Maquis : de la planque de réfractaires aux camps de maquisards




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ESPACE PEDAGOGIQUE

Objectif de cet espace : 
permettre aux enseignants d\'aborder plus aisément, avec leurs élèves, l\'exposition virtuelle sur la Résistance dans la Drôme en accompagnant leurs recherches et en proposant des outils d’analyse et de compréhension des contenus.

L'espace d'exposition s'articule autour d'une arborescence à quatre entrées :
- Zone libre et Occupation,
- Résistance,
- Libération et après-libération,
- Mémoire.

Chaque thème est introduit par un texte contextuel court. A partir de là, des documents de tous types (papier, carte, objet, son, film) sont présentés avec leur notice explicative.

La base média peut être aussi utilisée comme ressource pour les enseignants et leurs élèves dans le cadre de travaux collectifs ou individuels, en classe ou à la maison.

Pour l'exposition sur la Résistance dans la Drôme, sont proposés aux enseignants des parcours pédagogiques (collège et lycée), en lien avec les programmes scolaires, utilisant les ressources de l'exposition :

1/ Collège :

Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Fiche 1 : La France vaincue, occupée et libérée,
     . Fiche 2 : Le gouvernement de Vichy, la Révolution nationale et la Collaboration,
     . Fiche 3 : Vivre en France durant l'Occupation,
     . Fiche 4 : La Résistance.

2/ Lycée :

- Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Dossier 1 : L'Etat français (le régime de Vichy),
     . Dossier 2 : Les Juifs dans la Drôme (antisémitisme, persécution, arrestation, déportation, protection),
     . Dossier 3 : Les résistants,
     . Dossier 4 : La Résistance armée,
     . Dossier 5 : La Résistance non armée,
     . Dossier 6 : La vie quotidienne.

Si vous êtes intéressés par ces dossiers, contactez nous : [email protected]

Réalisation des dossiers pédagogiques : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

1. De la déclaration de guerre à l’Armistice, le 22 juin 1940 : Un mois après le début de leur attaque en mai 1940, les Allemands atteignent le nord de la Drôme. L’Armistice arrête les combats sur la rivière Isère. Le nord du département est occupé par les troupes allemandes.
2. De l’Armistice à l’occupation allemande, le 11 novembre 1942 : La Drôme est située en zone non occupée.
3. Du 11 novembre 1942 au 9 septembre 1943 : La Drôme est placée sous administration et occupation italiennes.
4. Du 9 septembre 1943 au 31 août 1944 : l’armée allemande occupe la Drôme ; c’est la période la plus intense pour la lutte contre l’ennemi et le gouvernement de Vichy.


Il s'agit d'une sélection de cartes nationales et locales sur la Résistance. La plupart de ces cartes ont été réalisées par Christophe Clavel et Alain Coustaury. Il s'agit d'une co-édition AERI-AERD tous (droits réservés)


CARTE INTERACTIVE DROME ET VERCORS DROMOIS ET ISEROIS
(Suivez ce lien pour afficher la carte et sélectionnez les points du paysage souhaités pour afficher les fiches correspondantes)


  France de 1940 à 1944
  Départements français sous l’Occupation
  Régions militaires de la Résistance en 1943
  La Drôme, géographie physique
  Esquisse de découpage régional de la Drôme
  Les communes de la Drôme
  Carte des transports en 1939
  Le confluent de la Drôme et du Rhône
  Densité de la population de la Drôme en 1939
  Densité de la population de la Drôme en 1999
  Evolution de la densité de population de la Drôme entre 1939-1999
  L’aérodrome de Montélimar-Ancône
  Aérodrome de Valence - Chabeuil - La Trésorerie
  Les caches des armes et du matériel militaire
  Les terrains de parachutages dans la Drôme
  Bombardements alliés et allemands dans la Drôme
  Immeubles détruits par les Allemands et la Milice
  Emplacement de camps de maquis de 1943 au 5 juin 1944
  Localisation des groupes francs qui ont effectué des sabotages en 1943
  Implantation et actions de la compagnie Pons
  FFI morts au combat ou fusillés
  Plan-de-Baix, Anse, 16 avril 1944
  Géopolitique de la Résistance drômoise en juin-juillet 1944
  Dispositif des zones Nord, Centre, Sud vers le 10 juin 1944
  Combovin, 22 juin 1944
  Vassieux-en-Vercors 21, 22, 23 juillet 1944
  Combat de Gigors 27 juillet 1944
  Le sabotage du pont de Livron
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 21 au 24 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 25 et 26 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 27 au 29 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 29 août à 12 heures le 30 août 1944
  Etrangers au département, non juifs, arrêtés dans la Drôme et déportés
  Déportation, arrestations dans la Drôme
  Déportation des Juifs dans la Drôme
  Lieu de naissance de Drômois déportés, arrêtés dans la Drôme et à l’extérieur du département
  Cartes des principaux lieux de mémoire dans la Drôme
  Perceptions de la Résistance drômoise

