Attentats contre les collaborateurs et leurs locaux




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  • Introduction

ESPACE PEDAGOGIQUE

Objectif de cet espace : 
permettre aux enseignants d\'aborder plus aisément, avec leurs élèves, l\'exposition virtuelle sur la Résistance dans la Drôme en accompagnant leurs recherches et en proposant des outils d’analyse et de compréhension des contenus.

L'espace d'exposition s'articule autour d'une arborescence à quatre entrées :
- Zone libre et Occupation,
- Résistance,
- Libération et après-libération,
- Mémoire.

Chaque thème est introduit par un texte contextuel court. A partir de là, des documents de tous types (papier, carte, objet, son, film) sont présentés avec leur notice explicative.

La base média peut être aussi utilisée comme ressource pour les enseignants et leurs élèves dans le cadre de travaux collectifs ou individuels, en classe ou à la maison.

Pour l'exposition sur la Résistance dans la Drôme, sont proposés aux enseignants des parcours pédagogiques (collège et lycée), en lien avec les programmes scolaires, utilisant les ressources de l'exposition :

1/ Collège :

Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Fiche 1 : La France vaincue, occupée et libérée,
     . Fiche 2 : Le gouvernement de Vichy, la Révolution nationale et la Collaboration,
     . Fiche 3 : Vivre en France durant l'Occupation,
     . Fiche 4 : La Résistance.

2/ Lycée :

- Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Dossier 1 : L'Etat français (le régime de Vichy),
     . Dossier 2 : Les Juifs dans la Drôme (antisémitisme, persécution, arrestation, déportation, protection),
     . Dossier 3 : Les résistants,
     . Dossier 4 : La Résistance armée,
     . Dossier 5 : La Résistance non armée,
     . Dossier 6 : La vie quotidienne.

Si vous êtes intéressés par ces dossiers, contactez nous : [email protected]

Réalisation des dossiers pédagogiques : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

1. De la déclaration de guerre à l’Armistice, le 22 juin 1940 : Un mois après le début de leur attaque en mai 1940, les Allemands atteignent le nord de la Drôme. L’Armistice arrête les combats sur la rivière Isère. Le nord du département est occupé par les troupes allemandes.
2. De l’Armistice à l’occupation allemande, le 11 novembre 1942 : La Drôme est située en zone non occupée.
3. Du 11 novembre 1942 au 9 septembre 1943 : La Drôme est placée sous administration et occupation italiennes.
4. Du 9 septembre 1943 au 31 août 1944 : l’armée allemande occupe la Drôme ; c’est la période la plus intense pour la lutte contre l’ennemi et le gouvernement de Vichy.


Il s'agit d'une sélection de cartes nationales et locales sur la Résistance. La plupart de ces cartes ont été réalisées par Christophe Clavel et Alain Coustaury. Il s'agit d'une co-édition AERI-AERD tous (droits réservés)


CARTE INTERACTIVE DROME ET VERCORS DROMOIS ET ISEROIS
(Suivez ce lien pour afficher la carte et sélectionnez les points du paysage souhaités pour afficher les fiches correspondantes)


  France de 1940 à 1944
  Départements français sous l’Occupation
  Régions militaires de la Résistance en 1943
  La Drôme, géographie physique
  Esquisse de découpage régional de la Drôme
  Les communes de la Drôme
  Carte des transports en 1939
  Le confluent de la Drôme et du Rhône
  Densité de la population de la Drôme en 1939
  Densité de la population de la Drôme en 1999
  Evolution de la densité de population de la Drôme entre 1939-1999
  L’aérodrome de Montélimar-Ancône
  Aérodrome de Valence - Chabeuil - La Trésorerie
  Les caches des armes et du matériel militaire
  Les terrains de parachutages dans la Drôme
  Bombardements alliés et allemands dans la Drôme
  Immeubles détruits par les Allemands et la Milice
  Emplacement de camps de maquis de 1943 au 5 juin 1944
  Localisation des groupes francs qui ont effectué des sabotages en 1943
  Implantation et actions de la compagnie Pons
  FFI morts au combat ou fusillés
  Plan-de-Baix, Anse, 16 avril 1944
  Géopolitique de la Résistance drômoise en juin-juillet 1944
  Dispositif des zones Nord, Centre, Sud vers le 10 juin 1944
  Combovin, 22 juin 1944
  Vassieux-en-Vercors 21, 22, 23 juillet 1944
  Combat de Gigors 27 juillet 1944
  Le sabotage du pont de Livron
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 21 au 24 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 25 et 26 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 27 au 29 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 29 août à 12 heures le 30 août 1944
  Etrangers au département, non juifs, arrêtés dans la Drôme et déportés
  Déportation, arrestations dans la Drôme
  Déportation des Juifs dans la Drôme
  Lieu de naissance de Drômois déportés, arrêtés dans la Drôme et à l’extérieur du département
  Cartes des principaux lieux de mémoire dans la Drôme
  Perceptions de la Résistance drômoise

