Présentation géographique du Vercors




  • Pédagogie
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  • Crédits
  • Introduction

ESPACE PEDAGOGIQUE

Objectif de cet espace : 
permettre aux enseignants d\'aborder plus aisément, avec leurs élèves, l\'exposition virtuelle sur la Résistance dans la Drôme en accompagnant leurs recherches et en proposant des outils d’analyse et de compréhension des contenus.

L'espace d'exposition s'articule autour d'une arborescence à quatre entrées :
- Zone libre et Occupation,
- Résistance,
- Libération et après-libération,
- Mémoire.

Chaque thème est introduit par un texte contextuel court. A partir de là, des documents de tous types (papier, carte, objet, son, film) sont présentés avec leur notice explicative.

La base média peut être aussi utilisée comme ressource pour les enseignants et leurs élèves dans le cadre de travaux collectifs ou individuels, en classe ou à la maison.

Pour l'exposition sur la Résistance dans la Drôme, sont proposés aux enseignants des parcours pédagogiques (collège et lycée), en lien avec les programmes scolaires, utilisant les ressources de l'exposition :

1/ Collège :

Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Fiche 1 : La France vaincue, occupée et libérée,
     . Fiche 2 : Le gouvernement de Vichy, la Révolution nationale et la Collaboration,
     . Fiche 3 : Vivre en France durant l'Occupation,
     . Fiche 4 : La Résistance.

2/ Lycée :

- Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Dossier 1 : L'Etat français (le régime de Vichy),
     . Dossier 2 : Les Juifs dans la Drôme (antisémitisme, persécution, arrestation, déportation, protection),
     . Dossier 3 : Les résistants,
     . Dossier 4 : La Résistance armée,
     . Dossier 5 : La Résistance non armée,
     . Dossier 6 : La vie quotidienne.

Si vous êtes intéressés par ces dossiers, contactez nous : [email protected]

Réalisation des dossiers pédagogiques : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

1. De la déclaration de guerre à l’Armistice, le 22 juin 1940 : Un mois après le début de leur attaque en mai 1940, les Allemands atteignent le nord de la Drôme. L’Armistice arrête les combats sur la rivière Isère. Le nord du département est occupé par les troupes allemandes.
2. De l’Armistice à l’occupation allemande, le 11 novembre 1942 : La Drôme est située en zone non occupée.
3. Du 11 novembre 1942 au 9 septembre 1943 : La Drôme est placée sous administration et occupation italiennes.
4. Du 9 septembre 1943 au 31 août 1944 : l’armée allemande occupe la Drôme ; c’est la période la plus intense pour la lutte contre l’ennemi et le gouvernement de Vichy.


Il s'agit d'une sélection de cartes nationales et locales sur la Résistance. La plupart de ces cartes ont été réalisées par Christophe Clavel et Alain Coustaury. Il s'agit d'une co-édition AERI-AERD tous (droits réservés)


CARTE INTERACTIVE DROME ET VERCORS DROMOIS ET ISEROIS
(Suivez ce lien pour afficher la carte et sélectionnez les points du paysage souhaités pour afficher les fiches correspondantes)


  France de 1940 à 1944
  Départements français sous l’Occupation
  Régions militaires de la Résistance en 1943
  La Drôme, géographie physique
  Esquisse de découpage régional de la Drôme
  Les communes de la Drôme
  Carte des transports en 1939
  Le confluent de la Drôme et du Rhône
  Densité de la population de la Drôme en 1939
  Densité de la population de la Drôme en 1999
  Evolution de la densité de population de la Drôme entre 1939-1999
  L’aérodrome de Montélimar-Ancône
  Aérodrome de Valence - Chabeuil - La Trésorerie
  Les caches des armes et du matériel militaire
  Les terrains de parachutages dans la Drôme
  Bombardements alliés et allemands dans la Drôme
  Immeubles détruits par les Allemands et la Milice
  Emplacement de camps de maquis de 1943 au 5 juin 1944
  Localisation des groupes francs qui ont effectué des sabotages en 1943
  Implantation et actions de la compagnie Pons
  FFI morts au combat ou fusillés
  Plan-de-Baix, Anse, 16 avril 1944
  Géopolitique de la Résistance drômoise en juin-juillet 1944
  Dispositif des zones Nord, Centre, Sud vers le 10 juin 1944
  Combovin, 22 juin 1944
  Vassieux-en-Vercors 21, 22, 23 juillet 1944
  Combat de Gigors 27 juillet 1944
  Le sabotage du pont de Livron
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 21 au 24 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 25 et 26 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 27 au 29 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 29 août à 12 heures le 30 août 1944
  Etrangers au département, non juifs, arrêtés dans la Drôme et déportés
  Déportation, arrestations dans la Drôme
  Déportation des Juifs dans la Drôme
  Lieu de naissance de Drômois déportés, arrêtés dans la Drôme et à l’extérieur du département
  Cartes des principaux lieux de mémoire dans la Drôme
  Perceptions de la Résistance drômoise

