Partis et syndicats aux côtés de la Résistance




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  • Introduction

ESPACE PEDAGOGIQUE

Objectif de cet espace : 
permettre aux enseignants d\'aborder plus aisément, avec leurs élèves, l\'exposition virtuelle sur la Résistance dans la Drôme en accompagnant leurs recherches et en proposant des outils d’analyse et de compréhension des contenus.

L'espace d'exposition s'articule autour d'une arborescence à quatre entrées :
- Zone libre et Occupation,
- Résistance,
- Libération et après-libération,
- Mémoire.

Chaque thème est introduit par un texte contextuel court. A partir de là, des documents de tous types (papier, carte, objet, son, film) sont présentés avec leur notice explicative.

La base média peut être aussi utilisée comme ressource pour les enseignants et leurs élèves dans le cadre de travaux collectifs ou individuels, en classe ou à la maison.

Pour l'exposition sur la Résistance dans la Drôme, sont proposés aux enseignants des parcours pédagogiques (collège et lycée), en lien avec les programmes scolaires, utilisant les ressources de l'exposition :

1/ Collège :

Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Fiche 1 : La France vaincue, occupée et libérée,
     . Fiche 2 : Le gouvernement de Vichy, la Révolution nationale et la Collaboration,
     . Fiche 3 : Vivre en France durant l'Occupation,
     . Fiche 4 : La Résistance.

2/ Lycée :

- Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Dossier 1 : L'Etat français (le régime de Vichy),
     . Dossier 2 : Les Juifs dans la Drôme (antisémitisme, persécution, arrestation, déportation, protection),
     . Dossier 3 : Les résistants,
     . Dossier 4 : La Résistance armée,
     . Dossier 5 : La Résistance non armée,
     . Dossier 6 : La vie quotidienne.

Si vous êtes intéressés par ces dossiers, contactez nous : [email protected]

Réalisation des dossiers pédagogiques : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

1. De la déclaration de guerre à l’Armistice, le 22 juin 1940 : Un mois après le début de leur attaque en mai 1940, les Allemands atteignent le nord de la Drôme. L’Armistice arrête les combats sur la rivière Isère. Le nord du département est occupé par les troupes allemandes.
2. De l’Armistice à l’occupation allemande, le 11 novembre 1942 : La Drôme est située en zone non occupée.
3. Du 11 novembre 1942 au 9 septembre 1943 : La Drôme est placée sous administration et occupation italiennes.
4. Du 9 septembre 1943 au 31 août 1944 : l’armée allemande occupe la Drôme ; c’est la période la plus intense pour la lutte contre l’ennemi et le gouvernement de Vichy.


Il s'agit d'une sélection de cartes nationales et locales sur la Résistance. La plupart de ces cartes ont été réalisées par Christophe Clavel et Alain Coustaury. Il s'agit d'une co-édition AERI-AERD tous (droits réservés)


CARTE INTERACTIVE DROME ET VERCORS DROMOIS ET ISEROIS
(Suivez ce lien pour afficher la carte et sélectionnez les points du paysage souhaités pour afficher les fiches correspondantes)


  France de 1940 à 1944
  Départements français sous l’Occupation
  Régions militaires de la Résistance en 1943
  La Drôme, géographie physique
  Esquisse de découpage régional de la Drôme
  Les communes de la Drôme
  Carte des transports en 1939
  Le confluent de la Drôme et du Rhône
  Densité de la population de la Drôme en 1939
  Densité de la population de la Drôme en 1999
  Evolution de la densité de population de la Drôme entre 1939-1999
  L’aérodrome de Montélimar-Ancône
  Aérodrome de Valence - Chabeuil - La Trésorerie
  Les caches des armes et du matériel militaire
  Les terrains de parachutages dans la Drôme
  Bombardements alliés et allemands dans la Drôme
  Immeubles détruits par les Allemands et la Milice
  Emplacement de camps de maquis de 1943 au 5 juin 1944
  Localisation des groupes francs qui ont effectué des sabotages en 1943
  Implantation et actions de la compagnie Pons
  FFI morts au combat ou fusillés
  Plan-de-Baix, Anse, 16 avril 1944
  Géopolitique de la Résistance drômoise en juin-juillet 1944
  Dispositif des zones Nord, Centre, Sud vers le 10 juin 1944
  Combovin, 22 juin 1944
  Vassieux-en-Vercors 21, 22, 23 juillet 1944
  Combat de Gigors 27 juillet 1944
  Le sabotage du pont de Livron
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 21 au 24 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 25 et 26 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 27 au 29 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 29 août à 12 heures le 30 août 1944
  Etrangers au département, non juifs, arrêtés dans la Drôme et déportés
  Déportation, arrestations dans la Drôme
  Déportation des Juifs dans la Drôme
  Lieu de naissance de Drômois déportés, arrêtés dans la Drôme et à l’extérieur du département
  Cartes des principaux lieux de mémoire dans la Drôme
  Perceptions de la Résistance drômoise