Publications locales :

Une bibliographie plus détaillée sera accessible dans l’espace « Salle de consultation » du Musée virtuel.

SAUGER Alain, La Drôme, les Drômois et leur département. 1790-1990. La Mirandole. 1995.
GIRAUDIER Vincent, MAURAN Hervé, SAUVAGEON Jean, SERRE Robert, Des Indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale. Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 1999.
FÉDÉRATION DES UNITÉS COMBATTANTES DE LA RÉSISTANCE ET DES FFI DE LA DRÔME, Pour l’amour de la France. Drôme-Vercors. 1940-1944. Peuple Libre, Valence, 1989.
DE LASSUS SAINT-GENIÈS (général), DE SAINT-PRIX, Combats pour le Vercors et la Liberté. Peuple Libre, Valence, 1982.
LA PICIRELLA Joseph. Témoignages sur le Vercors, 14e édition, Lyon, 1994
LADET René, Ils ont refusé de subir. La Résistance en Drôme. Auto-édition. Portes-lès-Valence, 1987.
DREYFUS Paul, Vercors, citadelle de Liberté, Arthaud, Grenoble, 1969.
MARTIN Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, Paris IV Sorbonne, 2002.
SERRE Robert, De la Drôme aux camps de la mort, Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 2006.
SUCHON Sandrine, Résistance et Liberté. Dieulefit 1940-1944. Éditions A Die. 1994.
VERGNON Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, L’Atelier, Paris, 2002.

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERD-AERI, 2007.

Ce travail n’aurait pu avoir lieu sans l’aide financière du Conseil général de la Drôme, du Conseil régional de Rhône-Alpes, du Groupe de Recherches, d’Études et de Publications sur l’Histoire de la Drôme (GRÉPHiD) et de l'AERD qui y a affecté une partie des recettes de la vente des dvd-roms, La Résistance dans la Drôme et le Vercors.

L’équipe de la Drôme tient à les remercier ainsi que :
- l’Office départemental des anciens combattants (ONAC),
- la Direction départementale de l’équipement de la Drôme (DDE),
- le Centre départemental de documentation pédagogique de la Drôme, (CDDP),
- le personnel et la direction des Archives départementales de la Drôme, de l’Isère, des Archives communales de Allan, de Crest, de Die, de Grâne, de Montélimar, de Romans-sur-Isère, de Triors, de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, de Saint-Uze,
- les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv), le National Archives and Records Administration (NARA), The National Archives (les archives nationales britanniques), Yad Vashem,
- le Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation de Romans, le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial de La Chau, le Musée de Die, le Musée Saint-Vallier, la Médiathèque de Montélimar, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le Mémorial Shoah, l’Association des Amis du Musée des blindés de Saumur, le Musée de la Division Texas (USA),
- l’Association Études drômoises, l’Association Mémoire d’Allex, l’Association Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, l’Association Mémoire de la Drôme, l’Association des Amis d’Emmanuel Mounier, l’Association Patrimoine, Mémoire, Histoire du Pays de Dieulefit, l’Amicale maquis Morvan, la Fédération des Unités Combattantes et des FFI de la Drôme, l’Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors.