Publications locales :

Une bibliographie plus détaillée sera accessible dans l’espace « Salle de consultation » du Musée virtuel.

SAUGER Alain, La Drôme, les Drômois et leur département. 1790-1990. La Mirandole. 1995.
GIRAUDIER Vincent, MAURAN Hervé, SAUVAGEON Jean, SERRE Robert, Des Indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale. Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 1999.
FÉDÉRATION DES UNITÉS COMBATTANTES DE LA RÉSISTANCE ET DES FFI DE LA DRÔME, Pour l’amour de la France. Drôme-Vercors. 1940-1944. Peuple Libre, Valence, 1989.
DE LASSUS SAINT-GENIÈS (général), DE SAINT-PRIX, Combats pour le Vercors et la Liberté. Peuple Libre, Valence, 1982.
LA PICIRELLA Joseph. Témoignages sur le Vercors, 14e édition, Lyon, 1994
LADET René, Ils ont refusé de subir. La Résistance en Drôme. Auto-édition. Portes-lès-Valence, 1987.
DREYFUS Paul, Vercors, citadelle de Liberté, Arthaud, Grenoble, 1969.
MARTIN Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, Paris IV Sorbonne, 2002.
SERRE Robert, De la Drôme aux camps de la mort, Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 2006.
SUCHON Sandrine, Résistance et Liberté. Dieulefit 1940-1944. Éditions A Die. 1994.
VERGNON Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, L’Atelier, Paris, 2002.

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERD-AERI, 2007.

Ce travail n’aurait pu avoir lieu sans l’aide financière du Conseil général de la Drôme, du Conseil régional de Rhône-Alpes, du Groupe de Recherches, d’Études et de Publications sur l’Histoire de la Drôme (GRÉPHiD) et de l'AERD qui y a affecté une partie des recettes de la vente des dvd-roms, La Résistance dans la Drôme et le Vercors.

L’équipe de la Drôme tient à les remercier ainsi que :
- l’Office départemental des anciens combattants (ONAC),
- la Direction départementale de l’équipement de la Drôme (DDE),
- le Centre départemental de documentation pédagogique de la Drôme, (CDDP),
- le personnel et la direction des Archives départementales de la Drôme, de l’Isère, des Archives communales de Allan, de Crest, de Die, de Grâne, de Montélimar, de Romans-sur-Isère, de Triors, de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, de Saint-Uze,
- les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv), le National Archives and Records Administration (NARA), The National Archives (les archives nationales britanniques), Yad Vashem,
- le Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation de Romans, le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial de La Chau, le Musée de Die, le Musée Saint-Vallier, la Médiathèque de Montélimar, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le Mémorial Shoah, l’Association des Amis du Musée des blindés de Saumur, le Musée de la Division Texas (USA),
- l’Association Études drômoises, l’Association Mémoire d’Allex, l’Association Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, l’Association Mémoire de la Drôme, l’Association des Amis d’Emmanuel Mounier, l’Association Patrimoine, Mémoire, Histoire du Pays de Dieulefit, l’Amicale maquis Morvan, la Fédération des Unités Combattantes et des FFI de la Drôme, l’Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors.

Mais nos remerciements s’adressent surtout à toutes celles et tous ceux, notamment résistantes, résistants et leurs familles, qui ont accepté de livrer leurs témoignages, de nous confier leurs documents et leurs photographies. Ils sont très nombreux et leurs noms figurent dans cette exposition. Ils s’apercevront au fil de la lecture que leur contribution a été essentielle pour l’équipe qui a travaillé à cette réalisation. Grâce à eux, une documentation inédite a pu être exploitée, permettant la mise en valeur de personnes, d’organisations et de faits jusqu’alors méconnus. Grâce à eux nous avons pu avancer dans la connaissance de la Résistance dans la Drôme et plus largement dans celle d’une histoire de la Drôme sous l’Occupation.
L’étude de cette période et des valeurs portées par la Résistance, liberté, solidarité, justice et progrès social…, nous semble plus que jamais d’actualité.