Publications locales :

Une bibliographie plus détaillée sera accessible dans l’espace « Salle de consultation » du Musée virtuel.

SAUGER Alain, La Drôme, les Drômois et leur département. 1790-1990. La Mirandole. 1995.
GIRAUDIER Vincent, MAURAN Hervé, SAUVAGEON Jean, SERRE Robert, Des Indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale. Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 1999.
FÉDÉRATION DES UNITÉS COMBATTANTES DE LA RÉSISTANCE ET DES FFI DE LA DRÔME, Pour l’amour de la France. Drôme-Vercors. 1940-1944. Peuple Libre, Valence, 1989.
DE LASSUS SAINT-GENIÈS (général), DE SAINT-PRIX, Combats pour le Vercors et la Liberté. Peuple Libre, Valence, 1982.
LA PICIRELLA Joseph. Témoignages sur le Vercors, 14e édition, Lyon, 1994
LADET René, Ils ont refusé de subir. La Résistance en Drôme. Auto-édition. Portes-lès-Valence, 1987.
DREYFUS Paul, Vercors, citadelle de Liberté, Arthaud, Grenoble, 1969.
MARTIN Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, Paris IV Sorbonne, 2002.
SERRE Robert, De la Drôme aux camps de la mort, Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 2006.
SUCHON Sandrine, Résistance et Liberté. Dieulefit 1940-1944. Éditions A Die. 1994.
VERGNON Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, L’Atelier, Paris, 2002.

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERD-AERI, 2007.

Ce travail n’aurait pu avoir lieu sans l’aide financière du Conseil général de la Drôme, du Conseil régional de Rhône-Alpes, du Groupe de Recherches, d’Études et de Publications sur l’Histoire de la Drôme (GRÉPHiD) et de l'AERD qui y a affecté une partie des recettes de la vente des dvd-roms, La Résistance dans la Drôme et le Vercors.

L’équipe de la Drôme tient à les remercier ainsi que :
- l’Office départemental des anciens combattants (ONAC),
- la Direction départementale de l’équipement de la Drôme (DDE),
- le Centre départemental de documentation pédagogique de la Drôme, (CDDP),
- le personnel et la direction des Archives départementales de la Drôme, de l’Isère, des Archives communales de Allan, de Crest, de Die, de Grâne, de Montélimar, de Romans-sur-Isère, de Triors, de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, de Saint-Uze,
- les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv), le National Archives and Records Administration (NARA), The National Archives (les archives nationales britanniques), Yad Vashem,
- le Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation de Romans, le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial de La Chau, le Musée de Die, le Musée Saint-Vallier, la Médiathèque de Montélimar, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le Mémorial Shoah, l’Association des Amis du Musée des blindés de Saumur, le Musée de la Division Texas (USA),
- l’Association Études drômoises, l’Association Mémoire d’Allex, l’Association Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, l’Association Mémoire de la Drôme, l’Association des Amis d’Emmanuel Mounier, l’Association Patrimoine, Mémoire, Histoire du Pays de Dieulefit, l’Amicale maquis Morvan, la Fédération des Unités Combattantes et des FFI de la Drôme, l’Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors.

Mais nos remerciements s’adressent surtout à toutes celles et tous ceux, notamment résistantes, résistants et leurs familles, qui ont accepté de livrer leurs témoignages, de nous confier leurs documents et leurs photographies. Ils sont très nombreux et leurs noms figurent dans cette exposition. Ils s’apercevront au fil de la lecture que leur contribution a été essentielle pour l’équipe qui a travaillé à cette réalisation. Grâce à eux, une documentation inédite a pu être exploitée, permettant la mise en valeur de personnes, d’organisations et de faits jusqu’alors méconnus. Grâce à eux nous avons pu avancer dans la connaissance de la Résistance dans la Drôme et plus largement dans celle d’une histoire de la Drôme sous l’Occupation.
L’étude de cette période et des valeurs portées par la Résistance, liberté, solidarité, justice et progrès social…, nous semble plus que jamais d’actualité.