Mais nos remerciements s’adressent surtout à toutes celles et tous ceux, notamment résistantes, résistants et leurs familles, qui ont accepté de livrer leurs témoignages, de nous confier leurs documents et leurs photographies. Ils sont très nombreux et leurs noms figurent dans cette exposition. Ils s’apercevront au fil de la lecture que leur contribution a été essentielle pour l’équipe qui a travaillé à cette réalisation. Grâce à eux, une documentation inédite a pu être exploitée, permettant la mise en valeur de personnes, d’organisations et de faits jusqu’alors méconnus. Grâce à eux nous avons pu avancer dans la connaissance de la Résistance dans la Drôme et plus largement dans celle d’une histoire de la Drôme sous l’Occupation.
L’étude de cette période et des valeurs portées par la Résistance, liberté, solidarité, justice et progrès social…, nous semble plus que jamais d’actualité.

 

CONCEPTION, RÉALISATION

Maîtres d’ouvrage :
Association pour l’Élaboration d’un Cédérom sur la Résistance dans la Drôme (AERD), en lien avec l'Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI) au niveau national. 

Maîtrise d’ouvrage : Carré multimédia. 

Gestion de projet AERI : Laurence Thibault (directrice) – Laure Bougon (chef de projet) assistée d’Aurélie Pol et de Fabrice Bourrée. 

Groupe de travail : Pierre Balliot, Alain Coustaury, Albert Fié, Jean Sauvageon, Robert Serre, Claude Seyve, Michel Seyve. Patrick Martin et Gilles Vergnon interviennent sur des notices spécifiques. 

Sont associés à ce travail tous ceux qui ont participé à la réalisation du Dvd-rom La Résistance dans la Drôme, et qui par la même, ont contribué à une meilleure connaissance de la Résistance dans le département. 

Groupe pédagogique : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

Cartographie : Christophe Clavel et Alain Coustaury.



Pour beaucoup, le « maquis », les « maquisards » sont deux termes qui signifient pour beaucoup la Résistance. Les maquis constituent aux yeux des gens la forme de Résistance la plus visible et la plus populaire.

La Drôme avait plusieurs atouts favorisant l’implantation de lieux de rassemblement :

- Tout d’abord sa géographie. Le nord du département est une région de collines souvent très boisées. À l’est, dans la partie centrale et méridionale, ce sont les Préalpes au relief tourmenté (Diois et Baronnies). Dans le massif du Vercors, à l’accès difficile, jugé à tort comme une forteresse imprenable, ont été implantés plusieurs maquis.

- Ensuite, une désertification des zones montagneuses a libéré nombre de fermes ou bergeries, offrant ainsi un toit à ceux qui cherchaient à se cacher.

- Enfin, la vallée du Rhône, si elle est moins propice à ces implantations, est un objectif stratégique de première importance.

- Il faut bien sûr y ajouter la volonté et la détermination d’hommes et de femmes souhaitant s’engager dans la lutte. Les maquis n’ont pas été les formes premières de la Résistance qui s’est organisée d’abord dans les villes. Leur nécessité est apparue après les réquisitions du STO même si la plupart des jeunes se cachèrent dans des fermes, chez des amis. Après le 6 juin 1944, les effectifs ont décuplé.


Les hommes des maquis devaient résoudre de nombreux problèmes : logement, nourriture, vêtements, chauffage, armement, encadrement, sécurité, soins aux blessés et malades, etc. Pour répondre à ces besoins, ils devaient monter des opérations pour se procurer des vivres, du tabac, des tickets d’alimentation, du carburant, etc. L’armement était obtenu soit par des coups de main, soit par les parachutages alliés.

Les maquis ont dû faire face au manque de formation des jeunes et l’organiser. Le sabotage des voies ferrées, des lignes électriques, les attentats contre les occupants et les collaborateurs, les coups de main dans les mairies, dans les chantiers de jeunesse, les gendarmeries étaient les actions le plus souvent perpétrées. Elles se sont amplifiées en août 1944, pour la libération.

