Vassieux-en-Vercors - paysage karstique

Genre : Image

Type : Paysage

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © Collection Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en couleur.

Date document : 2006

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vassieux-en-Vercors

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Analyse média

Paysage karstique caractéristique : dépression argileuse d'une doline avec céréales vertes ; rebords secs avec tas d'épierrement ; lieux de combats en juillet 1944.


Auteur : Alain Coustaury

Contexte historique

Evénements signalés :

03/03/1943 : Découverte à Vassieux du futur terrain d'atterrissage destiné à jouer un rôle clé dans le plan "Montagnards". Vassieux adopté comme terrain d'atterrissage (Farge, Dalloz, Ravalec, Pupin dans le taxi de Marcel Gay).

23/03/1943 : Le C 6 du Vercors est créé au col de La Chau près de Vassieux. Auguste Raison en devient le premier chef, puis ce sera Michel Prunet.

01/07/1943 : Le lieutenant Jeannest détache quatre maquisards du C 6 au Piarou à Vassieux afin de former le C 8, avec d'autres jeunes gens originaires de Bordeaux.

14/09/1943 : Un groupe de soldats italiens en déroute qui sont porteurs de fusils, de grenades et de munitions, est repéré au col de La Chau. Il est attaqué dans la nuit. André Reynouard ("Globule") et Roger Mayniard ("Mickey"), grièvement blessés, meurent au cours de leur transfert à Romans vers 2 heures, après que Tony Chirouze les eut tirés du brasier dans lequel ils étaient restés. Les premiers soins sont donnés sur les tables du restaurant Allard où opère le docteur Guérin, où patientent le chef Célerier et le gendarme Billard qui ne préviendront les autorités à Valence qu'au petit matin. Six blessés sont évacués dans la nuit à l'aide d'un car Perriat. Dusserre ("Berlingot") et François sont déposés dans la famille de celui-ci à Saint-Jean-en-Royans, une heure avant que ne passent des voitures de la police et de la Milice en route pour enquêter à Vassieux. Le docteur Guillat garde chez lui Wéber ("Michel") et Picard, place Mestre ("Escargot") et Vignon ("Suspille") chez Denise Faucher, correspondante de la Croix-Rouge.

13/01/1944 : "Procureur", rentré de Lyon, prend contact avec Geyer ("Thivollet") à son PC d'Esparon à Saint-Martin-en-Vercors. Il inspecte le C 11 promet un parachutage et fait homologuer à Henri Faure un nouveau terrain près de Vassieux-en-Vercors baptisé "Gabin" (ou Taille-Crayon) selon les organisations qui reçoivent les parachutages.

10/03/1944 : Vers 23 h s'effectue le premier parachutage d'armes sur le terrain "Taille-Crayon" ( "Gabin") après le passage d'un message à la radio de Londres : "Nous irons à Marrakech et nous tournerons la clef trois fois". Le parachutage est réceptionné par Henri Faure et Ferroul de la SAP dans de mauvaises conditions sur plus d'un mètre de neige et sous un vent violent. Ce parachutage est effectué par 5 Halifax de la RAF basés en Angleterre. Ces avions sont guidés du sol ; une liaison défaillante ne permet pas de rectifier l'altitude trop élevée des bombardiers, provoquant une dispersion importante des 75 containers et 30 colis parachutés cette nuit-là.

16/04/1944 : La Milice investit Vassieux avec Raoul Dagostini. Le maquis ayant fait le vide, la Milice se rabat sur la population civile : trois maquisards sont tués, le chalet Bordat au col du Rousset est brûlé.

17/04/1944 : L'abbé Gagnol est autorisé à visiter les gens arrêtés la veille à Vassieux qui ont été enfermés dans deux cars. Dagostini, le chef de la Milice, accompagné de sa maîtresse Mme Champetier de Ribes, qui aurait dénoncé le lieutenant Doucin, procède aux interrogatoires des Vassivains dans la salle du café de l'hôtel Allard transformé en "Palais de Justice". Les otages des cars n'ont pas mangé depuis la veille. Les miliciens ont cassé le buste de Marianne à la mairie.

18/04/1944 : Une liste de dénonciation de dix Vassivains et deux habitants de La Chapelle est en possession de d'Agostin, qui la montre à l'abbé Gagnol. Deux dépôts d'armes de la Résistance, qui ont été signalés à la Milice la veille, sont trouvés, l'un chez Juillet et l'autre chez Jules Martin aux Granges. Gagnol réussit à faire libérer les Bordat et Giroud. Mais ce dernier se fait reprendre le soir à l'arrivée du courrier car il y a un paquet de lettres destinées au maquis qui lui est destiné. Le soir, un milicien est tué par un autre : ils se sont pris mutuellement pour des maquisards.