 

CONCEPTION, RÉALISATION

Maîtres d’ouvrage :
Association pour l’Élaboration d’un Cédérom sur la Résistance dans la Drôme (AERD), en lien avec l'Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI) au niveau national. 

Maîtrise d’ouvrage : Carré multimédia. 

Gestion de projet AERI : Laurence Thibault (directrice) – Laure Bougon (chef de projet) assistée d’Aurélie Pol et de Fabrice Bourrée. 

Groupe de travail : Pierre Balliot, Alain Coustaury, Albert Fié, Jean Sauvageon, Robert Serre, Claude Seyve, Michel Seyve. Patrick Martin et Gilles Vergnon interviennent sur des notices spécifiques. 

Sont associés à ce travail tous ceux qui ont participé à la réalisation du Dvd-rom La Résistance dans la Drôme, et qui par la même, ont contribué à une meilleure connaissance de la Résistance dans le département. 

Groupe pédagogique : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

Cartographie : Christophe Clavel et Alain Coustaury.



Dans la situation de la Seconde Guerre mondiale, la France, sur la façade atlantique de l’Europe, est un enjeu. Le rapport des forces qui s’y affrontent compte : rien n’y est négligeable.

Dans ce contexte, la Milice et les collaborateurs apportent une aide substantielle à l’occupant nazi et à ses supplétifs du gouvernement Pétain. Au-delà de la France allemande proprement dite (P. Ory - alliés par idéologie ou par intérêt), le vainqueur entraîne à ses côtés la partie de la société sensible à ses succès notamment jusqu’au début 1943.

Le soutien de ce camp collaborationniste est intéressant pour le IIIe Reich : il lui permet de s’implanter en profondeur dans le pays, ou du moins de connaître plus intimement la réalité du terrain nouvellement conquis, dans les villes, bourgs et villages drômois par exemple. Parmi les différentes formes de l’aide apportée, il faut noter des informations sur l’économie, sur l’état d’esprit des populations, sur les freins que rencontre la politique consensuelle d’occupation. Miliciens et collaborateurs s’efforcent de faire accepter cette domination en suscitant la peur. À partir de 1943, ils cherchent avec persévérance les résistants, ils repèrent les maquis et tentent de les infiltrer, participent à leur attaque. Leur acharnement s’accroît à partir de Stalingrad, après le renversement du rapport de forces en faveur des Alliés. Ils se chargent des dénonciations, des intimidations diverses et des arrestations, quand ce n’est pas des interrogatoires, des emprisonnements, des tortures et des exécutions.

Les maquis du Nyonsais et des Baronnies, les groupes-francs de Portes-lès-Valence et de la vallée du Rhône, les réseaux de sédentaires locaux de Valence ou Romans comme du plus petit village, sont très souvent victimes de l’activité des collaborateurs. Nombre de résistants n’auraient pas pensé à devoir affronter des Français, apprendre à se taire et à se méfier. Ils considèrent dès lors les collaborateurs comme leurs pires ennemis. Ils les surveillent constamment, mènent une lutte rigoureuse contre cette fraction de leurs compatriotes assimilés à des traîtres.

Certains groupes résistants montent contre eux des manifestations d’intimidation, organisent des attentats à l’explosif contre les demeures personnelles des miliciens ou les sièges de la Milice comme à Valence. Plus précisément, tel(le) ou tel(le) milicien(ne) est éliminé(e) par la Résistance. Parfois, dans des localités, comme à Nyons, c’est l’ensemble du réseau collaborateur qui est détruit. C’est une lutte d’ampleur, souterraine, non dépourvue d’échecs, mais d’une réelle efficacité. L’exécution de Philippe Henriot, le 28 juin 1944, en symbolise la force dans le pays entier.



                                            Attacks Against Collaborators and their Premises


In the situation of WWII, France, on the Atlantic coast of Europe, is an issue. The balance of power it comes up against counts: nothing is negligible.

In this context, the militia and collaborators provide substantial assistance to the Nazi occupiers and their surrogates in the Petain government. Beyond German-France itself (P. Ory- allies by ideology or interest), the winner leads its sides to the part of society that is sensitive to its success, notably until early 1943.