Les maquis ont pu vivre aussi grâce à la solidarité des habitants qui, pour la très grande majorité, n’ont pas révélé leur existence, ont contribué à leur ravitaillement, les ont alertés en cas de danger. Les maquis ont dû souvent changer de lieu pour échapper aux attaques de la Milice, des GMR, des occupants italiens ou allemands.


                                       Maquis

For many, the "maquis" and the "maquisards" are two terms that mean a lot for the Resistance. The maquis constitute in the eyes of the people the most visible and popular form of the Resistance.

Drôme has several advantages favoring the establishment of places of assembly:

-First, its geography. The northern part of the district is often hilly and wooded. In the east, as in other parts of central and southern Europe, it has the Préalpes (Diois and Baronnies). In Vercors, which is difficult to access, and wrongly believed to be an impregnable fortress, are implanted several underground forces.

-Next, desertification of mountain areas releases a number of farms and sheep, which provide shelter for those who seek to hide.

-Finally, the Rhone valley, though less prone to these settlements, is still an important strategic objective.

-The will and determination of men and women wishing to join the fight must of course be added. The Maquis are not the first forms of resistance, which is first organized in cities. The need for the maquis arises after the submissions of the STO (Service du travail obligatoire), although most young people hide on farms and in the homes of friends. After June 6, 1944, numbers increase tenfold.

The men of the maquis have to solve many problems: housing, food, clothing, heating, weapons, leadership, safety, care for the wounded and sick, etc... To meet these needs they have to mount operations to obtain food, tobacco, food stamps, fuel, etc...Armament is obtained either through raids or by Allied troop air drops.

The maquis face a lack of youth training and organisation. The sabotage of railways, power lines, attacks against occupiers and collaborateurs, and raids in town halls and youth camps. Police stations are where these actions are most often perpetuated, and increase in number after August 1944, for libération.

The maquis also live in solidarity with people who, for the vast majority, do not reveal their existence, but contribute supplies and alert in the case of danger. The maquis is often forced to change their attack escape positions in order to avoid the militia, the GMR (Groupes mobiles de réserve), and Italian and German occupiers.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur : Jean Sauvageon
Source : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.


 

Naissance du maquis Pierre



  • Contexte historique
  • Analyse média

Les dernières minutes de l’enregistrement sont consacrées à un texte relatant les événements sanglants du 19 mars 1944, thème essentiel de la commémoration. La répression était directement liée à la présence, quelques jours auparavant, du maquis de la Bessonne (montagne voisine de Saint-Pons), l’un des groupes du maquis Pierre.

Voici ce texte explicatif :

"Ce jour-là, le 19 mars 1944 à 7 heures du matin, le docteur Jean Bourdongle est arrêté chez lui, place Carnot à Nyons. Emmené à la salle de mariage de l’Hôtel de ville, il est interrogé et odieusement brutalisé.
À 8 heures placé dans une voiture, il est transporté dans la direction d’Aubres, suivi peu après d’une colonne allemande de 200 à 250 hommes. À Aubres, la colonne se divise en 2 groupes, dont l’un, qui avait procédé à l’arrestation du docteur, prend la direction des Pilles puis de Condorcet. L’immeuble de Bertin Montlahuc est encerclé. Il tente de fuir, est arrêté avec son camarade Gustave Long. Avec ces 3 otages, l détachement se hâte vers Saint-Pons. Stanislas Gras est appréhendé à sa ferme, frappé pour lui faire avouer où se trouve son fils Marcel. Ce dernier et son domestique Pélagatti, alertés, parviennent à s’enfuir malgré les rafales de fusil-mitrailleur. C’est à ce moment que le jeune Raspail, qui garde ses chèvres, est abattu. Le camp du groupement des Chantiers de la Jeunesse 33, où avait séjourné un maquis quelques jours auparavant, est incendié. Les fermes attenantes sont fouillées et pillées. Des immeubles, dont l’école du quartier, sont détruits à la grenade. Arrivés à la ferme Gras, les nazis s’emparent du père Silan et de son fils Marcel. Contre le mur de l’école, ils fusillent les 3 premiers martyrs le Docteur Jean Bourdongle, Bertin Montlahuc, et Stanislas Gras. Revenant à la ferme Gras, face au mur de la ferme, les 3 autres otages sont fusillés : Gustave Long, Henri Silan et son fils Marcel Silan Un détachement cantonne au café Lafont jusqu’au lundi 20 mars au soir où des camions viennent prendre en charge le produit de leur rapine. Souvenons-nous.
"