 

CONCEPTION, RÉALISATION

Maîtres d’ouvrage :
Association pour l’Élaboration d’un Cédérom sur la Résistance dans la Drôme (AERD), en lien avec l'Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI) au niveau national. 

Maîtrise d’ouvrage : Carré multimédia. 

Gestion de projet AERI : Laurence Thibault (directrice) – Laure Bougon (chef de projet) assistée d’Aurélie Pol et de Fabrice Bourrée. 

Groupe de travail : Pierre Balliot, Alain Coustaury, Albert Fié, Jean Sauvageon, Robert Serre, Claude Seyve, Michel Seyve. Patrick Martin et Gilles Vergnon interviennent sur des notices spécifiques. 

Sont associés à ce travail tous ceux qui ont participé à la réalisation du Dvd-rom La Résistance dans la Drôme, et qui par la même, ont contribué à une meilleure connaissance de la Résistance dans le département. 

Groupe pédagogique : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

Cartographie : Christophe Clavel et Alain Coustaury.



Pour beaucoup de Français, s'il est un nom de montagne qui résonne dramatiquement, c'est bien celui du Vercors. Défini, à tort, comme un plateau, le massif du Vercors est un des contreforts occidentaux du massif alpin. Grossièrement rectangulaire, il s'étend selon une direction nord-est sud-ouest sur deux départements, la Drôme et l'Isère. Ces derniers portent le nom des rivières qui bordent en partie le Vercors. L'Isère en constitue la limite nord, la Drôme la limite sud. Les paysages du Vercors, contrairement à ceux que suggère sa définition habituelle erronée, sont caractérisés par leur diversité. Avec un relief très accidenté, de hautes falaises, des reculées, des vaux, des cluses, de puissantes croupes, le Vercors possède une très forte personnalité. De profondes forêts de conifères couvrent une bonne partie du massif. Quelques secteurs développent une prairie de type alpin. Peu de cours d'eau serpentent sur le massif. Du fait de sa nature calcaire, le Vercors ne dispose que de quelques rivières pérennes alors que les vallées sèches sont fréquentes. Par contre, coulent des rivières souterraines qui débouchent à l'air libre en constituant des résurgences

C'est dans ce cadre majestueux que va se dérouler le drame du mois de juillet 1944. Son histoire a donné lieu à la publication de plusieurs dizaines d'ouvrages, sans compter des articles. Des films, des reportages à la télévision font connaître, parfois maladroitement, l'histoire de la Résistance française dans cette région de la France définie comme « zone libre » jusqu'en novembre 1942.

De nos jours, le Vercors doit assumer la mémoire de cette histoire dans le cadre d'un développement économique marqué par le rôle du tourisme et d'une agriculture de montagne basée sur l'élevage et la sylviculture. Comment associer la mémoire du drame et les activités touristiques ? C'est le défi que doivent relever lieux de mémoire, associations sportives et touristiques et collectivités territoriales régionales.



                                           Geographical Presentation of Vercors

For many French people, the name resonates dramatically of mountains, those of Vercors. Wrongly defined as a plateau, Vercors is one of the western foothills of the Alps. Roughly rectangular, it extends in a north-east, south-west in two districts, Drôme and Isère. These are named after the river bordering in part on Vercors. Isère is the northern boundary, Drôme is the southern boundary. The landscape of Vercors, unlike what is suggested by its usual wrong definition, is characterized by diversity. With a very rugged terrain, towering cliffs, remote valleys, gorges, and strong brows, Vercors has a very strong personality. Deep coniferous forests cover much of the massif. Some areas develop alpine meadows. Few rivers wind through the mountains. Due to its calcareous nature, Vercors has only a few perennial rivers, while the dry valleys are frequent. By contrast, there are flowing underground rivers that lead to the air by forming resurgence.

It is in this magnificent setting that the drama unfolds in July 1944. Its history has resulted in the publication of several dozen books, as well as articles. Movies and television reports, sometimes awkwardly depict the history of the French Resistance in this region of France, defined as the "zone libre", (free zone), until November 1942.

Nowadays, the Vercors must assume the memory of this story as part of an economic development marked by the role of tourism and mountain agriculture based on livestock and forestry. How to associate the memory of the tragedy and tourism? This is the challenge facing memorials, sports associations, and regional tourism and local authorities.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur : Alain Coustaury
Source : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.


