Oppressions et censure

Le gouvernement de Vichy entend exercer sans partage un pouvoir qui mêle exécutif, législatif et judiciaire. Il met rapidement à l’écart ou supprime tout ce qui peut le limiter, en particulier, par la suppression ou l’ajournement des assemblées élues (Parlement, conseils généraux, un grand nombre de conseils municipaux), remplacés par des instances nommées. La possibilité de révoquer les fonctionnaires et la prestation de serment doivent garantir une administration docile.

            Le contrôle de la population qu’il souhaite absolu passe par la dissolution des organisations traditionnelles comme les partis politiques, les confédérations syndicales, les loges maçonniques.

            Des organisations sont créées comme la Légion française des combattants » (LFC) qui réunit les combattants des deux guerres. La LFC constitue « les yeux et les oreilles du Maréchal », encadre le plus petit village, préside aux cérémonies et dénonce les mal-pensants. D’autres organisations veulent encadrer la jeunesse, comme les Chantiers de la jeunesse ou les Compagnons de France.

D’autres dispositifs, comme la Charte du Travail ou la Corporation paysanne entendent organiser les milieux professionnels selon la doctrine gouvernementale. L’École est également prise en mains avec la modification des programmes scolaires, l’épuration du corps enseignant et la suppression des Écoles normales. 

Enfin, les médias sont largement utilisés par le nouveau régime. Presse, radio, informations cinématographiques sont sous surveillance et censurés. Un Office de l’information (OFI) abreuve les journaux de consignes précises sur les nouvelles à diffuser, à mettre en valeur ou, au contraire, à dissimuler. Une propagande omniprésente s’évertue à populariser la Révolution nationale, les actions du gouvernement, et le culte du Maréchal.

Auteur(s): Robert Mencherini

Plan de l'expo

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Bibliographie

Actualités

Presses et radios officielles haut ▲

Restrictions et contraintes haut ▲

Restrictions des libertés et contraintes de toutes sortes s'abattent sur la population française. Certaines sont liées aux conditions de la convention d'armistice et aux exigences de l'occupant comme le rationnement qui, avec les années,pèse de plus en plus lourdement. D'autres sont liées à l'idéologie de la révolution nationale, misogyne, familialiste et corporatiste. Elles touchent les femmes, les salarié.e.s et tous ceux qui tombent sous le coup de la politique xénophobe par le biais des dénaturalisations et des interdictions professionnelles.

 

Auteur(s) : Sylvie Orsoni

Propagande et censure haut ▲

Propagande et censure sont utilisées sans limite par le gouvernement de Vichy pour enraciner la Révolution nationale, le culte du maréchal dans la population et interdire toute information dissidente. Les médias se plient à ces contraintes et deviennent les auxiliaires de l'Office français d'information. Ils relatent avec zèle les déplacements des responsables gouvernementaux qui donnent lieu à des mises en scène à grand spectacle, le paroxysme étant atteint quand le maréchal se déplace en personne. Une attention particulière est également portée au traitement des informations concernant les troupes d'occupation afin d'écarter toute critique.

Auteur(s) : Sylvie Orsoni

Mesures de surveillance et de contrôle haut ▲

Le gouvernement de Vichy entend exercer un contrôle absolu sur la population. Si la propagande et la censure permettent de museler les médias, des mesures spécifiques, allant de la révocation à l'internement, frappent certaines catégories de population qui constituent « l'Anti-France », Juifs, communistes, Francs-maçons, étrangers et tous ceux qui incarnent l'ancien régime républicain, élus de tout niveau, militants syndicalistes ou laïques. Le « service du contrôle technique (sic) des Renseignements généraux », sous ce terme pudique, intercepte courriers et conversations téléphoniques. Dans ce contexte, certains assouvissent de vielles rancœurs ou trouvent un exutoire à leur frustration en dénonçant, le plus souvent anonymement, leur prochain aux autorités.

 

Auteur(s) : Sylvie Orsoni

Répression de la Franc-Maçonnerie haut ▲

Francs-Maçons et Juifs constituent une des obsessions de l'extrême-droite et plus largement des conservateurs. Considérés par Charles Maurras comme les piliers de « l'Anti-France », ils sont rendus responsables des maux qui frappent le pays. L'Église catholique se montre particulièrement hostile à la franc-maçonnerie et interdit à ses membres d'y adhérer.  Les francs-maçons sont accusés, pas toujours sans fondement, de favoriser les carrières des leurs au détriment des catholiques. Les rituels mystérieux de leurs réunions réservées aux seuls initiés alimentent tous les délires complotistes. Lieu d'une sociabilité majoritairement masculine, les loges maçonniques qui se développent à la fin du XIXe siècle regroupent les partisans d'une république laïque, souvent radicaux ou socialistes modérés. Le médecin, l'instituteur, le commerçant dans les petites villes et les villages s'opposent aux curés et aux notables conservateurs.  En conséquence, le gouvernement de Vichy fait de l'éradication de la franc-maçonnerie une de ses priorités

Aussi dès le 13 août 1940, à peine un mois après l'arrivée au pouvoir du maréchal Pétain, une loi interdit « les sociétés secrètes ». Si le mot n'est pas prononcé, c'est la franc-maçonnerie qui est visée. Un décret du 19 août 1940 lève toute ambiguïté en prononçant la dissolution de deux obédiences maçonniques, la Grande Loge de France et le Grand Orient de France. Les fonctionnaires doivent s'engager par écrit à rompre tout lien avec la franc-maçonnerie, s'ils en ont fait partie et à ne pas y adhérer à l'avenir. Un refus ou une dissimulation entraîne la révocation. Les fausses déclarations sontpunies de peines de prison et d'amendes. Immédiatement les préfets doivent veiller à l'application de la loi dans les administrations et services publics sous leur autorité. Les Allemands, en zone occupée, se montrent tout aussi répressifs. Dans les deux zones, les locaux sont perquisitionnés, mis sous séquestre et les archives saisies bien que nombre d'entre elles aient été détruites. En avril 1941 un service des sociétés secrètes est créé ainsi qu'une police des sociétés secrètes. Le 11 août 1941, une seconde loi aggrave la répression en décidant la publication au Journal Officiel du nom et de l'adresse des dignitaires francs-maçons, les livrant ainsi à la vindicte publique. Les chefs d'administration doivent vérifier qu'aucun maçon clandestin ne figure encore dans leurs effectifs. Les services de police et de gendarmerie reçoivent dénonciations et demandes d'enquête.  Ils exécutent les ordres avec un zèle mesuré qui suggère que les mesures antimaçonniques rencontraient moins d'adhésion que  celle frappant les Juifs ou les communistes.

 

Auteur(s) : Sylvie Orsoni