Auteurs : Claude Seyve et Michel Seyve
Sources : Dvd-rom Saint-Pons 20 septembre 2008. Commémoration du 19 mars 1944. Avec la participation active du colonel Pierre Chalan Belval et ses souvenirs sur l’époque et ses maquis, réalisé par René Delay-Goyet. Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. Les Darus, mémoires du colonel Challan Belval (archives personnelles, manuscrit de 109 pages). 

 

Les huit minutes d’enregistrement proviennent du dvd-rom : Saint-Pons 20 septembre 2008. Commémoration du 19 mars 1944. Avec la participation active du colonel Pierre Challan-Belval et ses souvenirs sur l’époque et ses maquis, réalisé par René Delay-Goyet.

La rencontre annuelle des Darus (nom des membres des groupes du maquis Pierre) et de leurs amis, à Saint-Pons (Condorcet), compagnons du maquis Pierre, commandé par Pierre Challan Belval, comprend plusieurs étapes traditionnelles. L’année 2008 marque les 65 ans de la naissance de ce maquis, ce qui confère à cette réunion sa singularité, marquée en particulier par la réalisation de cette vidéo signée de René Delay-Goyet.

Après la messe célébrée par le père Pierre Lambert dans la chapelle de Saint-Pons, des gerbes de fleurs sont déposées devant la plaque apposée sur la façade de l’école en l’honneur de 7 martyrs du Nyonsais, fusillés à Saint-Pons (Condorcet) en 1944 ; la Marseillaise y est chantée par l’assistance.

Tandis que défilent des images assez caractéristiques des lieux et des participants au rassemblement du 20 septembre 2008, la première séquence retenue fait entendre le Chant du maquis de la Lance : Jeune Sève.  
En voici le texte :

Nous sommes la Jeune Sève
De l'Antique Liberté
Pour saboter la Relève,
Nous avons fui la cité.

Pour libérer la France,
Nous luttons et souffrons
Sur les sommets de la LANCE
Où se forment nos bataillons.

Soutenus par nos frères,
Travailleurs et Paysans
Nous préparons la LUMIÈRE
Et le grand soulèvement.

Avec le coq des campagnes
Nous chanterons le Réveil
Derrière notre Montagne
VA SE LEVER LE SOLEIL

Les époques sont prochaines
Qui nous verrons victorieux
Nous descendrons dans la Plaine
COMME UN TORRENT FURIEUX !

Quand sonnera la victoire
Nous marcherons en avant
NOUS PLANTERONS DANS L'HISTOIRE
LE DRAPEAU DES PARTISANS.

Sur l'air de Hardi Camarades, chant populaire de révolte.
Paroles de Max, jeune maquisard de la Lance disparu dans la tourmente.

La deuxième séquence produit l’essentiel de l’intervention de l’ancien chef de maquis, Pierre Challan Belval, au cours du repas à la salle des fêtes de Condorcet qui clôt les manifestations du matin. La transcription ci-dessous en accompagne le contenu sonore :

« Je veux d’abord vous remercier d’être aussi nombreux. Chaque année, à Saint-Pons, c’est une merveille. Nous voyons quelques visages nouveaux ; mais, beaucoup d’anciens qui sont restés fidèles. Et, pour nous, pour moi, pour mes enfants qui sont là, c’est une grande joie de voir l’amitié qui se poursuit, et dans le public. Et puis on a Charlot [Charles Charpenel de Grignan, ancien combattant du maquis Pierre, décédé en 2009], qui est là pour nous égayer. Et ce que je voulais vous dire : pour moi, c’est un jour assez important. Il y a 65 ans, avec Marcel [Gras] je gravissais les sentiers de la Bessonne. Et, quelques jours après, le maquis Pierre avait pris naissance. Il avait été précédé… Quelques jours avant, j’avais été en contact avec un garçon qui s’appelait Saurel, qui était à Saint-Ferréol.