 

Val de Vassieux-en-Vercors



  • Contexte historique
  • Analyse média

Après une présentation du Vercors, Pierre Dalloz propose un plan pour utiliser militairement les particularités géographiques de ce massif calcaire. Ces considérations sont à l'origine du « projet Montagnards ».

Pour comprendre et analyser l'histoire du Vercors résistant, il est indispensable d'avoir en mémoire l'écrit de Pierre Dalloz. Ce document a eu une trajectoire complexe, partant du Vercors, passant par Bourg-en-Bresse pour aboutir à Londres. De même, des personnages importants de la Résistance l'ont eu entre les mains, l'ont analysé et en ont reconnu l'intérêt. Après le drame du Vercors, dans l'après-guerre, le projet Montagnards a été fortement critiqué ainsi que son auteur par des personnes qui, très souvent, ne l'avaient pas lu. Il est donc nécessaire de l'appréhender dans son intégralité, sinon le risque de commettre des contresens historiques est réel.

Pierre Dalloz décrit d'abord le massif qu'il connaît particulièrement bien.

« Il n'est pas en France de citadelle naturelle comparable à celle du Vercors. Cette région comprend en gros les hauts plateaux d'Autrans, du Villard-de-Lans et de La-Chapelle-en-Vercors, à une altitude d'environ mille mètres. Au nord, à l'est et au sud, le Vercors est protégé par une chaîne montagneuse presque continue (sommets de 1 600 à 2 300 mètres) qui présente à l'extérieur des escarpements calcaires de plusieurs centaines de mètres. À l'ouest, du côté de la basse vallée de l'Isère, le rempart comporte quelques brèches qui correspondent à des vallées d'effondrement. Mais, là encore, le rebord du massif est partout taillé à pic, du côté de l'extérieur. Des routes empruntent ces entailles naturelles dans la falaise. Elles sont bien connues des touristes. Ce sont les routes de Combe Laval, des gorges de La Bourne, des Grands Goulets, des Écouges. Leurs noms éveillent dans l'esprit des souvenirs de chaussées taillées dans le roc, au-dessus de précipices de plusieurs centaines de mètres, de balcons aériens et de tunnels. En fait, nous le montrerons plus loin, en analysant la valeur défensive des rares voies de pénétration dans le Vercors, la citadelle serait plus facile à protéger du côté de l'ouest que du côté de l'est. Voici les dimensions de la forteresse, d'ailleurs aisément réductibles en cas de besoin :
- 55 kilomètres du nord au sud,
- 10 à 20 kilomètres dans le sens est-ouest de la moitié sud,
- 10 à 15 kilomètres dans le sens est-ouest de la moitié nord.

Par la suite, Pierre Dalloz emploie des termes locaux pour décrire les particularités géographiques du massif. Ils ne correspondent pas aux définitions des géographes : le plateau de Lans est un val, les vallées ne sont pas des cluses, par contre les Goulets en sont. Mais le lecteur local connait tous ces paysages.

Le centre du Vercors est occupé par de larges vallées longitudinales, orientées nord-sud, et qui sont assez semblables aux Cluses du Jura. Leur fond est occupé par des cultures, et surtout par des pâturages. Elles sont bordées de crêtes garnies de forêts. Ces hautes vallées sont peu nombreuses. Nous distinguerons : - le plateau de Lans au Villard-de-Lans, - la vallée de Méaudre et d'Autrans, - le plateau allongé de Saint-Martin-La-Chapelle et de Saint-Agnan-en-Vercors. D'autres caractères naturels du Vercors doivent être mentionnés, dans la mesure où ils peuvent déterminer une utilisation militaire possible de la région. Le Vercors est une véritable éponge, tant il est percé de rivières souterraines, de grottes, d'avens, que l'on appelle dans le pays des scialets. Tout ce réseau souterrain est mal connu ou tout à fait inconnu des habitants du plateau. Par contre, il est parfaitement connu et utilisable par le rédacteur de ces lignes.
(En fait, je ne connaissais pas personnellement le réseau souterrain du Vercors. Mais Jean Lefort en connaissait une partie et surtout je comptais sur la collaboration d'un spéléologue qui le connaissait personnellement. Cette collaboration dans les débuts nous fit défaut, note de Pierre Dalloz, 1980). Le Vercors est un pays de pâturages, donc de bétail et de laitages. Une troupe, même nombreuse, pourrait y subsister aisément. Enfin le Vercors est un pays de population groupée. D'immenses étendues séparent les villages et les hameaux bien définis. Sa population, qui envoyait au Parlement des représentants socialistes, est dans sa très grande majorité républicaine, donc nettement pro-alliée.

