Emplacement du PC du maquis "Montcalm", Mussy-sur-Seine (Aube)

Légende :

Plaque rappelant l'emplacement du PC du maquis commandé par "Montcalm", pseudonyme d'Emile Alagiraude, dans les environs de Mussy-sur-Seine.

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Ville de Mussy-sur-Seine Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2018

Lieu : France - Grand Est (Champagne-Ardenne) - Aube - Mussy-sur-Seine

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Contexte historique

Avec l'accroissement continu des effectifs du maquis de Mussy-Grancey, le commandement de l'Armée secrète décide, le 10 juillet 1944, de structurer le groupement en organisant des unités de combat. L'unité de base comprend dix hommes : un chef, un caporal-adjoint, un tireur, un chargeur, deux pourvoyeurs, quatre voltigeurs. Deux hommes non armés devaient les accompagner. La section de combat se compose de trois groupes, soit 36 hommes, dirigés par un chef de section assisté d'un adjoint. La compagnie devait regrouper trois sections de combat. Enfin, le bataillon comprend trois compagnies, une section de commandement de quarante hommes et une section spéciale de dix hommes.
Le commandant Alagiraude précise que "Tous gradés et hommes seront considérés comme soldats de l'armée régulière", ce qui explique l'organisation du maquis selon un schéma traditionnel.

Le 16 juillet, trois compagnies sont formées. Le 26 juillet, le nombre est porté à cinq et un bataillon se forme sous la direction du commandant Bernet ("Marceau"). Tandis que le maquis s'était installé au sud de la route reliant Mussy à Grancey, une section de la compagnie Montenot prend position à la ferme de Réveillon où elle est rejointe par la 5e compagnie du capitaine Chériot. Cette ferme servait de centre d'accueil pour les nouvelles recrues qui, lorsque le nombre requis pour former une section était atteint, rejoignait le maquis des forêts de Vauxoué et du Val-du-Puits. À leur arrivée, les maquisards passaient une visite médicale assurée par le docteur Robert Collet, de Bar-sur-Seine, et par Jean-Louis Holveck, étudiant en médecine.
Le 19 juillet, était constituée et installée auprès du poste de commandement de "Montcalm" une compagnie hors rang, comprenant le poste de commandement, les transmissions, le génie, le parc auto et les cuisines. Après la constitution d'une section franche, sous la direction de Jean Alagiraude, fils du commandant, et de Lebrun, fut créée une compagnie franche avec à sa tête Hubert Danesini.
Dans le même temps, Émile Alagiraude tente d'étoffer l'encadrement des hommes en recrutant de nouveaux militaires d'active. Ses démarches auprès des GMR s'avèrent vaines et les membres des brigades de gendarmerie répondent peu à son appel.

Fin juillet 1944, le maquis de Mussy-Grancey était composé de deux parties disposées de part et d'autre de la route reliant Mussy à Grancey, le gros des troupes, soit environ 800 hommes, étant cantonné au sud, en Côte-d'Or, les 5e et 6e compagnies en formation demeurant au nord de cette route, dans les bois de Réveillon. Dans les forêts du Val-du-Puits et de Vauxoué étaient rassemblées quatre compagnies ainsi que différents services créés pour la gestion du maquis.
Le commandant Alagiraude commandait l'ensemble. L'état-major comprenait le commandant Bernet et le capitaine Nicolas, respectivement responsables des 1e et 2e bataillons.
Quatre bureaux furent institués, le premier avec le capitaine Espinasse, le second avec le capitaine Collet (père du médecin du maquis), le 3e dirigé par le commandant Poirier et le 4e par le capitaine Febvre. Des secrétaires, des dactylos et une garde personnelle (lieutenant Pierre Marnat) complétaient l'état-major.
Les compagnies avaient été disposées autour de ces installations, de façon à les protéger contre une éventuelle attaque ennemie. Le plan de défense adopté pour la protection du maquis était disposé à l'intérieur même du vaste massif forestier : au nord, la 1e compagnie placée entre le chemin menant entre Grancey et Villers-Patras ; au sud, la 3e compagnie ; à l'est, la 2e compagnie ; enfin, à l'ouest, la 4e compagnie.  Essentiellement tourné vers la défensive, le maquis comprenait près de 1 000 hommes, soit la plus importante concentration de résistants du département, lorsque les Allemands se décidèrent à mettre un terme à l'existence du groupement lors des combats des 2 et 3 août.