Publications locales :

Une bibliographie plus détaillée sera accessible dans l’espace « Salle de consultation » du Musée virtuel.

SAUGER Alain, La Drôme, les Drômois et leur département. 1790-1990. La Mirandole. 1995.
GIRAUDIER Vincent, MAURAN Hervé, SAUVAGEON Jean, SERRE Robert, Des Indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale. Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 1999.
FÉDÉRATION DES UNITÉS COMBATTANTES DE LA RÉSISTANCE ET DES FFI DE LA DRÔME, Pour l’amour de la France. Drôme-Vercors. 1940-1944. Peuple Libre, Valence, 1989.
DE LASSUS SAINT-GENIÈS (général), DE SAINT-PRIX, Combats pour le Vercors et la Liberté. Peuple Libre, Valence, 1982.
LA PICIRELLA Joseph. Témoignages sur le Vercors, 14e édition, Lyon, 1994
LADET René, Ils ont refusé de subir. La Résistance en Drôme. Auto-édition. Portes-lès-Valence, 1987.
DREYFUS Paul, Vercors, citadelle de Liberté, Arthaud, Grenoble, 1969.
MARTIN Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, Paris IV Sorbonne, 2002.
SERRE Robert, De la Drôme aux camps de la mort, Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 2006.
SUCHON Sandrine, Résistance et Liberté. Dieulefit 1940-1944. Éditions A Die. 1994.
VERGNON Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, L’Atelier, Paris, 2002.

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERD-AERI, 2007.

Ce travail n’aurait pu avoir lieu sans l’aide financière du Conseil général de la Drôme, du Conseil régional de Rhône-Alpes, du Groupe de Recherches, d’Études et de Publications sur l’Histoire de la Drôme (GRÉPHiD) et de l'AERD qui y a affecté une partie des recettes de la vente des dvd-roms, La Résistance dans la Drôme et le Vercors.

L’équipe de la Drôme tient à les remercier ainsi que :
- l’Office départemental des anciens combattants (ONAC),
- la Direction départementale de l’équipement de la Drôme (DDE),
- le Centre départemental de documentation pédagogique de la Drôme, (CDDP),
- le personnel et la direction des Archives départementales de la Drôme, de l’Isère, des Archives communales de Allan, de Crest, de Die, de Grâne, de Montélimar, de Romans-sur-Isère, de Triors, de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, de Saint-Uze,
- les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv), le National Archives and Records Administration (NARA), The National Archives (les archives nationales britanniques), Yad Vashem,
- le Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation de Romans, le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial de La Chau, le Musée de Die, le Musée Saint-Vallier, la Médiathèque de Montélimar, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le Mémorial Shoah, l’Association des Amis du Musée des blindés de Saumur, le Musée de la Division Texas (USA),
- l’Association Études drômoises, l’Association Mémoire d’Allex, l’Association Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, l’Association Mémoire de la Drôme, l’Association des Amis d’Emmanuel Mounier, l’Association Patrimoine, Mémoire, Histoire du Pays de Dieulefit, l’Amicale maquis Morvan, la Fédération des Unités Combattantes et des FFI de la Drôme, l’Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors.

