Rol-Tanguy et son état-major

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection famille Schweitzer Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

La photo a été prise dans le bureau du colonel Rol-Tanguy, à l’Ecole primaire de la rue des Feuillantines (Paris 5e), où l’état-major régional (EMR) FFI Ile-de-France s’est installé le 28 août 1944. Elle est donc postérieure à la Libération de Paris. Selon Cécile Rol-Tanguy, elle a été prise en septembre 1944.

De gauche à droite :
- Pierre Robert (Réa), ingénieur du métro, capitaine d’artillerie de réserve, 2e bureau,
- Scarpazza (Fabrice), capitaine de réserve, 3e bureau,
- Pornot (Leparc), ingénieur mécanicien de la marine, 4e bureau,
- Avia (Canon), lieutenant-colonel d’artillerie, chef d’état-major depuis le départ de Roger Cocteau (Gallois) envoyé en mission pour joindre l’armée alliée,
- Jung, FTP qui fut quelque temps affecté à l’EMR, après la libération de Paris,
- Robert Villate (Rethal), lieutenant colonel d’infanterie, chef d’état-major adjoint,
- Maurice Liez, FTP qui fut quelque temps affecté à l’EMR, après la libération de Paris,
- Scolari, FTP qui fut quelque temps affecté à l’EMR, après la libération de Paris.


La photo n’est pas entièrement représentative de ce que fut l’EMR pendant l’insurrection parisienne. Les 3 FTP n’en étaient pas membres. Nous n’avons pas de renseignements sur les conditions de leur désignation après la libération de Paris. De l’EMR de Denfert, il manque l’adjudant de réserve Van der Meersch (Delalande), 1er bureau, et le lieutenant de chasseurs de réserve Kergall (Larcouest), 2e bureau.


AUTEUR : Roger Bourderon,
SOURCES : Témoignage de Cécile Rol-Tanguy.
Bourderon Roger, Rol-Tanguy, Ed. Tallandier, p. 27

Contexte historique

Dans le courant de l'automne 1943, commence le processus d'unification des forces armées de la Résistance qui conduit en février 1944 à la création des FFI (Forces françaises de l'Intérieur), dotées d'un État-Major national (EMN), d'États-majors régionaux (EMR) et départementaux (EMD). Placées sous l'autorité du général Koenig, chef d'État-Major des forces françaises libres, les FFI relèvent de la responsabilité du COMAC, le comité militaire du CNR, et du Délégué militaire national (DMN) Chaban (Chaban-Delmas), assisté de Délégués militaires régionaux (DMR) et départementaux (DMD).

Dans un premier temps, Paris et la région parisienne font partie d'une vaste région, dite P ou Condor, qui s'étend de l'Eure-et-Loir à l'Allier, et dont le colonel Robert Fouré, officier de la Coloniale, membre de Libération Nord, est de fait chef d'État-Major. Il élabore des projets d'action et met en place un état-major dans lequel on trouve une partie du futur EMR de l'insurrection parisienne, dont Roger Cocteau (Gallois) et Henri Tanguy (Rol). L'action immédiate est un objectif important de cette première structure FFI, comme l'atteste la désignation du FTP Henri Tanguy à la tête du 3e bureau, celui des opérations. Arrêté le 17 mai 1944, Robert Fouré est déporté et meurt à Dora le 27 avril 1945.

Au printemps 1944, suite à une restructuration dont les raisons ne sont pas connues, la région P disparaît. La région P1 (Paris, Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise) est désormais la structure FFI de l'Ile-de-France. Son existence autonome fait au départ débat car le général FFI Dejussieu, chef de l'EMN issu de l'Armée secrète, souhaite exercer lui-même son commandement, vu son importance politique et stratégique essentielle. Dejussieu arrêté le 15 mai, le COMAC évoque la question : Jean de Voguë (Vaillant, CDLR) se prononce pour un commandement spécifique, mais qui serait confié au DMR, le capitaine de frégate Sonneville (Montrose), dont Henri Tanguy serait le chef d'État-Major. Les deux autres membres permanents du COMAC, Maurice Kriegel, (Valrimont, Action ouvrière) et Pierre Villon (Front national), refusent que P1 échappe de fait à la hiérarchie FFI. Le 1er juin, les responsables militaires de P1, élisent à l'unanimité Henri Tanguy (Rol) chef régional, grâce à la voix de Gallois (CDLR). Quand, le 5 juin, le COMAC ratifie cette décision, Vaillant insiste pour que Rol soit pleinement chef FFI, traite également chaque organisation, et pour que les FTP soient vraiment intégrés dans les FFI - écho des réelles réticences du commandement FTP à l'égard des FFI, qu'atteste notamment un rapport du 6 mai de Georges Tessier (Sorbier), adjoint de Marcel Prenant au Comité militaire national FTP. Ces difficultés seront, parmi d'autres, source de tension dans plusieurs départements de P1. Rappelons au passage que Charles Tillon ne met officiellement les FTP parisiens à la disposition des FFI que le 5 août dans une lettre à Rol, tout en demandant à celui-ci de prendre ses consignes auprès du commandement FTP. Mais, dès sa désignation, Rol affiche sa volonté d'avoir un commandement FFI autonome et efficace. Dans son premier ordre général (1er juin), il s'inscrit dans le cadre des exigences de la guérilla et dans une logique militaire visant à doter l'État-major régional (EMR) des moyens de diriger effectivement les FFI. Il lui restera, au milieu d'obstacles divers, à montrer sa capacité à réaliser cet objectif.

Après la désignation du chef régional, tout reste à faire pour organiser les FFI de la région. Les problèmes sont multiples, car rien n'est simple dans la dialectique complexe entre solidarité de combat, rivalités et désaccords qui marquent les rapports entre groupes résistants. Définitivement constitué courant juin, l'état-major régional de P1 compte de nombreux officiers :

- le capitaine de réserve Cocteau (Gallois), chef d'état-major [voir média lié], a pour adjoint le lieutenant-colonel d'infanterie Villate (Rethal) [voir média lié] ;
- l'adjudant de réserve Van der Meersch (Delalande) est chef du 1er bureau (effectifs) [voir média lié] ; 
- le lieutenant de chasseurs de réserve Kergall (Larcouest) du 2e (renseignement) [voir média lié] ;
- l'ingénieur du métro, capitaine d'artillerie de réserve, Réa (commandant Robert Pierre), est son adjoint [voir média lié] ;
- le lieutenant-colonel d'artillerie Avia (Canon), ancien élève de l'École polytechnique, est chef du 3e bureau (opérations) et a pour adjoints le capitaine du génie de réserve Trutié de Varreux (Brécy) et le capitaine de réserve Scarpazza (Fabrice) [voir média lié]  ;
- l'ingénieur mécanicien auxiliaire de la marine Pornot (Leparc), est chef du 4e bureau (services) [voir média lié] .


Roger Bourderon, "L'état-major régional FFI de la région parisienne de sa création à la percée d'Avranches (février-juillet 1944)" in Le Patriote Résistant, mai 2009

Biographie de Victor Scarpazza par Fabrice Bourrée (source : SHD 16P538588)