Ariane Skriabine (Knout)

Légende :

Fondatrice avec son époux, David Knout, de l'organisation clandestine sioniste, la Main Forte, Ariane Knout devient membre du comité directeur de l'Armée juive en 1942. Le 22 juillet 1944, piégée par la milice au 11 rue de la Pomme à Toulouse, elle est abattue au cours d’un échange de tirs.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © wikimedia commons Libre de droits

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Avant 1941

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Toulouse

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Contexte historique

Née le 18 octobre 1906 à Bogliasco en Italie où sa famille vit en exil, Ariane Scriabine est la fille du compositeur soviétique Alexandre Scriabine et la nièce du ministre des Affaires étrangères de Staline, Molotov. Eprise de liberté et de littérature, elle part au début des années 1920 à Paris. En 1924, elle publie son premier et unique recueil de poésies, qu'elle intitule simplement Poésies. A Montparnasse, elle fréquente les milieux artistiques français et russes. C’est là qu’elle rencontre un poète alors célèbre dans les milieux russes, David Knout, probablement en 1934. Ariane est alors avec son deuxième mari, l’écrivain René Méjean, qu’elle quitte pour rejoindre le poète juif russe. Le couple se marie le 30 mars 1940. Elle épouse en même temps la cause sioniste et l’amour du judaïsme, religion à laquelle elle se convertit et dont elle prend soin de respecter méticuleusement les pratiques religieuses. Elle change alors son prénom, Ariane, en Sara.

Le 13 juin 1940, veille de l’entrée des Allemands dans Paris, Ariane rejoint Toulouse où l’unité militaire à laquelle appartient son mari s’est repliée. Le couple s’y installe. Sous le nom de Régine, elle participe avec David Knout à la création de la Résistance juive, la Main Forte, future Armée juive (puis Organisation juive de combat). Elle incite son amie Anne-Marie Lambert et son époux Ernest à les rejoindre. Son objectif est de ne pas laisser les Juifs s’éparpiller dans diverses organisations mais plutôt de les rassembler dans un unique mouvement clandestin juif afin de montrer que les Juifs savent s’unir pour sauver leur existence.

Membre du bureau directeur de l’AJ, elle est très active dans le recrutement des jeunes juifs et dans le transport d’armes. Menacé d’arrestation, David Knout se réfugie en Suisse à la fin de l’année 1942 ; Ariane, bien qu’enceinte, veut, quant à elle, poursuivre le combat. Le 22 mai 1943 naît Yossi, qu'elle réussit à acheminer à son père, de l'autre côté de la frontière suisse. En avril 1944, elle est volontaire pour faire la liaison entre les maquis du Tarn et la direction toulousaine de l’OJC. Lors de ses séjours dans le Tarn, elle se perfectionne dans le maniement des armes, qu’elle transporte régulièrement entre les maquis.

L’une de ses filles, Gilberte-Elizabeth, plus connue sous le nom de Betty Knout, issue de son premier mariage avec un compositeur, Daniel Lazarus, contribue aux activités de l’organisation. Âgée de 17 ans, elle transporte des armes entre les groupes de l’OJC. Après la chute de la section parisienne en juillet 1944, elle gagne la capitale pour contribuer à reconstituer un groupe de combat.

En juin 1944, Ariane doit mettre en place un nouveau réseau de passage à travers les Pyrénées afin de rejoindre l’Espagne. Elle a à peine le temps d’accomplir cette mission car, le 22 juillet 1944, piégé par la milice au 11 rue de la Pomme à Toulouse, elle est blessée mortellement au cours d’un échange de tirs. Thomas Bauer meurt dans les mêmes circonstances.

Elle reçoit à titre posthume la croix de guerre avec étoile d'argent et la médaille de la Résistance française (décret du 25 avril 1946). A Toulouse, une plaque commémorative apposée au 11 rue de la Pomme honore sa mémoire. Au cimetière toulousain Terre-Cabade, sa tombe, sur laquelle sont gravés son prénom Sara, adopté lors de sa conversion au judaïsme, et le nom de son mari, Fixman (Knout étant son pseudonyme littéraire), a été restaurée par la municipalité en 1990.


Auteurs : Maurice Lugassy et Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Ordre de la Libération, archives de la commission nationale de la médaille de la Résistance française
Archives Yad Vashem
Organisation juive de combat – France – 1940-1945, éditions Autrement, 2008.
Vladimir Khazan, « Le monde par mon souffle vit » (contribution à la biographie d’Ariane Skriabine) [en ligne]
Hélène Menegaldo, “Ariane Scriabine (1906-1944), héroïne de la Résistance française à Toulouse”, Slavica occitania, 7, 1998, Toulouse [en ligne]