Mais nos remerciements s’adressent surtout à toutes celles et tous ceux, notamment résistantes, résistants et leurs familles, qui ont accepté de livrer leurs témoignages, de nous confier leurs documents et leurs photographies. Ils sont très nombreux et leurs noms figurent dans cette exposition. Ils s’apercevront au fil de la lecture que leur contribution a été essentielle pour l’équipe qui a travaillé à cette réalisation. Grâce à eux, une documentation inédite a pu être exploitée, permettant la mise en valeur de personnes, d’organisations et de faits jusqu’alors méconnus. Grâce à eux nous avons pu avancer dans la connaissance de la Résistance dans la Drôme et plus largement dans celle d’une histoire de la Drôme sous l’Occupation.
L’étude de cette période et des valeurs portées par la Résistance, liberté, solidarité, justice et progrès social…, nous semble plus que jamais d’actualité.

 

CONCEPTION, RÉALISATION

Maîtres d’ouvrage :
Association pour l’Élaboration d’un Cédérom sur la Résistance dans la Drôme (AERD), en lien avec l'Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI) au niveau national. 

Maîtrise d’ouvrage : Carré multimédia. 

Gestion de projet AERI : Laurence Thibault (directrice) – Laure Bougon (chef de projet) assistée d’Aurélie Pol et de Fabrice Bourrée. 

Groupe de travail : Pierre Balliot, Alain Coustaury, Albert Fié, Jean Sauvageon, Robert Serre, Claude Seyve, Michel Seyve. Patrick Martin et Gilles Vergnon interviennent sur des notices spécifiques. 

Sont associés à ce travail tous ceux qui ont participé à la réalisation du Dvd-rom La Résistance dans la Drôme, et qui par la même, ont contribué à une meilleure connaissance de la Résistance dans le département. 

Groupe pédagogique : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

Cartographie : Christophe Clavel et Alain Coustaury.



Si la Résistance commence d'abord par un engagement individuel, les résistants se regroupent très vite dans des structures organisées. La Résistance est aussi un combat politique contre le nazisme et la politique de collaboration de Vichy : deux partis préexistants à la guerre vont se trouver en pointe dans la Résistance drômoise, le parti socialiste et le parti communiste. Le parti socialiste compte 2 200 adhérents en 1938 et 1 400 en 1939, il est secoué par le vote des pleins pouvoirs, le 10 juillet 1940 de 90 de ses députés (36 votent contre). Sur les 7 parlementaires drômois, Marius Moutet (SFIO) est le seul à voter contre, Jean Brunet votant pour. Le parti communiste avec 2 500 adhérents en 1937 est bien implanté dans le département. Le PCF est interdit le 26 septembre 1939. Ses adhérents n’acceptent pas tous le pacte germano-soviétique.

Cependant, les militants des deux partis sont parmi les premiers à s’opposer au régime de Vichy. Des socialistes adhèrent aux mouvements Franc-Tireur, Combat ou Libération et prendront des responsabilités dans la Résistance drômoise. Le PCF crée le Front national de la Résistance, qui se veut rassembleur de toutes tendances, et son propre organisme de combat, les FTPF. Ses militants sont inquiétés dès l’automne 1940.

Les syndicats existants à la veille de la guerre sont la CGT et la CFTC. Ils ne sont pas formellement interdits par Vichy, mais ils doivent adhérer à la Charte du Travail, en octobre 1941, véritable support idéologique du nouveau régime.

Aussi, dans la Drôme, la CGT se reconstitue clandestinement et s’intègre-t-elle dans le mouvement de Résistance. Elle organise la circulation de l’information dans les entreprises, déclenche des grèves contre la « vie chère » ou pour s’opposer aux réquisitions du STO.

Dès mars 1943, Jean Moulin a reçu du général de Gaulle mission de créer le Conseil national de la Résistance (CNR) pour unifier la Résistance devenue de plus en plus complexe depuis qu'aux mouvements proprement dits, s'étaient ajoutés les partis politiques et les syndicats reconstitués clandestinement. Il voulait ainsi montrer à ses alliés qu'il était approuvé par toutes les tendances politiques et idéologiques de l'opinion française. Les mouvements étaient opposés à ce que les partis politiques qu'ils jugeaient responsables de la défaite siègent au même titre qu'eux. Cependant, le 27 mai 1943, Jean Moulin réunissait à Paris les représentants de huit mouvements de résistance, deux des grandes centrales syndicales ouvrières (CGT et CFTC), et de six partis politiques (Parti communiste, Parti socialiste, Parti radical, Démocratie Chrétienne, Alliance démocratique, Fédération républicaine) dont certains étaient nés dans la période de clandestinité.