23/04/1944 : Après avoir torturé André Doucin, le chef milicien Dagostini constitue un tribunal qui condamne à mort Doucin, Paul Mialy, Camille Ezingeard. À 10 h 30, c'est la grand-messe. À peu près 200 miliciens sont présents, les autres sont en expédition à Omblèze. L'abbé Gagnol stigmatise l'attitude des miliciens : "Jusqu'à cette semaine nous ignorions ce qu'était le terrorisme". À 15 h 15, il est averti que trois hommes vont être fusillés : André Doucin, Camille Ezingeard, Paul Mially, qui ont été torturés. Il assiste à leur exécution à 16 h 15 ; les miliciens les inhument dans une fosse commune sans cercueil.

29/06/1944 : À 0 h 15, sur le terrain "Taille-Crayon" de Vassieux, parachutage de la mission Eucalyptus composée de deux agents du SOE, Desmond Longe et John Houseman, d'un agent de l'OSS, André Pequet alias "Paray", et d'un Français de la DGSS,  le sous-lieutenant Yves Croix.

07/07/1944 : Parachutage à Vassieux, terrain "Taille-Crayon", message "Astarax grossit toujours" - un avion - Chef d'opération et chef de terrain : Bob. Réception de six agents, Mission Paquebot : capitaine Tournissa/"Paquebot", chargé de préparer un terrain d'atterrissage à Vassieux pour avions Hudson, "Pauline" (Christine Granville) courrier de F. Cammaerts, et quatre sous-lieutenants dont Maurice Billon qui se casse une jambe à la réception.

10/07/1944 : Robert Bennes réceptionne à Vassieux la deuxième équipe de la mission Eucalyptus, composée des capitaines français Pellat et Conus.

13/07/1944 : Vers 19 h, des appareils allemands basés à Chabeuil bombardent Vassieux et La-Chapelle-en-Vercors, faisant cinq morts et une quinzaine de blessés parmi la population. Une heure plus tard, les aviateurs reviennent sur Vassieux. Heureusement, il n'y a pas de nouvelle victime. À La-Chapelle-en-Vercors, des résistants atteignent à la mitrailleuse un appareil qu'ils obligent à s'éloigner.

14/07/1944 : Dans la nuit, une dizaine d'appareils alliés effectuent un premier parachutage sur le terrain de Vassieux. Mais le parachutage le plus important sur le Vercors débute à 9 h 30 sur le même terrain. 72 B17 de la 8e US Army Air force venus de plusieurs aérodromes du sud de l'Angleterre, après s'être regroupés dans la région de Saint-Étienne, piquent droit sur le Vercors. Des Lightning, qui auraient décollé d'Italie, les escortent. 1 200 containers suspendus à des parachutes multicolores sont lâchés à raison de 15 à 20 par appareil. Il semblerait que les parachutes tricolores relèvent plus de la légende que de la réalité. Quelques minutes après, les chasseurs-bombardiers allemands ayant décollé de Valence-Chabeuil interviennent et gênent  beaucoup la récupération des containers.
L'erreur tactique d'un parachutage diurne est manifeste.
L'après-midi, ayant appris qu'une escadrille allemande incendiait La-Chapelle et Vassieux, de Saint-Prix décide de monter sur le plateau avec Jacquin et Pissère. Arrivés à Vassieux, à découvert à l'orée des bois, à la mairie de Vassieux, ils sont mitraillés pendant deux heures par les avions qui foncent en chandelle pour virer sur la forêt de Lente.

15/07/1944 : Les villages de La Chapelle et de Vassieux, bombardés et incendiés reçoivent, par Follet, intendant de la Résistance, 1 550 kg de pain, 1 000 kg de farine de févettes, 900 kg de petits pois, 300 kg de pâtes, 700 kg de pêches et 5 000 kg de farine.

18/07/1944 : À bord du Fieseler-Storch qui survole quotidiennement le Vercors, l'observateur allemand a suivi l'avancement des travaux de la piste d'atterrissage de Vassieux. Il a pris de nombreuses photos, qu'on a étudiées avec grand intérêt à l'état-major du général Pflaum. Ce sont ces documents qui ont décidé ce dernier à prendre les devants, en attaquant.

21/07/1944 : À 9 h du matin, 21 planeurs allemands remorqués par sept avions déposent 400 hommes dans les environs de Vassieux dont ils s'emparent immédiatement. Leur mouvement a été facilité par un vif bombardement effectué par les avions remorqueurs. Il est de fait qu'à Vassieux tout s'est passé comme si on n'avait pas prévu une attaque venant de l'air. Les maquisards n'ont pas eu le temps d'organiser une défense. Dans le village, 65 personnes seront tuées, dont près de la moitié sont des femmes et des enfants, 146 maisons seront détruites.
Il y a confusion dans cette information qui était communément admise. 21 remorqueurs tractent depuis l'aérodrome de Lyon-Bron 21 planeurs DFS 230. Ce planeur transporte au maximum dix soldats, pilote compris. 

