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Pour le chef de la censure régionale du sud-est une presse soumise mais médiocre

Légende :

Rapport hebdomadaire du chef de la censure régionale du sud-est au chef des services centraux de la censure, 31 octobre 1941

Genre : Image

Type : Rapport administratif

Producteur : MUREL PACA

Source : © © Archives départementales des Bouches- du-Rhône 72 W 3 Droits réservés

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Le gouvernement de Vichy instaure dès son installation une censure méticuleuse des médias, en particulier de la presse écrite (voire contexte historique).

            Dès le premier paragraphe, le responsable de la censure pour le sud-est de la France évoque en termes feutrés l'efficacité de la réunion de cadrage que le Secrétaire général à l'Information a tenu à Vichy à destination des responsables de la presse écrite. Le deuxième paragraphe développe le même thème : les directeurs de journaux collaborent à « la grande œuvre de redressement national », c'est-à-dire à la Révolution nationale.

            Le reste du rapport est moins positif : la médiocrité des articles publiés dans la presse de province ne met pas en valeur les réformes gouvernementales. La promulgation de la charte du travail illustre le problème : elle a été abondamment commentée comme les services de la propagande l'imposaient mais «ces articles ont trop souvent pris la forme d'un pensum. Ils ont peu cherché à persuader, à convaincre...ce n'est certainement pas par eux que les masses ouvrières auront connu l'ère nouvelle d'ordre, de justice et de travail qui s'ouvre pour elles. »

            Le dernier paragraphe montre que l'office français d'information envoie aux journaux des directives précises sur le contenu et la forme des thèmes à traiter.

            Le chef du service régional du sud-est ne peut se demander si ce résultat décevant n'est pas la conséquence d'une presse sous contrôle et de journalistes aux ordres.

 

 

 


                                                                                                         Sylvie Orsoni

Contexte historique

Le gouvernement de Vichy a très tôt créé les instruments de contrôle et de censure de toute information : un secrétariat à l'information (loi du 15 juillet 1940) puis l'Office français d'information (loi du 25 novembre 1940). L'étouffement de toute voix discordante ne suffit pas. Il faut enraciner le nouveau régime dans la population et pour cela développer la propagande. Les journaux reçoivent donc des directives très précises sur le contenu(éléments de langage fournis par l'agence Havas devenue agence gouvernementale) et la forme des informations qu'ils diffusent(mise en page, grosseur des titres, fréquence du thème à traiter). En février 1941 l'amiral Darlan remplace Pierre Laval à la tête du gouvernement. Paul Marion, membre du Parti populaire français(PPF) de Jacques Doriot depuis 1936 est le rédacteur en chef de l'Emancipation nationale, journal du PPF. Il dirige à partir de février 1941 l'Office français d'information. L’historien Denis Peschanski illustre la conception qu'a Paul Marion de l'information qui déclare « Personne n'aurait l'idée de discuter d'un problème de mathématique ou d'une formule de chimie. Or à certaines époques, les conclusions qu'imposent les événements forment une résultante tout aussi indiscutable. ». La presse écrite de la zone sud est pour lui l'instrument légitime de la Révolution nationale. Paul Marion qui demeure jusqu'à Sigmaringen (mai 1945) aux côtés du maréchal Pétain est condamné en 1948 à 10 ans de prison mais gracié en 1953 pour raison médicale.

 


                                                                                                          Auteure : Sylvie Orsoni

Sources

Mencherini Robert, Vichy en Provence, Midi Rouge, ombres et lumières, tome 2.,Paris, Syllepse, 2009.

Peschanski Denis, Une politique de la censure ?,Cahiers de l'Institut du Temps présent, n°8 juin 1988. Politiques et pratiques culturelles de la France de Vichy, pp. 41-53.