The support of the collaborationist camp is helpful for the Third Reich: it can penetrate deep into the country, or at least intimately know the reality of the newly conquered land in cities, towns and villages in Drôme, for example. Among the various forms of assistance, one should note information on the economy, the mindset of the people, the restraints that meet the consensus politic of the occupation. Militiamen and staff strive to force acceptance of this domination by creating fear. Starting in 1943, they persistently seek the resistance, they identify the maquis and try to infiltrate them, take part in their attack. Their relentlessness increases starting in Stalingrad, after the overthrow of the balance of power in favor of the Allies. They take responsibility for accusations, intimidation, and various arrests—if not interrogation, imprisonment, and torture.

The maquis of Nyonsais and Baronnies, franc groups from Portes-lès-Valence and from Rhone Valley, networks of local sedentaries from Valencia or Romans as the smallest village, are often victims of the activities of collaborators. Numerous resistants would not have thought of having to deal with the French, learning to be silent and wary. Therefore they consider the employees as their worst enemies. They monitor them constantly, leading a rigorous fight against that fraction of their countrymen considered to be traitors.

Some resistance groups mount intimidation manifestations against them; organize bombings of the homes of militiamen or the Militia seats, such as those in Valencia. More precisely, this militia is eliminated by the Resistance. Sometimes, in places like Nyons, it is the whole network of collaborators that is destroyed. It is a struggle to scale underground, and although not without failures, it is effective. The execution of Philippe Henriot on June 28th, 1944, symbolizes the strength in the entire country.


Traduction : Megan Berman

Auteur : Claude Seyve et Michel Seyve
Source : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.


 

Message d’avertissement à un milicien



  • Contexte historique
  • Analyse média

La Milice et les collaborateurs apportent une aide réelle au gouvernement de Vichy et à l’occupant. Le soutien de poids de cette « France allemande » s’opère sous différentes formes : des informations sur l’économie, l’état de l’opinion, les résistances à la politique de Révolution nationale et de mise en coupe du pays par l’envahisseur. Collaborateurs et miliciens peuvent se charger également des dénonciations, des intimidations diverses et des arrestations, des interrogatoires avec ou sans tortures, des emprisonnements. La Résistance se doit donc de mener une lutte sans merci contre cette fraction de compatriotes qu’elle considère comme des traîtres.

Ce sont parfois seulement des manifestations d’intimidation, comme à Dieulefit, où des jeunes gens et jeunes filles parcourent la localité en chantant et conspuent le maire et la Milice avant d’être dispersés par la gendarmerie. Quelquefois, les arguments sont un peu plus frappants : dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1943, le jeune B., de Mirabel-aux-Baronnies, est tabassé par trois hommes qui lui reprochent d’appartenir à la Milice et de surveiller et dénoncer les réfractaires au STO (Service du travail obligatoire). Les assaillants l’invitent à cesser ses agissements. À Bourg-de-Péage, le 11 mars 1944, des rafales de mitraillettes sont tirées sur la porte de V., notaire, chef local de la Milice.

La Résistance utilise également des moyens plus puissants et surtout plus spectaculaires, dans cette lutte singulière : les attentats à l’explosif contre les sièges de la Milice ou les demeures de miliciens. Ils sont fréquents. Le 19 août 1943 à 22 h 30, c’est le troisième attentat par explosif qui vise l’immeuble siège de la Légion des combattants et de la Milice française, place Aristide Briand, à Valence, sans toutefois endommager les locaux eux-mêmes.

Le 1er octobre 1943, à Saint-Vallier-sur-Rhône à 22 h, une bombe est enlevée avant explosion chez le milicien R. Les auteurs, deux jeunes de Saint-Vallier, seront arrêtés par la gendarmerie le 27.  Toujours à Saint-Vallier, une nuit du printemps 1944, un explosif éclate contre l'appartement de l'ancienne usine à gaz, brisant les vitres du dortoir du Cours complémentaire limitrophe. Le 19, à Valence à 23 h 30, une explosion au magasin R. – légionnaire et milicien, n’entraîne que des dégâts matériels. Le 27, à Saint-Vallier, à 3 h 30, la vitrine du magasin C. est brisée ; C. est légionnaire ; son fils est milicien.

Le 4 novembre 1943, à 21 h, à Valence, un attentat saccage le garage M. qui effectue des travaux pour les troupes d’occupation, et dont le fils est milicien. Le 10, à Saint-Vallier, un engin explosif allumé est découvert à 23 h 20 devant l’habitation de S. B., coiffeur, membre de la Milice. Par contre, l’engin déposé chez C., membre de la Milice, explose bien, un peu plus tôt, à 22 h 15 ; C. est blessé au visage. En novembre 1943, l’équipe Roger (AS - Armée secrète - Centre) effectue 5 attentats réussis, à la bombe, contre des demeures de miliciens.