Programme d'action immédiate
Nous constituons dans le secret un petit comité de quelques membres. Nous disposons des quelques milliers de francs nécessaires pour la période d'études. Nous disposons aussi de plusieurs jeux de la collection des cartes de la région à 1/20.000. Quelques-uns d'entre nous, officiers de réserve, connaissent parfaitement la région et les conditions générales de la guerre en montagne. Quelques-uns d'entre nous disposent de moyens de circulation et de pièces officielles leur permettant de justifier leur présence en quelque lieu que ce soit de la région, et à quelque moment que ce soit. Nous proposons d'étudier un plan de protection complet du Vercors soit :
- la création de corps-francs (nombre, commandement, effectif, armement, cantonnement, emplacement),
- de plans de feu défensifs pour chaque voie d'accès. L'effectif des corps-francs ci-dessus sera demandé à la population locale. Nous avons connaissance d'une certaine agitation gaulliste parmi la jeunesse du pays. Notre intention est de ne prendre contact avec ces éléments que dans la mesure où la nécessité nous y forcera, peu à peu, avec beaucoup de circonspection et de prudence. Mais nous établirons un inventaire des gens sûrs et utiles. (Je me méfiais déjà de la turbulence des maquis. À l'époque où je tapai cette note, les camps de réfractaires au STO commençaient à peine de naître, note de Pierre Dalloz 1980).

Nous proposons encore :
- de reconnaître et d'aménager un petit nombre de terrains d'atterrissage clandestins. Plusieurs emplacements existent dans le Vercors. Nous sommes prêts à accueillir et à guider vers eux les spécialistes qui seraient envoyés pour donner leur avis sur la valeur de ces terrains,
- de recueillir et de placer en lieu sûr les armes, les explosifs, l'outillage nécessaire à la réalisation de nos projets,
- d'accueillir et de piloter les agents alliés qui pourraient être déposés ou lâchés par parachute,
- d'amener aux terrains, dans des conditions analogues, les personnes que le commandement allié désirerait faire évader de France. Plus tard, et lorsque l'ordre nous en serait donné, nous procéderions à l'instruction de nos corps-francs.

Programme d'action ultérieure
Cette partie de notre plan ne peut évidemment que prendre place dans le cadre d'une occupation de la France par les Alliés. Sous la protection d'un réseau de patrouilles et de postes défensifs que nous aurions organisés, les Alliés auraient la possibilité de procéder à des débarquements aériens de troupes et à des lâchers de parachutistes dans le Vercors. Ils pourraient ainsi créer, sur les arrières de l'ennemi, dans une position dangereuse pour lui, une puissante forteresse d'où pourraient être lancés, dans d'excellentes conditions, des raids vers des régions industrielles et des voies de communication fort importantes. Des troupes ainsi déposées pourraient être cantonnées et subsister sur place. Renforçant nos propres troupes, elles auraient la possibilité de tenir longtemps dans le pays. Nous avons parlé plus haut de terrains d'atterrissage clandestins. En cas d'occupation massive du Vercors, d'autres terrains meilleurs prendraient leur rôle : notamment la magnifique plaine au sud de Lans.