                                                   Parties and unions along with the Resistance

The resistance starts with individual commitment and resistance fighters quickly regroup into organised structures. Resistance is also a political struggle against Nazism and the politics of Vichy collaboration: two parties that existed before find themselves at the forefront in the Drôme Resistance, the Socialist Party and the Communist Party. The Socialist Party has 2,200 members in 1938 and 1400 in 1939, it is shaken by the vote of full powers on July 10, 1940, its 90 members, (36 voting against). Of the seven members in Drôme, Marius Moutet, (SFIO, Section française de l'Internationale ouvrière), is the only one who voted against Jean Brunet. The Communist Party, with 2,500 members in 1937 is well established in the region. The PCF, (Parti communiste française) is not on September 26, 1939. Its adherents do not accept the Nazi-Soviet Pact.

However, activists in both parties are among the first to oppose the Vichy regime. The Socialist movement adheres to the Francs-Tireurs, Combat or Libération and takes responsibilities in Drôme. PCF creates the Front national de la Résistance, which wants to bring together people of all persuasions, and its own combat body, FTPF, (Francs-tireurs et partisans français). Its activists are worried by Fall 1940.

Existing trade unions on the eve of the war are CGT and CFTC. They are not formally banned by Vichy, but are forced to adhere to the Charte du Travail in October 1941, real ideological support of the new regime.

Additionally, in Drôme, the CGT is illegally recovering as it tries to fit into the Resistance movement. It organises the information flow in enterprises, and triggers strikes against the high cost of living or in opposition to the submissions of the STO, (Service du travail obligatoire).

By March 1943, Jean Moulin has received from General de Gaulle the mission to create the CNR (Conseil national de la Résistance). To unify the Resistance so that it becomes a more complex, actual movement, he adds political parties and clandestinely reconstituted unions. He wants to show his allies, and it is approved by all political and ideological trends of French opinion. Movements opposed to the political parties they consider responsible for the defeat sat alongside them. However, on May 27, 1943, in Paris, Jean Moulin is attended by representatives of eight resistance movements, two of them major unions, (CGT and CFTC), and six political parties, (Communist Party, Socialist Party, Radical Party, Christian Democrats, Democratic Alliance, and Republican Federation), some of whom are created in hiding.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur : Jean Sauvageon
Source : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. J-F. Robert (sous la direction de), Dictionnaire des parlementaires drômois.


 

Reçu après encaissement d’une somme d’argent



  • Contexte historique
  • Analyse média

Le document lui-même ainsi que son histoire conduisent à se demander qui est "Titin", le signataire ?

À la débâcle, en 1940, le parti communiste, interdit et pourchassé, s'organise clandestinement : un des responsables du Vaucluse, Marcel Miro, fait appel aux frères Ayme et à Michel Canals, de Courthézon, pour mettre sur pied un réseau. Ils constituent un comité de Front national de la Résistance, appelant notamment les jeunes à ne pas partir en Allemagne, au STO (Service du travail obligatoire), à se cacher ou à gagner les maquis des environs, dans le Luberon, dans la Drôme…

Michel Canals est chargé par le PC, à la fin 1942, de l'organisation des FTP (Francs-Tireurs et partisans) dans le sud-est du Vaucluse. Dénoncé, il est recherché par la Gestapo. Il va se mettre au vert, dans une ferme de Sauzet (Drôme), à la Richarde, chez madame et monsieur Martin, les grands-parents de son épouse. Elle-même, Rose, demeurée à Courthézon, est harcelée par la Milice à propos de l'absence de son mari. Elle est engagée, elle-même dans des activités résistantes.
Après l'attaque du camp FTP de la Fournache (Beauvoisin) par les Italiens et la Milice, le 9 août 1943 et le démantèlement du réseau de la Résistance locale (arrestations de messieurs Saint-Donat, Delhomme, Louis Borel, et fuite de Gaby Reynier), il est appelé par Charles Pioline, responsable communiste du Vaucluse, pour reconstituer le réseau FTP, anéanti, dans les Baronnies. Michel Canals, s’installe, à la fin 1943, à Buis-les-Baronnies, chez Madame Veux, rue Malgarni.