Là, je vous raconterai une petite aventure. Nous avions décidé de créer un maquis au Barnier
[Saint-Ferréol-Trente-Pas]. Donc, deux maquis, qui se sont formés. À l’origine de ces rencontres avec Marcel et avec Saurel, c’est le docteur Bourdongle.

C’est le docteur Bourdongle qui est à l’origine du maquis Pierre ; parce que c’est lui que j’ai rencontré dans les premiers jours, quand le général Descour m’a demandé de venir dans la région de Nyons-Valréas. Il m’a fait connaître un certain nombre de personnalités : la personnalité la plus marquante, c’était le docteur Bourdongle qui était le chef de la Résistance dans la région. Et j’arrivais, moi, je me répète, d’un pays plutôt… J’étais plutôt – je l’ai souvent dit d’ailleurs – un nordique, un homme du pays de l’Est et me trouvais dans le midi. Pour moi, c’était quelque chose de tout à fait nouveau. Et, il est bien certain… bien que le commandant Descour m’ait amené et m’ait fait connaître le docteur Bourdongle, monsieur Girard, et d’autres personnalités, j’étais quand même un peu hésitant – me demandant ce que je venais faire dans ce pays où j’étais entièrement inconnu. Et où je me trouvais à la tête de responsabilités importantes. J’ai donc hésité.

Et puis, à la réflexion, je me suis rappelé qu’il y avait des personnalités influentes de la région – le docteur Bourdongle, monsieur Girard ; il y avait Téna…

Je me suis dit : « voilà des gens sérieux ! Qui m’accordent leur confiance (ils me font confiance) parce que je suis officier. J’ai pas le droit de ne pas accepter. Donc je suis venu.

Mais, je vous l’ai dit, j’étais tout à fait ignorant de ce pays. Et celui qui m’a piloté, c’est le docteur Bourdongle. Très vite une amitié s’est forgée. J’ai été accueilli dans son foyer. Il y avait son fils Jacky, qui avait l’âge de mon fils. C’était un lien de plus. Le docteur m’a invité à passer une soirée à … ; il me disait toujours : « prenez le téléphone ; téléphonez pour avoir des nouvelles de votre fils ! » Donc des liens beaucoup plus importants que des liens de la Résistance se sont établis entre le docteur et moi. Le docteur Bourdongle avait une grande qualité pour moi, c’est qu’il connaissait le pays puisqu’il le sillonnait en permanence, comme docteur. Et c’est lui qui m’a un jour cherché la solution ( ?...). Il y avait le maquis de la Lance qui devenait historique. Il y avait des arrivées tous les jours. On arrivait à des effectifs de 60 - 70. Ça devenait incommandable. Il fallait absolument partager ces effectifs. Le Dr Bourdongle m’avait dit : « Allez donc voir Saurel ».

Donc, là se place un incident assez original. J’arrive chez Saurel à Saint-Ferréol ; vers 5 heures du soir, la bouche enfarinée.

J’arrive en leur disant : « Je viens vous voir. Vous pouvez peut-être m’orienter sur un maquis. Et là, il y avait Saurel et Marcel qui me disent :

« De quoi ? de quoi ? Qu’est-ce que vous venez faire ici ? On n’a pas confiance ! On va se renseigner… Pour l’instant, allez dans la grange ! »

Je vais entrer dans une grange, avec un bon tas de paille. Je commence à passer une soirée en me disant : « ça va bien s’arranger. » Mais enfin, c’était un peu bizarre comme accueil.