Parmi les objectifs vulnérables du Vercors, mentionnons :
- au nord : la ligne SNCF de Grenoble à Lyon (10 km à vol d'oiseau), la ligne SNCF de Grenoble à Valence par Moirans (5 à 6 km à vol d'oiseau), les ponts sur le Drac ou l'Isère (de Veurey, de Saint-Quentin, de Tullins, de Romans).
- à l'est : la région de Grenoble, la région industrielle de Pont-de-Claix et de Vizille, industries chimiques (10 km à vol d'oiseau), le point de jonction des lignes à haute tension venant des barrages du Sautet et du Chambon. Du Pont de Claix au Bec de l'Échaillon, une ligne très importante, avec quelques très grandes portées, pénètre dans le Vercors même. Elle serait très aisément et très gravement vulnérable en plusieurs points, la ligne SNCF de Grenoble à Marseille par Veynes, dite ligne des Alpes. Cette ligne, qui longe le rebord est du Vercors dans des régions très accidentées, se trouve à 6 ou 7 kilomètres à vol d'oiseau de la crête. Elle comprend de nombreux ouvrages d'art : tunnels, viaducs.
- au sud : la ligne SNCF de Livron à Veynes et Briançon par Die. Nombreux ouvrages vulnérables. 10 km à vol d'oiseau du col du Rousset.
- à l'ouest : la région industrielle de Romans-sur-Isère et Bourg-de-Péage (20 km à vol d'oiseau), Valence et la ligne SNCF Paris-Lyon-Marseille (40 km à vol d'oiseau des forêts de Léoncel et de Bouvante). Le Vercors, on le voit, par sa situation, ses possibilités de défense, les facilités qu'il procurerait au lancement de raids, pourrait jouer, en cas de situation critique de l'ennemi, un rôle perturbateur de premier ordre. Avant de dépasser le premier stade de nos projets, nous tenons à savoir :
- dans quelle mesure notre programme d'action immédiate peut présenter de l'intérêt pour le commandement allié ?
- même question pour le programme d'action ultérieure :
- dans quelle mesure nous recevrons de l'aide : armes, outillage, etc. ?
- les moyens de liaison dont nous disposerons,
- les moyens d'assistance sur lesquels nous pourrons compter dans le cas où notre organisation serait éventée.

Note importante : Le projet ci-dessus ne serait évidemment réalisable que par surprise et à la faveur d'un état de désorganisation déjà avancé de l'ennemi. Noter que, pour le moment, une garnison d'Alpini se trouve à Grenoble et que des éléments d'artillerie allemands (DCA) occupent également la ville. L'occupation du Villard-de-Lans par une compagnie italienne compromettrait très gravement tous nos projets ».

Décembre 1942


Cette copie est l'une des trois copies originales que j'ai tapées dans la ferme des Côtes une nuit de décembre 1942. L'une a été remise par Farge à Jean Moulin dans le courant de janvier 1943. Une autre a été remise par moi-même au général Delestraint à Bourg, le 10 février 1943, et emportée par lui à Londres à la pleine lune de ce même mois. Ce document marque vraiment l'origine de l'affaire militaire du Vercors.

22 novembre 1944

Après une analyse de la particularité géographique du massif, des ressources qu'il recèle, Pierre Dalloz, prudemment, progressivement, propose une série d'actions locales puis des opérations militaires, en partant du massif, en direction des vallées adjacentes. Ce qui ressort de tout le document est l'extrême prudence de son auteur. L'emploi du mode conditionnel est systématique.

Toutefois, si Pierre Dalloz envisage bien l’arrivée d’éléments alliés ou de matériel par voie aérienne, il n’envisage pas du tout que les mêmes moyens pourraient être utilisés par les Allemands. Parmi les objectifs vulnérables, il n’indique pas l’aérodrome de Chabeuil.

Les détracteurs du projet, après la guerre, ont reproché à Pierre Dalloz d'avoir conçu quelque chose d'irréaliste, de théorique, ne tenant pas compte des conditions du moment, des réalités du terrain. Or, si on lit correctement ce que l'on appellera, à tort, le plan Montagnards, on constate que Pierre Dalloz précise bien que son projet ne peut se réaliser que si l'armée allemande est désorganisée et que si les Alliés apportent un soutien efficace à la Résistance.


Auteurs : Gilles Vergnon, Alain Coustaury
Sources : Dalloz Pierre, Rapports sur le Vercors, Une semaine dans le monde, 1947. Dalloz Pierre, Vérités sur le drame du Vercors, Paris, Fernand Lanore, 1979.

Le val de Vassieux-en-Vercors présente toutes les caractéristiques du relief dit jurassien : fond arrondi, surface relativement plane mais perforée de scialets, dolines qui ont nécessité leur comblement et leur aplanissement pour pouvoir réaliser une piste sommaire d'atterrissage au sud du village. Codée « Taille-crayon », elle était pratiquement terminée le 21 juillet 1944.


Auteur : Alain Coustaury

Titre : Val de Vassieux-en-Vercors

Légende :

Photo prise au nord du hameau de la Mure, en direction du sud. On aperçoit parfaitement les caractéristiques d'un val : ample nef inversée au fond (1050 m) arrondi dominé par des sommets, But de Nève (1656 m) au sud-est.

Genre : Image     Type : Photographie

Producteur : cliché Alain Coustaury

Source : © Archives Alain Coustaury - Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique couleur.


Date document : 2006

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vassieux-en-Vercors