Carte des maquis dans le département de l'Yonne, vers le 15 août 1944

Légende :

Nous avons pu identifier une quarantaine de maquis, ayant une durée d’existence plus ou moins longue et une localisation fluctuante, car les maquis ont été pendant longtemps nécessairement mobiles. Ils ont rassemblé, à l’été 1944, vraisemblablement près de 3 000 hommes

Genre : Image

Type : Carte

Source : © Carte : Bernard Dalle-Rive Droits réservés

Détails techniques :

Carte en couleur légendée (2004).

Date document : 2004

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Vers le 15 août 1944, une vingtaine de maquis sont implantés dans l'Yonne. Leur diversité est grande : les uns sont de création récente, postérieure au Débarquement, d'autres existent depuis plus d'un an, voire plus pour le maquis FTP Vauban. Les uns rassemblent quelques dizaines d'hommes, d'autres plus d'une centaine, celui des Iles Ménéfrier, dans le Morvan, plus de 1 500.

Toutes les organisations ont créé des maquis : c'est le critère retenu pour cette carte, qui distingue les maquis du réseau Jean-Marie (dans l'Aillantais, le Jovinien et le Sénonais) ; ceux du Service national Maquis (en Puisaye, dans l’Auxerrois et dans la forêt d'Othe) ; ceux de l'ORA (dans l'Auxerrois) ; le gros maquis de Libération-Nord qui a rassemblé un mois plus tôt, aux Iles Ménéfrier, les maquisards et sédentaires de Libération-Nord de tout le département ; les maquis FTP, répartis sur tout l'espace départemental. On observe également la présence de l'état-major national du réseau Jean-Marie et de l'état-major départemental FFI, constitué depuis trois mois.

Les maquisards sont en contact avec les nombreux groupes de résistants sédentaires et bénéficient du soutien logistique des populations de villages, des hameaux et de fermes. Les accrochages avec l'occupant sont nombreux et les maquis de combat, les plus puissants, procèdent à des opérations de guérilla. Les groupes de maquisards et de sédentaires commettent de nombreux sabotages et réceptionnent des parachutages. Le département est alors devenu, pour les autorités d’occupation, un territoire où règnent danger et insécurité, de par la présence des « bandes de terroristes ».


Auteurs : Bernard Dalle-Rive et Joël Drogland

Sources :

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias, 2007.

Contexte historique

Des dizaines de plaques, de stèles et de monuments jalonnent aujourd’hui les chemins et les routes du département, rappelant l’engagement et parfois le sacrifice de ces hommes, jeunes pour la plupart, qui moururent dans les combats des maquis. Le maquisard est devenu et resté la figure emblématique de la Résistance, associé à l’action armée, au sabotage et au combat. Et pourtant, tous les résistants ne furent pas des maquisards. La dimension héroïque du maquisard dans les représentations collectives est une construction mémorielle. La réalité fut plus complexe.

Les maquis de l'Yonne ont, pour la plupart, une courte durée d'existence. Souvent attaqués, ils sont nécessairement mobiles, la retraite précipitée devient une seconde nature, et les pertes ne sont pas négligeables. Les maquis des mois de la Libération ne ressemblent guère à leurs prédécesseurs : Jacques Canaud, dans une thèse sur les maquis du Morvan, a proposé une typologie chronologique qui rend bien compte des réalités icaunaises.

Le « noyau mobilisateur » est presque toujours à l’origine d’un maquis : ce petit groupe a un faible effectif (en janvier 1944, le Maquis Garnier comprend cinq hommes). Souvent nomade car souvent traqué ou attaqué, le maquis vit dans des conditions très dures, surtout l’hiver. Ses moyens d’action sont très limités, notamment en armes.

Le « maquis-refuge » est la seconde étape : les réquisitions de main-d’œuvre gonflent les effectifs. Tous les réfractaires ne deviennent pas résistants, certains ne cherchent qu’à se cacher, mais beaucoup rejoignent le maquis ; hébergement, armement, encadrement et ravitaillement deviennent des questions cruciales.

Le « maquis de combat » est la troisième étape : le passage à cette étape est très inégal selon les organisations. Dans l’Yonne, on ne rencontre ce type de maquis qu’au cours de l’été 1944. La question des armes et de l’encadrement se pose de façon aigüe dans des organisations qui participent à des actions de guérilla. L’armement est tributaire des opérations de parachutages organisées avec Londres et les Alliés. Deux organisations sont particulièrement actives dans ce type d’action : le BOA (Bureau des Opérations Aériennes), qui entretient des liens suivis avec le Service national Maquis, et le réseau Jean-Marie Buckmaster. Les maquis qui bénéficient de ces parachutages deviennent des groupes fortement armés, capables de livrer de vrais combats, comme celui du « Bois-Blanc ».

Le « maquis libérateur » est la quatrième étape : mieux armés, mieux organisés, plus nombreux, les maquis passent à l’offensive. De véritables actions de guérilla sont mises sur pied, les libérations de villes et de villages se multiplient. Ces libérations se font souvent sans combats, les Allemands ayant abandonné leurs positions avant l’arrivée des maquisards et/ou des soldats alliés (c’est le cas à Auxerre). Les combats les plus sévères se produisent autour d’Avallon, à Tonnerre et à Bléneau. 

L’Yonne libérée, un nombre important de maquisards signe un engagement « pour la durée de la guerre » dans les forces de la Ire Armée française : ces anciens FFI combattent au cours de l’hiver dans les Vosges et participent à la libération de l’Alsace.
Le maquisard devient ainsi le combattant d’un idéal désintéressé, au service d’une cause qui dépasse largement les raisons de son engagement dans la Résistance.


Auteurs : Bernard Dalle-Rive et Joël Drogland

Sources :

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI-ARORY, 2004.

Jacques Canaud, Les maquis du Morvan - La vie dans les maquis 1943-1944, Académie du Morvan Château Chinon, 1970.

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias, 2007.