Le 21 mars 1944, à Bourg-de-Péage, des engins incendiaires sont déposés chez V., chef de la Milice locale. Le 1er mai 1944 à Crest, plusieurs attentats : l’un ne produit que des dégâts matériels chez G., cafetier, travaillant pour la Gestapo. D’autres se produisent chez un bijoutier ami des SOL (Service d'ordre légionnaire) et des miliciens et dans un immeuble, avenue de la Gare, où habitent deux miliciens et un franc-garde. Le 2 mai, 3 individus lancent une grenade dans l’étude de G., avoué à Die, milicien.

Mais, le plus souvent, les miliciens sont éliminés. En février 1943, un milicien de Montélimar est fait prisonnier et exécuté par le maquis de Saint-Christophe-et-le-Laris. Le 22 août 1943, le colonel en retraite D., chef de la Milice, président communal de la Légion des combattants, ancien président cantonal de la Légion française des combattants (LFC) à Buis-les-Baronnies, est mortellement blessé à 11 h 20, dans sa propriété, à la ferme du château de Rieuchaud. On lui reprochait d’être collaborateur, d’avoir hébergé des Allemands… Les collaborateurs notoires du Buis se dispersent rapidement, il ne reste que quelques comparses qui seront abattus quelques temps après, à plus ou moins juste titre.

Le 17 septembre 1943, le milicien B., huissier à Valréas, est abattu, tôt dans la matinée, alors qu’il allait acheter son journal. C’est, dit-on, le septième mort de la Milice depuis le 24 avril.

L’attentat le plus marquant est celui qui frappe, le dimanche 26 septembre 1943 à Grenoble, Marius Blanc, chef de service à la Milice de Drôme-Ardèche. Capitaine en retraite, originaire de Montjoux (Drôme), 55 ans, marié et père de quatre enfants, il était venu à Grenoble pour la réunion de cadres miliciens de la région sud-est. Il est gravement blessé au cœur par deux membres de la MOI (Main-d'oeuvre immigrée), armés d’un revolver et de grenades, rue Crépu à Grenoble. Il meurt peu après à l’hôpital de La Tronche. Il avait assisté l’après-midi à une réunion publique à laquelle participait Philippe Henriot, au cinéma Éden.

Le 23 octobre 1943 à Châtillon en Diois, P., considéré comme participant au recrutement de la Milice, est abattu à coups de revolvers par deux individus. À Portes-lès-Valence, au quartier des Bosses, le 17 novembre 1943, Henri G., contremaître au dépôt des machines et chef de la Milice, est abattu à 19 h 15 de deux balles dans la tête, lors de son retour au domicile. Courant décembre, c’est le chef de trentaine de la Milice de Portes-lès-Valence, qui est tué avant de conclure son enquête sur la vague d’attentats qui avaient eu lieu au début du mois. Cette élimination permettra à dix Portois d’échapper à leur arrestation.

Le 30 novembre, lors des funérailles du gendarme Guy à Nyons, Henri Guironnet, 22 ans, d’Annonay, volontaire FTP (Franc-Tireur et partisan) du maquis de la Lance, exécute Philippe B., retraité, chef adjoint de la Milice de Nyons. Mais il se trompe dans son itinéraire de repli ; il est tué par un policier.

Les miliciens C. et B. sont exécutés à Die, le 4 janvier 1944. S., chef comptable à Saint-Rambert-d’Albon et milicien, est agressé le 2 février. B., agriculteur, syndic communal à Allex, ancien membre de la Milice et président de la Légion française des combattants, est abattu le 8 février.

Le 15 février, Paul B., boucher dont les 2 fils sont miliciens, est tué à Saint-Nazaire-en-Royans ; sa femme aurait subi le même sort. À Die, une milicienne ayant participé à la capture de six maquisards, qui seront déportés, est tuée le 27 février.