Sous le nom de "Titin", il s'efforce d'accomplir sa mission, sur d'autres bases, avec davantage de prudence, avec d'autres hommes. Il tente d'atteindre son but grâce à ses relations avec des résistants de la région de Montélimar, qu'il vient de quitter. Michel Canals découvre des femmes et des hommes, animés d'un esprit résistant, et acceptant de faire partie de son réseau, dans les communes des environs. Ce sont les familles Desplan, Louis Borel, Faraud, à Beauvoisin, Faure à Sainte-Euphémie, Seguin (que l'on appelle « le grand-père ») à Sainte-Jalle, Paul Mielle, à Rochebrune dont il devient maire après la Libération, la famille Charasse à Bénivay-Ollon, d'autres à Séderon, à Ruissas (hameau de Somecure) et ailleurs. « Des familles acceptent de rendre des services, des paysans de cette montagne drômoise se laissent dévaliser volontairement pour que les résistants puissent manger à leur faim », comme la famille de Michel Tardieu à Beauvoisin ou celle de Jules Bonifacy à Sainte-Jalle.
En trois mois environ, aidé par un militant communiste du Vaucluse, par les recrues des villages voisins à qui il fait confiance, il reconstitue un réseau solide. Comment le caractériser ? Réseau politique ? militaire ? La question affleure souvent sans qu'une réponse simple puisse être donnée ! Les deux éléments doivent cohabiter. Il n'y a certainement pas de cloison étanche ! Nous savons seulement que le but premier et unificateur dans tout mouvement de la Résistance est la libération du territoire national, le recouvrement de l'indépendance complète et la réalisation du programme du CNR (Conseil national de la Résistance). Là comme ailleurs, ces motivations sont essentielles.

Michel Canals, le 25 février 1944, est parmi les 28 FTP des camps du Nyonsais et des Baronnies, sous la direction de Lucien Dufour ("Paris"), qui attaquent un train de permissionnaires allemands à Donzère. Il participe probablement, plus tard, à l'embuscade tendue à la colonne allemande remontant vers Buis-les-Baronnies, entre la D4 et la D5, et il est présent à la libération de la ville qui a suivi, les 7 et 8 juin 1944.

Parmi les missions auxquelles Michel Canals participe, l’une d’elles demeure dans la mémoire. Il est ainsi l'un des éléments d'un réseau qui met à profit le repas fin et les libations d'un rassemblement d'Allemands et d'Italiens à Propiac, à quelques kilomètres de Buis-les-Baronnies, chez Plantevin Hôtel-Restaurant - l'aubergiste étant de connivence -, pour rafler leurs armes, entreposées dans les véhicules et dans quelques dépôts des environs du chef-lieu.

Il faut approcher Michel Canals également par quelques-unes de ses relations. Celles qu'il a eues avec René Dray ("René Martin") ne manque pas d'intérêt. Derrière le côté anecdotique des faits qui nous parviennent, apparaissent les traits extrêmement forts qui unissent les résistants entre eux, l'une des singularités de ce moment historique. René Dray est cité plusieurs fois par Lucien Dufour ("Paris") dans son ouvrage Mémoires de l'ombre : il est en particulier à l'origine du corps-franc de Mollans ; celui-ci « sert de poste avancé pour le secteur de Buis-les-Baronnies, en même temps qu'il harcèle l'ennemi dans le secteur d'Orange ».

