupart des militants arrêtés étaient des cadres en charge de la propagande et de la lutte armée. 

Le 4 décembre 1942, Ramon Garrido est transféré au Dépôt (3, quai de l’Horloge). Le 15 décembre 1942, Ramon Garrido est incarcéré à la prison de la Santé (n° 2-83 et n° 13-50) où il devient responsable clandestin des Espagnols de la 13e Division. Du 2 au 11 décembre 1943, il est jugé par la Section Spéciale du Tribunal de Paris, avec 53 républicains espagnols dont beaucoup sont originaires de la région de Nantes-St Nazaire. Il est condamné à deux ans de prison et à 1.200 F d’amende pour « activités communistes ». 


Auteurs : Fabien Garrido et Fabrice Bourrée