Analyse média

L'amiral Darlan vice-président du Conseil depuis le 10 février 1941, informe ses collègues du gouvernement de l'achat par le gouvernement de Vichy, de la branche « Information » de l'agence de presse Havas et de sa participation à la branche « Publicité ».Dans sa présentation, l'amiral Darlan omet de préciser que l'agence Havas a été en fait démantelée par les autorités allemandes d'occupation. Elle est passée en zone occupée sous la tutelle de la Propaganda Staffel et en zone sud, sous celle de l'Office Français d'Information(OFI). L'OFI ne pourra jamais exercer le moindre contrôle sur la presse parisienne mais l'amiral Darlan préfère passer sous silence cette atteinte à la souveraineté française.

 

Le reste de la note présente les conséquences matérielles de cet investissement :

–   toutes les publications officielles et toute la publicité de l'Etat français seront réservées à l'agence Havas.

–    les secteurs qui devront avoir recours à l'agence Havas pour leurs publications et publicité sont énumérés. L'énumération qui se termine par « etc... » montre que toute communication- et les ressources financières qui en découlent -doivent passer par ce qui est devenu une agence gouvernementale. La mention répétée à deux reprises « à offres et garanties égales » peut sembler de pure forme étant donné le ton très ferme de la note.

Les agences de presse ayant pour fonction de fournir aux journaux information, documentation, voir articles, la mainmise de l'Etat français sur Havas montre sa volonté de contrôler tout type d'information, en particulier celles fournies par la presse.

 

Contexte historique

Le gouvernement de Vichy a très tôt créé les instruments de contrôle et de censure de toute information : un secrétariat à l'information(loi du 15 juillet 1940) puis l'Office français d'information (loi du 25 novembre 1940). L'agence Havas, une des plus vieilles agences d'information du monde, était, du fait de ses difficultés financières, passée depuis 1938 sous le contrôle du ministère des Affaires étrangères.Lesautorités allemandes d'occupation et le gouvernement de Vichy ne se contentent pas d'une apparente indépendance et se partagent Havas. L'amiral Darlan qui est depuis le 10 février 1941 vice-président du Conseil cumule également les portefeuilles des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de l'Information.Le statut de l'agence d'information et de publicité Havas relève donc de son domaine. Havas devient un instrument de la politique allemande en zone occupée et de celle de Vichy en zone sud.