Marie M., commerçante de Bourg-lès-Valence, est abattue le 3 mars dans son magasin, rue du Pont-du-Gât à Valence, de deux coups de feu. Dangereuse milicienne, elle avait dénoncé le fils Barraquant, fusillé ensuite par la Milice et dont la famille a été déportée. Son mari et sa fille faisaient partie de la Milice. Le 7 mars à 15 h 30, E., milicien, est grièvement blessé par mitraillette à Buis-les-Baronnies. Le 18, à Valence, le chef milicien D. est assailli faubourg Saint-Jacques par un nommé Ranc Marcel Gaston, garçon boucher, qu’on arrête deux mois plus tard. Le 20 mars au soir, à Romans, des tirs visent M., chef de trentaine à la Milice, et son père. Le 23 mars 1944 à 22 h, quatre résistants armés de mitraillettes, pénètrent dans l’hôpital militaire complémentaire du Valentin, à Bourg-lès-Valence, pour y achever 4 miliciens blessés ; mais la riposte imprévue d’un franc garde les contraint à la fuite ; un seul milicien est blessé. Le 20 avril, deux miliciens sont tués dans le Vercors.

Le 26 avril, le milicien M. est abattu dans les rues de Curnier. Le 5 mai à Buis-les-Baronnies, vers 11 h, Borel, Pagon et deux autres FTP abattent D., chez lui ; ce cultivateur est signalé comme appartenant à la Milice. Le même jour, ils tentent d’éliminer P., banquier, appartenant à la Légion des combattants.

Dans la nuit du 8 au 9 mai 1944, une rafle monstre est organisée à Nyons. Il s’agit de supprimer tous les miliciens de la ville, y compris le chef local, et trois agents de la Gestapo. 120 hommes de la compagnie Pagon y participent. Borel et deux hommes neutralisent la Poste et coupent les fils téléphoniques et télégraphiques. Le chef de la Milice se défend à coup de revolver, mais succombe. Cinq miliciens, C., hôtelier, chef de secteur, le docteur G., le comptable P. et sa femme, et Mme veuve B., retraitée, tous signalés comme appartenant à la Légion ou à la Milice, sont abattus.

On enregistre peu d’échec dans ce type d’action : notons quand même la tentative manquée sur le franc garde milicien B. de Lyon, le 8 juin, à Bourg-de-Péage, l’agression contre le milicien V., qui n’est que blessé, le 15 juillet 1944, à Valence. On ne peut ignorer non plus les tragiques maladresses, comme celle de ce membre de la compagnie Planas qui, le 12 juin 1944, dérobe le colt 45 d’un adjudant et abat un milicien à Beaumont : son manque de sang-froid lui fait aussi abattre la femme et la fille de cet individu.


Auteurs : Robert Serre et Michel Seyve
Sources : Dvd-rom sur La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.

Message sommaire informant le destinataire du colis qu’une menace explicite pèse sur lui : le côté lapidaire du croquis se conjugue à l’annonce écrite de la proximité de l’exécution, recherchant manifestement à renforcer le caractère effrayant de l’ensemble. Dissuasion, ou exécution annoncée, l’une comme l’autre contribuent à peser sur le moral de l’adversaire.

Ce tract a été collé sur un colis destiné à un milicien de Saint-Vallier-sur-Rhône, le 7 décembre 1943.

La Résistance lutte contre les miliciens, les collaborateurs de différentes manières. Il peut s’agir de mesures d’intimidation, davantage, d’attentats à l’explosif contre des sièges ou des demeures personnelles. Mais les actions les plus nombreuses visent à éliminer les hommes et les femmes notoirement connus pour leur soutien concret à l’envahisseur, en les abattant ; il s’agit parfois d’anéantir l’ensemble d’un réseau local. L’on peut mesurer l’impact de cette bataille de la Résistance à l’ampleur de certaines réactions officielles ; ainsi le 20 avril, Alboloys et Menielle, deux miliciens, sont tués dans le Vercors ; ils auront des obsèques somptueuses, le 24, à Valence, où l’on remarque d’importantes personnalités politiques et religieuses de Drôme et d’Ardèche. Le gouvernement de Vichy exige des instituteurs qu’ils participent, avec leur classe, à la cérémonie.


Auteurs : Robert Serre et Michel Seyve

Titre : Message d’avertissement à un milicien

Légende :

Au fur et à mesure que la guerre avance, les soutiens au régime de Vichy sont menacés de représailles.

Genre : Image     Type : Dessin

Source : © ADD, 4 W 15 - Droits réservés

Détails techniques :

Papillon avec dessin et message, sur du papier fruste, d’un bis léger et de forme approximativement carrée.


Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Saint-Vallier-sur-Rhône