LIVRE

Jérôme Leygat

Campagne de France 1944-1945 - La Libération par l'armée d'Afrique

Les rudes combats de Tunisie de 1942 à 1943 ont été une résurrection pour l'armée française d'Afrique, car ils ont effacé un moment des esprits le spectre de la défaite de 1940. En mai 1943, cette armée encore dépenaillée de soixante mille hommes défile dans Tunis en tête des armées américaine et anglaise. Après l'euphorie de cette victoire alliée comparable en tout point à celle de Stalingrad, les dangereux ferments de la discorde franco-française divisent encore pourtant les Français libres (gaullistes) de 1940 et les "Africains" (légitimistes) de 1942. Mais la campagne d'Italie va commencer. L'armée d'Afrique y joue encore un rôle de premier plan et l'amalgame tant souhaité par son chef brillant, le général Juin, se réalise lors de maints combats, tous victorieux, contre un ennemi commun. Ses cent vingt mille goumiers, spahis et tirailleurs, principalement marocains, algériens, tunisiens et sénégalais, se battent aux côtés des Français réconciliés, alors leurs égaux, pour restaurer leur empire brisé, dans le fol espoir pour ceux qui en ont conscience, d'y voir enfin établi en reconnaissance de leurs combats livrés, une nouvelle ère de justice sociale, comme celle existant alors dans cette petite armée française de transition. En juin 1944, pour tous ceux qui défilent sous les vivats dans Rome libérée, la victoire est belle et laisse présager le meilleur à venir. Mais le même jour, le débarquement anglo-saxon en Normandie relègue soudain au second plan ce théâtre d'opérations italien qui doit être abandonné par les Français dès la mi-juillet. Un mois plus tard, rassemblés sur les cargos et paquebots d'une armada franco-américaine voguant en direction du continent, ces "Africains", sous le nouveau commandement du général de Lattre de Tassigny, constituent une véritable armée moderne, forte de sept divisions d'élite regroupant déjà deux cent soixante-cinq mille hommes parfaitement équipés. Ils débarquent dès le 15 août dans le Sud de la France et vont découvrir, pour la plupart, cette métropole mythique et inconnue, au fur et à mesure de leurs engagements douloureusement victorieux. Ils supporteront, presque à eux seuls, côte à côte avec l'armée américaine, l'essentiel de sa libération, de la Provence à l'Alsace jusqu'au franchissement de la frontière allemande, le 19 mars 1945.



ETAI, Antony, 2013, 192 pages