22/07/1944 : L'attaque par des planeurs chargés de parachutistes a surpris tout le monde. Comme, de surcroît, les rares moyens de communication ont été rapidement inexistants, l'ambiance au PC de Huet s'est très vite alourdie. Responsable des cartes, Marc Ferro a manqué bientôt de renseignements pour les tenir à jour et dès le 22 après-midi, le chef militaire du Vercors ne savait plus très bien où se trouvait une grande partie de ses unités. Dans ces conditions, il devenait impossible de définir une stratégie et l'angoisse étreignait tout le monde.

23/07/1944 : une deuxième vague de planeurs DFS 230 se posent autour de Vassieux. Ils ont décollé de l'aérodrome de Valence-Chabeuil-La Trésorerie. Ils sont accompagnés de un ou deux planeurs lourds Gotha 242. 

23/07/1944 : Dans la nuit du 22 au 23, le 1er escadron du 11e Cuirassiers, celui du capitaine Bourgeois, après une attaque manquée de nuit contre les parachutistes allemands dans le secteur de La Mure, s'est replié dans la forêt de Lente puis aux Barraques. Les 2e et 4e escadrons, ceux du capitaine Chastenet, de Géry/"Roland" et du capitaine Bagnaud après avoir lancé sans succès, de nuit eux aussi, trois attaques sur Vassieux, se sont également repliés dans la forêt de Lente.

25/07/1944 : Dans la matinée du 25, la plupart des parachutistes allemands descendent vers Grenoble. Les commandos restés sur place sont rapidement relayés par les Gebirgsjäger qui découvrent sur le champ de bataille les cadavres des nombreux combattants des deux camps, mais aussi de civils tués dans des conditions souvent atroces. Les Allemands aménagent en toute hâte une bande de terrain permettant à deux avions de transport (des JU52) de se poser en début d'après-midi. Le corps des Allemands tués sont chargés dans le premier appareil, tandis que le second évacue sur Lyon les blessés et le reste des soldats débarqués les 21 et 23 juillet. Quant aux pertes allemandes pendant la bataille de Vassieux, elles sont plus difficiles à chiffrer ; on peut néanmoins les estimer à plus d'une centaine de morts, auxquels s'ajoutent 56 blessés décédés à l'hôpital de Grenoble des suites de leurs blessures.

31/07/1944 : Dès 8 h, 24 P 47 des groupes de chasse du "Dauphiné" et du "La Fayette" décollent d'Alto (Corse) pour une seconde mission sur la région du Vercors. Quelques véhicules isolés participant peut-être aux opérations d'encerclement sont mitraillés. Deux vallées perpendiculaires à celle de la Drôme, au nord de celle-ci sont ratissées également mais les résultats sont maigres car le site offre d'excellents lieux de camouflage. Sur le plateau du Vercors, les pilotes repèrent les ruines de plusieurs bâtiments attestant l'âpreté des combats. Ils aperçoivent les planeurs ennemis posés et abandonnés dans les champs.

03/08/1944 : Le lieutenant Santelli, qui a reçu l'ordre de se porter avec son unité en direction de Vassieux, découvre les planeurs allemands semi-détruits et de nombreux cadavres de Français suppliciés. D'après un berger rencontré en forêt de Lente, les habitants ont cru voir arriver les Alliés et se sont précipités sur le terrain pour aller à leur rencontre.

05/08/1944 : Sur l'ordre du commandant de Lassus de Saint-Geniès une patrouille de reconnaissance de la compagnie Planas est envoyée sur Vassieux pour y rechercher le corps de Jacques Descour. Comme l'avait fait la veille la patrouille Ladet, cette mission parcourt tout le plateau, allant jusqu'au hameau de la Mure, sans rencontrer aucun être vivant. Au retour, elle passe par le col du Rousset, où elle récupère quelques armes abandonnées par des patriotes fugitifs, puis regagne les Glovins. Dans son rapport au commandant de Lassus à l'état-major à l'Escoulin, le sous-Lieutenant Roux signale l'urgence d'envoyer des secours pour inhumer les nombreuses victimes se décomposant sous le soleil chaud de l'été depuis deux semaines.

10/08/1944 : Etat-Major Drôme, 8 h 30, à commandant Antoine : "Je vous mets au courant de ce que je sais. Sanglier me donne CR de la patrouille de Vassieux. 45 FFI dénombrés, leurs cadavres horriblement mutilés. Ses hommes récupèrent avec mulets de l'armement. Sanglier est entré en contact avec maire de Die. Il va essayer de trouver l'essence d'Alain car le commandant Legrand me dit qu'il en reste à Sallières. Je lui fais réquisitionner des voitures à essence. Servons-nous avant les autres. Perrin vit comme un rat dans son fromage du côté de Vachères. [...]".

04/08/1945 : La commune de Vassieux est décorée de l'Ordre de la Libération.


Auteur : Équipe Drôme
Source : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.