Le 1er août 1944, vers 22 heures, une équipe franche du maquis partie en mission dans le barsuraubois pour y récupérer du matériel signale la présence de convois de camions allemands se dirigeant vers le massif forestier occupé par l'Armée secrète.
Vers minuit, un agent de liaison apporte au commandant "Montcalm" le message : "Les amis attendus sont là. Préparez vous à les recevoir. Amitiés de Charlotte". L'état-major du maquis met alors en alerte toutes les unités qui reçoivent l'ordre de mettre en place le dispositif de défense prévu le lendemain matin à partir de 4 heures ; deux sections de chaque compagnie se placent en position de combat, alors que la troisième doit se tenir en réserve au PC de la compagnie. Les 1e et 3e compagnies, installées sur le chemin d'accès au maquis, sont armées d'un bazooka, en plus de l'armement commun à chaque compagnie. Après avoir donné ses consignes,le commandant "Montcalm" part en compagnie du commandant Poirier à la ferme de Réveillon, afin de donner l'ordre aux 5e et 6e compagnies de rejoindre le maquis principal. Ils gagnent ensuite les Riceys afin de prévenir une équipe chargée de réceptionner un parachutage de redoubler de précaution lors du retour de la mission.

Le 2 août 1944 au matin, plusieurs centaines d'Allemands et de Russes occupent les villages de la Seine et de l'Ource, se préparant à l'attaque du maquis. Vers 4 heures, les premiers coups de feu éclatent entre un groupe d'une section avancée de la 2e compagnie et les éléments ennemis. Vers 7 heures, est signalée au PC une infiltration allemande par le chemin de la Tête au moine. Dans le même temps, le flanc ouest de la 1ecompagnie essuie une attaque à partir de Mussy-sur-Seine. À 11 heures, le commandant "Montcalm" lance une contre-attaque à laquelle participent cinq sections, soit 200 hommes, qui permet de rétablir la situation. La 1e compagnie reprend alors sa position.
Si le maquis principal est touché au nord par l'attaque adverse, l'autre partie stationnée dans les bois de Reveillon se trouve également en contact avec les troupes de l'occupant. Au début de la matinée du 2 août, les Allemands s'emparent de la ferme de Réveillon, obligeant les résistants sous les ordres du commandant Nicolas à se replier en direction des 5e et 6e compagnies. Une colonne se forme alors qui arrive vers 23 heures au PC du maquis principal après une marche exténuante et plusieurs accrochages. Quant à la section franche de Jean Alagiraude, coupée du détachement principal, elle ne donne plus de nouvelles depuis plusieurs heures.
Le bilan de cette journée permet d'établir que les défenses du maquis ne sont pas entamées, mais cinq résistants ont trouvé la mort et neuf blessés graves bénéficient d'une évacuation dans l'après-midi par le village de Villers-Patras, dont l'accès demeure libre. En soirée, d'autres tentatives de la Wehrmacht se produisent pour pénétrer à l'intérieur du massif forestier, en vain. Seuls quelques coups de feu éclatent jusqu'aux environs de minuit, heure vers laquelle tout combat cesse.

Au matin du 3 août, la situation se détériore brutalement. De nouvelles tentatives de pénétration se produisent dans le nord du dispositif de l'Armée secrète, coupant le chemin d'accès principal au maquis. Des sections éprouvent les plus grandes difficultés à se dégager. Vers 8 heures, un garde forestier arrive au poste de commandement et signale la présence de renforts allemands venant de Châtillon-sur-Seine, Troyes et Tonnerre. Il avertit également "Montcalm" que l'ennemi allait employer des moyens considérables pour venir à bout de la résistance opposée par les maquisards. Conscient des dangers et du risque d'encerclement qui pouvait survenir, l'état-major se réunit et décide de l'évacuation par la route de Villers-Patras dont l'accès reste toujours libre. 

Le 3 août 1944, à 9 heures du matin, tous les véhicules disponibles sont chargés d'armes, de munitions, de ravitaillement et de matériel divers. Alagiraude donne l'ordre de décrocher par compagnie successive et fixe un itinéraire et un point de ralliement, situé à la maison forestière de Bois-l'Evêque. L'itinéraire de repli comprend la route Villers-Patras - Pothières afin d'arriver à la maison forestière. Tout ce qui ne peut être transporté est détruit sur place ou saboté. 

À 10 heures, le convoi motorisé se met en route par l'itinéraire resté libre. Le décrochage s'effectue dans l'ordre suivant : la 2e compagnie, les 5e et 6e compagnies, la compagnie hors rang, la 1e compagnie, les 3e et 4e compagnies. Les maquisards et l'état-major quittent la position vers midi. La Seine est traversée à gué à proximité de Pothières. Ayant atteint la ferme de Beaujour, les maquisards gagnent la forêt de Charme-Boulerain voisine, qu'ils traversent pour atteindre vers 23 heures la maison forestière, lieu du rendez-vous.
Les responsables du maquis déjà présents se concertent et décident de dissoudre momentanément le maquis. En effet, les réserves de nourriture avaient dû être abandonnées pour transporter prioritairement armes et munitions. Convoqués à la maison forestière, les commandants de compagnie se voient remettre l'ordre général n° 182, qui met un terme au groupement. Les armes sont rendues et chacun tente de regagner un abri jusqu'à ce que la situation permette le rassemblement des différents éléments désormais épars.


Sébastien Touffu in CD-ROM La Résistance dans l'Aube, AERI, 2010