Brassard du corps-franc Napoléon, Courbevoie

Légende :

Brassard porté durant les combats de la Libération par un membre du corps-franc Napoléon et sur lequel l'insigne de ce corps-franc a été ajouté très certainement a posteriori. 

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Gilles Chapin Droits réservés

Détails techniques :

Brassard en coton

Date document : Août 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Hauts-de-Seine - Courbevoie

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Analyse média

Ce brassard en coton avec deux bandes bleue et rouge cousues comporte deux barettes de grade de lieutenant et le numéro matricule de son détenteur (408). L'écusson en tissu représentant le bicorne de Napoléon et portant la mention Corps-franc Napoléon" a certainement été ajouté après la Libération. Ce chapeau est l’un des symboles qui caractérise la silhouette de Napoléon Ier. Sous l'insigne figure un cachet avec croix de Lorraine portant l'inscription "Comité courbevoisien de la Libération". Les deux cachets rouges portent la mention "Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés"., mouvement d'appartenance du corps-franc Napoléon.

L'appellation donnée à ce corps-franc pourrait avoir une double origine. En effet, "Napoléon" est le pseudonyme utilisé par Napoléon Trinel, créateur et unique commandant de ce corps-franc. Mais il existe également un lien historique entre cette appellation et le lieu d'action de ce corps-franc. C'est en effet à Courbevoie que le rapatriement de la dépouille mortelle de l’Empereur se déroule entre juillet et décembre 1840. Le long trajet maritime puis fluvial depuis l’île de Sainte-Hélène prend fin à Courbevoie, où débute la dernière étape vers les Invalides. 


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Né le 3 janvier 1912 à Labourse (Pas de Calais), Napoléon Trinel contracte un engagement volontaire le 11 janvier 1930. Affecté au 2e groupe d’ouvriers d’aéronautique, il est muté en septembre 1930 au 38e régiment d’aviation. Placé dans la réserve en 1931, il est rappelé à l’activité le 24 août 1939 et affecté au bataillon de l’Air n°122. Il prend part à diverses opérations : Verdun – Metz – Jura – Somme –Var. En mars 1940, il est transféré au groupe de chasse 3/6 avec le grade de sergent. Libéré en Algérie, il rentre d’Alger à Montpellier en mars 1940 et contribue de suite à la création d’une organisation de passage en Afrique du Nord. Napoléon Trinel est démobilisé le 27 juillet 1940.

Installé à Courbevoie, il constitue un groupe de résistant qui prend l’appellation en décembre 1942 de corps-franc Napoléon. Il en restera le commandant unique jusqu’à la Libération. Le 15 février 1943, Trinel est contacté par Roger Pelat dit « colonel Patrice », responsable militaire du MNPGD, par l’intermédiaire d’Emile Ebarhardt. Chef d’un corps-franc de plus de 250 hommes, Napoléon Trinel est nommé responsable du réseau Gascogne-Bretagne du MNPGD puis chef d’un groupe d’émissions radios jusqu’à la Libération. Le 21 août 1944, il est nommé commandant militaire de la place de Courbevoie. Il a alors sous ses ordres toutes les formations militaires de Courbevoie, y compris les pompiers et policiers.

Lors de l’insurrection parisienne, il prend part avec ses hommes à de nombreux combats : harcèlement de convois ennemis entre Paris et Chartres, attaque d’un blindé allemand à l’entrée du pont d’Asnières, défense du pont de Neuilly-sur-Seine (23 août), combats de Courbevoie (24 août) au cours desquels il est blessé trois fois par éclats de balles et d’obus notamment à la tête. Avec ses hommes, il participe ensuite au « nettoyage » des Champs-Elysées.

Capitaine FFI, il contracte un engagement pour la durée de la guerre le 4 octobre 1944 puis effectue un stage à l’école des cadres de Sceaux de décembre 1944 à janvier 1945. Il rejoint ensuite le bataillon 12/22 « Liberté » qui est dissous le 8 janvier 1945. La 2e compagnie, commandée par Napoléon Trinel, devient le 1er bataillon du 46e régiment d’infanterie. Le 46e RI passe sous le commandement du général commandant le détachement d’armée de l’Atlantique jusqu’au 30 avril 1945. Napoléon Trinel prend part aux opérations militaires de la poche de La Rochelle. En mai 1945, le 46e RI se regroupe dans la région de Strasbourg dans le cadre de la 10e DI. Trinel passe le Rhin avec le 46e RI le 3 juin 1945. Démobilisé le 23 août 1945, il reste dans la réserve de l’armée. Il est nommé commissaire de sûreté à Trèves puis administrateur - liquidateur d’usines déclarées disponibles au titre des réparations en Bade et Wurtemberg de 1946 à 1951. Le 20 décembre 1954, il obtient son certificat d’aptitude au pilotage d’avions d’ALOA (aviation légère d'observation d'artillerie). En janvier 1948, il est définitivement rayé des cadres avec le grade de capitaine honoraire. Titulaire de la croix de guerre 1939-1945, Napoléon Trinel avait reçu la croix de chevalier de la légion d’Honneur le 2 janvier 1945.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Service historique de la Défense, 16 P 578 260