Place Anne-Corre, Daoulas (Finistère)

Légende :

Nom de place donné en hommage à la jeune résistante finistérienne Anne Corre (1925 - 1945), membre du Groupe Marceau rattaché à Libération-Nord, Daoulas (Finistère)

Genre : Image

Type : Nom de place

Source : © Association GERFAUT 29 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : Août 2017

Lieu : France - Bretagne - Finistère - Daoulas

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Contexte historique

Anne, dite Annick, Corre est née le 27 mai 1925 dans le Finistère.

Sa mère, Jeanne, est directrice de l'"école du diable" (skol an diaoul) de Daoulas, son père est garagiste.

Elle effectue une partie de sa scolarité à Paris, avant de la poursuivre à Morlaix à la rentrée d'octobre 1942, puis à Quimper, au lycée Brizeux l'année suivante. Elle acquiert de solides connaissances en allemand.

Ses premiers pas dans la Résistance s'inscrivent déjà pleinement dans la vie quotidienne. Le 11 novembre 1940, elle participe aux manifestations patriotiques et fleurit la tombe de pilotes britanniques abattus face à la prequ'île de Crozon. Elle recopie à la plume les Conseils à l'occupé et le diffuse...

Elle adhère au mouvement Libération-Nord, et distribue le journal éponyme. Elle se joint également à un groupe d'une quinzaine de jeunes gens, le Groupe Marceau, dirigé par André Pellen, dit Max, un ancien du Front national qui, plutôt que de rallier les FTP, choisit Libération-Nord. Le groupe est placé sous l'égide de Mathieu Donnart, dit Poussin, et de son adjoint quimpérois Roger Bourrières, dit Berthaud

Le Groupe Marceau  compte des agents de renseignement, un groupe de choc mené par les frères Conan et des agents de pénétration recrutés parmi les lycéennes de Brizeux. Il se constitue peu après en maquis, à la limite des villages de Kerfeunteun et de Plogonnec, au sortir de Quimper. Il est alimenté en vivres par le groupe des filles de Brizeux, dont Jacqueline Razer, Eline Burcket et Anne Corre.
Anne Corre et Jacqueline Razer rejoignent le maquis quelque temps après l'assassinat à Quimper de l'agent de la Gestapo Bernard Massotte, le 25 avril 1944. Parmi les maquisards se trouvent Jacques Maillet, dit le grand Jack, 18 ans, membre de la Jeunesse étudiante chrétienne, et Louis Burckel, dit Loulou, le frère d'Eliane. Ces deux-là étaient avec Conan pour abattre Massotte.

Anne est arrêtée par la Gestapo à Brest avec son amie Jacqueline Razer le 23 mai 1944, après dénonciation. Elles sont incarcérées à la prison de Kérinou, à Brest. Le 31 mai, Anne Corre est transférée à la prison de Quimper, et 15 jours plus tard, à la prison Jacques-Cartier de Rennes. A Rennes, elle partage, sans le savoir, la cellule de Marguerite et Madeleine Allard, respectivement la mère et l'épouse du chef de l'Armée secrète (AS) de Bretagne.

Elle est déportée vers l'Allemagne, avec notamment Simone Jézéquel, Jacqueline Razer, Marguerite et Madeleine Allard et Marguerite Duthuit, la fille du peintre Matisse, qui apparteanit au Service B des FTP, son réseau de renseignement. Le 15 août 1944, le convoi arrive à Belfort et les déportés sont enfermés au fort Hatry. Le 31 août, le convoi repart vers Ravensbrück, où il arrive le 4 septembre.

Immatriculée du numéro 62813, Anne reste un mois à Ravensbrück, avant d'être acheminée à Sachsenhausen, puis dans l'usine de Ludwigsfeld-Genshagen qui en dépend, à 20 km de Berlin. Cette usine, qui appartient à l'entreprise Daimler-Benz-Mercedes, fabrique ou reconditionne des moteurs d'avions de guerre.

Il existe plusieurs témoignages sur la disparition d'Anne Corre : elle serait décédée au cours d'une "marche de la mort", ou encore au revier du camp de Saschsenhausen ou à celui de Genshagen, fin avril 1945.

Le colonel Berthaud, son chef et aussi le chef départemental des FFI du FInistère, a rédigé après-guerre l'attestation suivante :

" Je soussigné lieutenant-colonel Berthaud, chef départemental des FFI, certifie que mademoiselle Anne Corre, domiciliée à Daoulas, et qui faisait en 1944 ses études au lycée de Quimper, appartenait, dans la Résistance, au groupe Marceau de Quimper.
Elle mena à bien toutes les missions qui lui furent confiées et en particulier celles qui consistaient à dépister les agents français de la Gestapo.
Arrêtée à Brest au cours d'une de ses missions, elle fut incarcérée à Rennes puis déportée en Allemagne.

Le lieutenant-colonel Berthaud,
chef départemental des FFI "


D'après Roger Faligot, La rose et l'edelweiss, Ces ados qui combattaient le nazisme, 1933 - 1945, Paris, La Découverte, 2009, pp. 297-319.