« Mon cher Titin, écrit René Dray ("Martin"), le 26 août 1994, à Michel Canals,
Il a fallu attendre 50 ans pour que je retrouve ton identité réelle, en même temps que de faire la connaissance de tes enfants. C'est grâce à cette chaleureuse rencontre de Buis
[Cinquantenaire des maquis des Baronnies], où je n'étais pas revenu depuis la remise du drapeau de notre premier régiment FTP. Je t'envoie le reçu que tu m'avais fait lors de la remise du produit de notre "attaque" du bureau de travail allemand d'Orange [186 575 francs]. » Et, peu de temps après, dans une autre lettre : « Pour moi, tu resteras toujours Titin, en souvenir de cette période de notre vie où rares étaient connues nos identités réelles. »
Jusqu'à la fin du mois d'août 1944, Michel Canals intervient dans les réseaux des Baronnies, tantôt dans la Drôme, tantôt dans le Nord-Vaucluse.

Après la Libération, il est maçon coffreur dans une entreprise de Travaux publics : comme chef d'équipe, il travaille aux grands chantiers de l'époque, dans la vallée du Rhône, au barrage de Donzère-Mondragon, à Bollène-Écluse, etc.
Une grande partie de ses loisirs est consacrée à son activité de militant du PCF, au niveau local et départemental. Si, d'évidence, la rigueur imprègne sa vie de résistant et l'ensemble de sa vie quotidienne, il faut y voir non seulement les adhérences des règles de la vie clandestine, mais aussi la marque indiscutable d'une mentalité de lutteur, à la mesure des forces éperdues libérées par le siècle - que l’historien Éric J. Hobsbawm qualifie d' « âge des extrêmes ».

En 1989, il reçoit la croix du combattant des mains d'Alain Rochebonne, maire de Courthézon.


Auteurs : Michel Seyve
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Le reçu est établi sur un carré de papier grossier de petite taille (13,4 x 10,4 cm). Il est tapé à la machine à écrire cependant, daté et signé, témoignant sans doute d’une volonté de sérieux et d’honnêteté dans les conditions extrêmes de la clandestinité. Il a été signé le 6 août 1944, deux mois après le débarquement de Normandie, à peine dix jours avant celui de Méditerranée.

Michel Canals ("Titin") en est le signataire, au nom de la section du Parti communiste de Mollans-sur-Ouvèze, commune située à dix kilomètres de Buis-les-Baronnies, chef-lieu de canton.

Le texte, est difficile à lire directement sur le document ; le voici explicitement :
« REÇU DE MARTIN RENÉ LA SOMME 186.575 Francs
Cent quatre-vingt six mille, cinq cent soixante et quinze francs. En espèces et en valeurs.
Mollans le 6 Aout 1944
Le responsable de la Section
Du Parti Communiste Français
Signé Titin »


Quelques jours auparavant, il avait été chargé d'exécuter deux Allemands à Orange, dans le but de permettre à l'équipe d'un groupe de résistants des Baronnies, qui lui était lié, de s'emparer d'une somme d'argent nécessaire au financement des luttes pour la libération du pays.

Comment a été sauvé ce reçu ? Comment a-t-il été identifié ?

Michèle Fournel, la fille de Michel Canals a conservé les documents que son père lui a transmis et les a mis à notre disposition. Elle demeurait souvent, lorsqu'elle était enfant, chez les Desplan, de Beauvoisin, dans les Baronnies. Ce sont eux qui, dit-elle, "l'élèvent en partie" : cela explique ses attaches personnelles avec le pays et sa population, son attention pour la mémoire vivante qui l'habite. Mais cela témoigne aussi de la place qu'y a tenue son père pendant son année de clandestinité, au point d'entretenir des liens très forts et durables avec de nombreuses familles dont, singulièrement, celle de Léon et d'Éva Desplan. Au-delà des aspects intimes de ce vécu, des solidarités chaleureuses, qui font partie des traits propres aux milieux résistants de cette époque, sont mises en évidence ici.


Auteurs : Michel Seyve

Titre : Reçu après encaissement d’une somme d’argent

Légende :

Michel Canals ("Titin"), responsable communiste dans les Baronnies, envoyé en mission par le PCF (Vaucluse), signe un reçu authentifiant dans la clandestinité la somme encaissée à la suite d’une action.

Genre : Image     Type : Reçu clandestin

Source :

Détails techniques :

Papier fruste tapé à la machine de 13,4 x 10,4 cm.


Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Mollans-sur-Ouvèze