Et puis, là dedans, à minuit, je vois arriver Marcel qui me dit : « Oh ! On est désolés de vous avoir traité comme ça. Venez ! On vous offre une omelette aux truffes. Réveillé, j’ai mangé une omelette aux truffes. » Et, dans la foulée, on a décidé d’installer un maquis au Barnier. Et puis, Marcel avait dit : « Demain, je vous emmène au-dessus de Saint-Pons. Il y a la Bessonne qui pourrait convenir. Et voilà comment est né le maquis de la Bessonne.
Et à partir de là, Alain Pichon, dont je parlais tout de suite, on a… se sont réunis 4 ou 5 garçons. Et puis, sont venus se joindre, petit à petit, tout un petit effectif. Le maquis de la Bessonne a pris naissance.

Il s’est produit un incident dont je parlais tout de suite ... Je vais vous donner la vérité parce que je ne l’ai jamais donnée !!! C’est que, entre temps, ayant installé un petit groupe à la Bessonne, j’étais reparti au maquis de la Lance. Et là, faisant confiance au gardien pour passer une soirée paisible dans un coin. Quand…, je me suis trouvé réveillé à trois heures du matin par des GMR qui avaient encerclé le camp…

Alors, j’ai bien essayé de dire que j’étais un touriste. Mais ça n’a pas pris. Cette opération était menée par le chef de la police de Marseille.

Ils ont dit : « on vous emmène à Marseille. » Je suis parti à Marseille.

Là j’ai été emprisonné dans la prison de l’Évêché. La prison de l’Évêché, c’était là où on mettait les gens qui étaient en attente. J’ai passé deux jours pittoresques en compagnie de quelques repris de justice… Ils m’ont beaucoup impressionné. Ils discutaient de leur défense avec beaucoup de précision. Je me disais : « ils sont vraiment confiants… ».

Et heureusement, j’avais été arrêté par un officier qui m’avait connu à Saumur, quand j’étais sous-lieutenant et qui se demandait un peu ce que je faisais là où j’étais. Alors, il m’avait questionné à l’époque. Et je lui avais expliqué qu’il y avait des garçons qui montaient à la montagne et qu’il fallait que j’y sois. Du coup, mon évasion, ça a été plutôt un simulacre, pour être franc. Parce que mon camarade m’a dit : « on va venir vous chercher. Celui qui viendra vous chercher partira à gauche et vous vous pourrez partir à droite. » En partant à droite, il m’avait dit : « il y a un bon restaurant. On se retrouve. On déjeune ensemble. »

Et après ça, comme je voulais quand même prendre le train, il m’a dit : « je vous retiens une place. » Et, quand je suis arrivé, j’avais une pancarte : « Retenu Préfet de Police. »

Maintenant, je peux bien me confesser. Mais, à l’époque, si j’avais raconté ça, ça m’aurait enlevé une partie de mon prestige. J’avais quand même besoin de m’affirmer un peu dans le coin. Donc j’allais pas hésiter à rester silencieux. J’ai simplement dit que j’avais profité des circonstances : je m’étais évadé ! Voilà ! Maintenant, vous savez tout. »

L’allocution de Pierre Challan Belval est une vue fragmentaire de l’histoire du maquis Pierre, contenue par ailleurs dans plusieurs fiches du dévédérom la Résistance dans la Drôme – le Vercors citées en référence et dans les mémoires du colonel. Par ailleurs, son récit est adapté au public du 20 septembre et à la commémoration du massacre du 19 mars 1944. Cela explique notamment la mise en valeur du rôle du docteur Bourdongle dans la constitution du maquis Pierre au printemps de cette année-là, ainsi que l’impasse sur les pérégrinations des groupes durant les années 1943-1944.

 


Auteurs : Claude Seyve et Michel Seyve

Titre : Naissance du maquis Pierre

Légende :

Film réalisé au cours d’une rencontre commémorative à Saint-Pons (hameau de la commune de Condorcet), le 20 septembre 2008. Il s'agit ici du témoignage du colonel Challan-Belval. 

Genre : Film     Type : Témoignage vidéo

Source : © Archives privées René Delay-Goyet

Détails techniques :

Extrait (support dvd-rom), format 16.9. Durée totale : 1h14 environ, durée extrait : 8mn environ.


Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme