L'organisation militaire de la Résistance en Ile-de-France

Le général Jacques Chaban-Delmas, délégué militaire national, est le responsable militaire du Gouvernement provisoire (GPRF), placé sous l’autorité du général Koenig, commandant en chef des FFI resté à Londres pour coordonner les opérations avec celles des Alliés. Il est chargé de subordonner toute l’action militaire de la Résistance au général Koenig. Le Comité d’action militaire (COMAC), organisme de direction de commandement des FFI rattaché au CNR depuis mai, est composé de trois membres : Pierre Villon (Front national), Maurice Kriegel 'Valrimont' (MUR), et le commandant Jean de Vogüe "Vaillant" (mouvements de zone Nord). Au niveau national, le chef d'état-major FFI est Alfred Malleret-Joinville.

Lors de la création des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) le 1er février 1944, résultant de la fusion théorique de l’Armée secrète, des Francs-Tireurs et partisans et de l’Organisation de Résistance de l’armée, la France a été divisée en 12 régions militaires et des chefs militaires et régionaux ont été désignés. L’intensification de la répression allemande et de celle du gouvernement de Vichy avec l’installation de la milice en zone Nord, décime les rangs de l’état-major FFI en Ile-de-France. Dejussieu-Poncarral est arrêté en mai puis le commandant Lefaucheux début juin. Le 5 juin, le colonel Henri Tanguy, "Rol", lui succède à la tête des FFI de la région parisienne. Il dispose d’un adjoint pour le département de la Seine, le colonel de Marguerittes, alias « Lizé », officier de carrière, résistant de l’Organisation civile militaire. 

La mise en place des structures départementales FFI de P1, qui s'étale sur plusieurs semaines, est loin d'être simple. La représentation des mouvements constitue l'un des problèmes les plus difficiles. Le chef régional donne son accord final aux désignations mais elles reviennent initialement aux mouvements et le cas échéant les Délégués militaires interviennent aussi. Fin juillet, chefs et états-majors départementaux sont pour l'essentiel en place dans la Seine (colonel de Marguerittes - "Lizé", OCM), en Seine-et-Oise Nord (Philippe Viannay - "Philippe" - de Défense de la France) et en Seine-et-Oise Sud (Pélissier - "Forestier, Duroc" - de Libération Nord, qui sera remplacé par Jacques Pastor - Front national - le 15 août). En Seine-et-Marne, les chefs départementaux des FFI sont successivement Jacques Desbois jusqu'à son arrestation le 24 juillet 1944, puis Hubert Desouches.

Auteur(s): Fabrice Bourrée
Source(s):

Roger Bourderon, "L'état-major régional FFI de la région parisienne de sa création à la percée d'Avranches" in Le Patriote Résistant, mai 2009.
Christine Levis

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La délégation militaire haut ▲

À la suite de l'arrestation du chef de l'Armée secrète, le général Delestraint, le 9 juin 1943 à Paris, les responsables du BCRA décidèrent de revenir sur l'organisation centralisée et pyramidale de l'action militaire que Delestraint avait commencé à mettre en place, et de s'engager dans une voie nouvelle, celle de la décentralisation. Douze régions militaires autonomes furent créées et placées sous la responsabilité de Délégués militaires régionaux (DMR). Selon le projet du BCRA, les DMR ne devaient pas exercer de fonctions de commandement mais être plutôt des conseillers techniques, de façon à ne pas heurter les chefs des organisations locales de résistance. 

Le 10 mars 1944, le général de Gaulle créa officiellement la fonction de Délégué militaire national et y nomma le colonel Ely. À son arrivée en France, celui-ci constata son défaut d'information et les compétences du DMN par intérim, Jacques Delmas (Chaban). Il décida de s'effacer derrière ce dernier et de n'être que son second, le colonel Rondenay étant Délégué militaire pour la zone Nord et le colonel Bourgès-Maunoury étant Délégué militaire pour la zone Sud. C'est avec Chaban, et sous l'égide du nouveau Délégué général Alexandre Parodi, que la Délégation militaire trouva son organisation définitive. Le DMN s'intégra purement et simplement à la Délégation générale, et avec lui le lien avec les DMZ, les DMR et les DMD (délégués militaires départementaux). L'ensemble du dispositif était placé sous les ordres du général Koenig nommé le 28 mars délégué militaire du CFLN pour le théâtre d'opérations nord, c'est-à-dire, entre autres, commandant en chef des FFI.

Le 1er juin 1944, la BBC entreprit de diffuser les messages par lesquels tous les plans de sabotage et de lutte armée devaient être mis en œuvre dans les douze régions militaires et par tous les réseaux sous contrôle britannique. La réponse de la France résistante fut alors remarquable par son étendue et par ses résultats. À la fin du mois de juin cependant, compte tenu de l'ampleur des représailles exercées par les nazis et du piétinement des armées alliées en Normandie, le général Koenig décida de reporter le déclenchement de l'insurrection nationale. Il appartint au DMN Chaban, soutenu par Parodi, d'imposer cette décision au COMAC. Par ailleurs, dans l'effervescence militaire de juin-juillet-août 1944, le DMN, les DMZ et les DMR eurent fort à faire pour maintenir un semblant de coordination dans l'action paramilitaire, et ce alors que les volontaires affluaient dans les maquis et que l'EMFFI du général Koenig prenait la décision de décentraliser encore plus les actions de guérilla (envoi des jedburghs et recours aux SAS).

A la veille de l'insurrection parisienne, l'organigramme de la Délégation militaire en Ile-de-France était le suivant :
Déléguré militaire de zone Nord et de la région P : André Rondenay
Délégué militaire de la région P1 : Pierre Sonneville
Délégués militaires départementaux : Gérard Gaussen (Cosinus) pour la Seine-et-Oise Nord ; Ségur (Duroc) pour la Seine-et-Oise Sud et Henri Bouteiller pour la Seine-et-Marne.

Il restait à la Délégation militaire à apporter sa pierre à la libération de Paris. Conforté par un voyage à Londres début août 1944, le DMN Jacques Chaban-Delmas s'efforça, avec Alexandre Parodi, de retarder le plus possible le déclenchement de l'insurrection parisienne. Le 19 août, la décision finit par échapper aux deux hommes. Le 20, avec Léo Hamon et le colonel Ély, et sous l'égide du consul général de Suède Raoul Nordling, le DMN négocia une trêve avec les Allemands. Le 22, soucieux comme Parodi de préserver l'unité de la Résistance, il cautionna la rupture de la trêve. Le 24 au soir, à la Préfecture de Police, en compagnie de Parodi, des principaux membres de la Délégation générale ainsi que du nouveau préfet Luizet, il accueillit l'avant-garde de la 2e DB en la personne du capitaine Dronne. Le 25 août en début d'après-midi, au côté du général Leclerc, il reçut la reddition du général von Choltiz. Dans l'intervalle, le 22 août, le général Koenig avait été nommé gouverneur militaire de Paris.


Source(s) :

Guillaume Piketty in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Le COMAC haut ▲

Le COMAC, ou Comité militaire d'action, a d'abord été créé en février 1944, sous le nom de COMIDAC, par le Comité central des mouvements de résistance. Le CCMR réunissait, en dehors du CNR, les huit mouvements qui y étaient représentés. La création du COMIDAC répondait à la volonté d'organiser et de diriger l'action de toute la Résistance, l'action immédiate comme l'action au jour J. Cet organe de commandement comprenait trois membres, un délégué des mouvements de chaque zone et un délégué du Front national. Mais, coupé du CNR, cet organe de commandement manquait de la légitimité politique que le Conseil avait acquise en raison même des caractéristiques qui avaient suscité la critique initiale des mouvements : sa liaison avec le CFLN et sa composition ouverte aux partis politiques. En mai 1944, le COMIDAC décida de se rattacher au CNR. Par une décision du Conseil du 13 mai, il devint le COMAC (pour éviter la confusion avec le COMIDAC d'Alger, comité interministériel du CFLN).

Ses trois membres étaient Villon, rapporteur du COMAC auprès du CNR, Vogüé, l'un des dirigeants de CDLR, représentant la zone Nord, et Kriegel-Valrimont pour le MLN, essentiellement constitué en zone sud. Commission militaire du CNR, le COMAC reçut en même temps le titre "d'organe suprême de commandement des FFI". Dès sa formation, le COMAC fut l'objet de deux sortes de critiques. La première tint à sa composition. Deux membres sur trois étaient en effet communistes (Villon) ou proche du PC (Kriegel-Valrimont), proportion qui n'était pas représentative de la répartition des forces armées de la Résistance. En outre, le troisième membre, Jean de Vogüé, quoique industriel et homme de droite, se trouvait en parfait accord avec les précédents. Comme eux, il était partisan "d'éviter la main-mise exclusive du commandement allié sur les FFI", de "faire triompher l'insurrection nationale", de "prouver ainsi que la Résistance française a été capable de concevoir et de réaliser avec l'appui de tout le peuple français entraîné par les appels du CNR, la libération intégrale de la plus grande partie du territoire". Aristocrate d'origine, il ne craignait pas de se référer à 1793. Cette convergence des cultures insurrectionnelles assurait la cohésion du COMAC, mais suscitait aussi les critiques des membres du CNR, du Parti socialiste comme des autres mouvements de zone nord, qui craignaient les représailles sur la population civile et souhaitaient que l'insurrection ne soit pas déclenchée sans coordination préalable avec les Alliés.

En outre, la création du COMAC instituait, sur le papier du moins, une dualité du commandement. Le 4 avril précédent, par décret du CFLN, le général Koenig avait été nommé commandant en chef des FFI, en même temps que commandant des forces françaises stationnées en Grande-Bretagne. Acceptée par les délégués civil et militaire du CFLN tant que le débarquement n'avait pas eu lieu, la dualité formelle suscita une crise à partir du 6 juin. Menée entre le DMN et le COMAC, la négociation déboucha sur un compromis entériné au CNR le 17 août 1944. Le COMAC accepta d'agir "par délégation du général Koenig" et de faire exécuter ses ordres "par priorité". En contrepartie, les DMR devenaient de simples officiers de liaison au service des FFI. En cas de désaccord grave entre le COMAC et le DMN, l'arbitrage reviendrait au CNR. C'est ce qui allait se produire trois jours après la conclusion de l'accord, au moment de la trêve.

Le rôle du COMAC dans la libération de la France est difficile à mesurer. Ne disposant pas de moyens de communication, il a certainement plus influé sur le moral des FFI et sur leur ardeur au combat que sur le déroulement concret des opérations. A l'échelle de Paris, cependant, son rôle pratique est certain. Sa résistance à la trêve a reposé sur une expérience de terrain : Villon s'était placé auprès de Malleret-Joinville, le chef de l'EM-FFI, Kriegel-Valrimont auprès de Rol-Tanguy, commandant FFI pour la Région parisienne, et Vogüé auprès du colonel Lizé qui commandait les FFI de la Seine. La participation directe du COMAC aux combats parisiens a également permis à Kriegel-Valrimont d'obtenir du général Leclerc que Rol-Tanguy co-signe l'acte de reddition du général Von Choltitz, le 25 août 1944. Là, le symbole rejoignit la réalité. Convaincu de "représenter la nation dans le cadre de la légalité nouvelle, née de la Résistance et de l'insurrection nationale", le COMAC tenta de poursuivre son action au-delà de la libération de Paris. Il s'opposa à la décision du général de Gaulle, prise dès le 28 août, de dissoudre les états-majors FFI et d'en verser les forces dans l'armée régulière. Par l'accord conclu le 12 septembre avec le GPRF, il obtint la création d'une direction FFI au sein du ministère de la Guerre, et d'être constitué en un Comité auprès du ministre "chargé avec lui" des décisions relatives aux FFI et à l'armée en général. Croisant le fer à plusieurs reprises avec le ministre, le COMAC finit par disparaître en janvier 1945 lorsque le Comité central du PCF appela au "retour à l'ordre républicain" et que le GPRF supprima la direction FFI du ministère de la Guerre. 

Source(s) :

Claire Andrieu in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

L'état-major national FFI haut ▲

Les Forces françaises de l’intérieur (FFI) naissent de l'accord signé le 29 décembre 1943 entre les représentants de l'Armée secrète (AS), des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) et par Louis-Eugène Mangin, qui fait fonction de délégué militaire national du Comité français de la Libération nationale. Il établit qu'à la base les unités conservent leur indépendance ; ce sont les commandements qui sont unifiés, au niveau départemental, régional et national. Le 26 février 1944, l'Organisation de Résistance de l'Armée (ORA) est intégrée dans les FFI. Ceux-ci fédèrent alors l'essentiel des formations militaires.

En mars 1944 est mis en place l'État-major national FFI (EMN-FFI) placé sous le contrôle du Comité militaire d'action (COMAC) qui lui donne ses directives, nettement en faveur de l'action immédiate. En mai 1944, Alfred Malleret (Joinville), ancien responsable régional de Libération-Sud puis des Mouvement unis de Résistance pour la région de Lyon, en prend le commandement.

La nomination par de Gaulle du général Koenig à la tête de l'État-major FFI (EMFFI), constitué fin avril 1944 et installé à Londres (différent de l'EMN-FFI de Paris), n'a guère d'incidence pratique sur le commandement de la Résistance militaire en France. L'existence de l'EMFFI de Koenig permet de faire évoluer les relations avec les Alliés principalement américains qui sont satisfaits de trouver en ce général respecté un interlocuteur « régulier» qu'Eisenhower reconnaît comme commandant en chef des FFI le 30 mai 1944. Ce faisant, il reconnaît en outre aux FFI le statut d'une « armée régulière » placée sous le contrôle direct des Français, intégrée dans le dispositif allié. L'ordonnance du Gouvernement provisoire du 9 juin 1944 désigne les Forces françaises de l'intérieur comme « parties intégrantes de l'armée française ».

Revenant sur le terrain des combattants FFI, il faut remarquer que longtemps après la « fusion » au sommet, les unités combattantes, qu'elles relèvent de l'AS, des FTP ou de l'ORA, conserveront leur personnalité, leurs choix stratégiques et pendant longtemps leur autonomie d'action. Cependant, le processus d'unification se met à l'œuvre sous l'influence de plusieurs facteurs. D'abord, l'action des chefs départementaux et régionaux FFI qui, souvent, constituent de véritables états-majors unifiés au sein desquels les cadres apprennent à se connaître et qui par une attribution équitable des moyens matériels (notamment en armes) facilitent la perception de l'intérêt de l'unification. Par ailleurs, l'intensification de la lutte armée comme de la répression obligent à une coordination toujours plus poussée afin d'assurer la sécurité des troupes et de garantir l'efficacité de leur action. Enfin, la base pousse spontanément - et vivement - à l'unité, surtout les nouvelles recrues. Majoritaires après le 6 juin, et peu sensibles aux « étiquettes » anciennes, celles-ci sont portées par la dynamique de la « levée en masse ». Dans ces conditions, peu connu avant le 6 juin, le sigle FFI s'impose très vite chez les combattants au point que les unités elles-mêmes se dénomment désormais très souvent « AS-FFI » ou « FTPF-FFI », affichant ainsi leur appartenance commune.

Auteur(s) : Fabrice Bourrée
Source(s) :

Dictionnaire historique de Résistance, sous la direction de MARCOT François, 2006, Robert Laffont, article « Forces Françaises de l’Intérieur », pages 185-186.

L'état-major régional FFI Ile-de-France haut ▲

Au printemps 1944, suite à une restructuration dont les raisons ne sont pas connues, la région P disparaît. La région P1 (Paris, Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise) est désormais la structure FFI de l'Ile-de-France. Le 1er juin, les responsables militaires de P1, élisent à l'unanimité Henri Tanguy (Rol) chef régional. La décision est ratifiée par le COMAC le 5 juin. Dès sa désignation, Rol affiche sa volonté d'avoir un commandement FFI autonome et efficace. Dans son premier ordre général (1er juin), il s'inscrit dans le cadre des exigences de la guérilla et dans une logique militaire visant à doter l'État-major régional (EMR) des moyens de diriger effectivement les FFI.

Après la désignation du chef régional, tout reste à faire pour organiser les FFI de la région. Les problèmes sont multiples, car rien n'est simple dans la dialectique complexe entre solidarité de combat, rivalités et désaccords qui marquent les rapports entre groupes résistants. Définitivement constitué courant juin, l'état-major régional de P1 compte de nombreux officiers : le capitaine de réserve Cocteau (Gallois), chef d'état-major, a pour adjoint le lieutenant-colonel d'infanterie Villate (Rethal) ; l'adjudant de réserve Van der Meersch (Delalande) est chef du 1er bureau (effectifs), le lieutenant de chasseurs de réserve Kergall (Larcouest) du 2e (renseignement) ; l'ingénieur du métro, capitaine d'artillerie de réserve, Réa (commandant Robert Pierre), est son adjoint ; le lieutenant-colonel d'artillerie Avia (Canon), ancien élève de l'École polytechnique, est chef du 3e bureau (opérations) et a pour adjoints le capitaine du génie de réserve Trutié de Varreux (Brécy) et le capitaine de réserve Scarpazza (Fabrice) ; l'ingénieur mécanicien auxiliaire de la marine Pornot (Leparc), est chef du 4e bureau (services).

Source(s) :

Roger Bourderon, "L'état-major régional FFI de la région parisienne de sa création à la percée d'Avranches (février-juillet 1944)" in Le Patriote Résistant, mai 2009

L'organisation des FFI du département de la Seine haut ▲

Le département de la Seine est placé sous le commandement du colonel de Marguerittes ("Lizé") qui avait succédé à Lepercq puis Lefaucheux, tous deux arrêtés par la Gestapo avec leurs états-majors. L'état-major départemental, commandé par Raymond Massiet ("Dufresne"), également chef des 1er et 4e Bureaux, comprenait :
- Gustave Avisse, "Lebert" (capitaine FTP, chef du 3e Bureau)
- Lucien Chauvet, "Hulin" (FTP, adjoint au chef du 3e Bureau)
- Capitaine Tixier, "Thiébault" (chef du 2e Bureau).

Parmi les membres de l'état-major, citons également Jean de Vogüe, l'un des trois dirigeants du COMAC ; Pierre Sausseau, officier de liaison entre l'état-major régional FFI Ile-de-France et l'état-major départemental de la Seine.

L'état-major départemental était soumis aux directives de l'état-major régional, commandé par le colonel Rol-Tanguy. 

Le département est divisé en quatre secteurs FFI :

- secteur Nord (lieutenant-colonel Robert Pedoussaut dit "Suchet")
- secteur Sud (lieutenant-colonel Pierre Britch dit "Dujardin")
- secteur Est (lieutenant-colonel Serge Lhermitte dit "Bourgoin")
- secteur Ouest (commandant Heymann alias "Bertrand" puis à partir du 23 août 1944 commandant Gouraud alias "Duroc").

Auteur(s) : Fabrice Bourrée
Source(s) :

Raymond Massiet, La préparation de l'insurrection et la bataille de Paris, Fayot, 1945.

Les FFI en Seine-et-Oise haut ▲

En juin 1944, la subdivision FFI de Seine-et-Oise est dissoute. Rol-Tanguy souhaitait diviser le département en trois secteurs, un au Nord et deux au Sud, avec un état-major départemental. Malleret-Joinville, chef du COMAC, préféra le découper en deux commandements rattachés directement à l'état-major régional comme il le précise dans une note adressée à Rol le 22 juin 1944.

Le territoire de Seine-et-Oise fut donc divisé en deux départements FFI : Seine-et-Oise Nord pour la rive droite de la Seine, Seine-et-Oise Sud pour la rive gauche. Au point de vue commandement, Seine-et-Oise Nord est commandée par Philippe Viannay (ancien chef du secteur de Pontoise) et Seine-et-Oise Sud par le lieutenant-colonel Pélissier (ancien chef du secteur de Versailles). La coordination des deux départements est confiée au lieutenant-colonel Pastor (ancien chef de la subdivision de Seine-et-Oise qui vient d'être dissoute) représentant le colonel Rol auprès des chefs départementaux et représentant des FFI au Comité départemental de libération. Il a pour adjoint le commandant Logeais. Le 15 août 1944, Pastor est nommé par le COMAC responsable FFI de Seine-et-Oise Sud en remplacement de Jean Pélissier.

La Seine-et-Oise connut quelques particularités. Le secteur Est de Seine-et-Oise, nominalement rattaché à Seine-Est n'eut pas de commandement effectif. L'AS du colonel Longchambon et le groupe du commandant Picard dans la région du Raincy furent sans liaison avec Pastor et agirent de façon autonome. Beaucoup de groupements FTP dépendaient directement du commandement régional FTP sans avoir de liaison avec les secteurs ou les départements FFI. Les groupes de la forêt de Sénart (capitaine Koch), de Villeneuve-Saint-Georges (capitaine Ouadec) et de Sucy-en-Brie (lieutenant Jeudy) se rattachèrent directement au commandement de Seine-et-Oise Sud. Enfin, dernière particularité à souligner, Saint-Cloud se plaça sous le commandement de Seine-Ouest.

Auteur(s) : Fabrice Bourrée
Source(s) :

Archives départementales des Yvelines, J 2745 (rapport du lieutenant-colonel Pastor, non daté), 1 W 417 (libération du département).
Service historique de la Défense, 13 P 138 (dossiers d'homologation des unités FFI de Seine-et-Oise).
Henri Rol-Tanguy et Roger Bourderon, Libération de Paris : les 100 documents, Paris, Hachette, 1994.

Les FFI en Seine-et-Marne haut ▲

Le 14 juin 1944, l'état-major national des FFI décide de supprimer les subdivisions intermédiaires entre la région et les départements, afin de faciliter les liaisons directes entre ces deux échelons. Rol-Tanguy propose à Yves Masiée alors responsable militaire de la subdivision FFI Oise /Seine-et-Marne de devenir sous-chef d'état-major à la région, chargé des questions de son ex-subdivision. Finalement, Masiée est affecté à l'état-major régional comme officier de liaison des départements de l'Oise et de la Seine-et-Marne.

Le commandement départemental des FFI est assuré par Jacques Desbois jusqu'à son arrestation en juillet 1944 puis par Hubert Desouches ("Dugas"). Louis Cortot est chargé des liaisons entre l'Etat-major FFI de Seine-et-Marne et celui de Paris. Parmi les chefs de secteurs, nous pouvons mentionner Gilbert Gaillardon, chef du secteur FFI sud Seine-et-Marne, et  Marcel Piat, commandant du sous-secteur FFI de Nemours.

Auteur(s) : Fabrice Bourrée

Les FTP en Ile-de-France haut ▲

Opposés aux consignes lancées à partir du 10 juin par le général Koenig, appelant à freiner la guérilla, les FTP prônent la levée en masse de la population. Ainsi, tout en multipliant les actions armées, ils protègent les manifestations populaires, notamment lors du 14 juillet. Ils encadrent les Milices patriotiques, particulièrement nombreuses dans les usines de la région parisienne, et qui, malgré le manque d'armes, réalisent de nombreux sabotages. 

Le 8 août, Charles Tillon place l'ensemble des FTP parisiens sous l'autorité directe de Rol-Tanguy.
A la veille de l'insurrection qu'annonce, le 10 août 1944, l'appel à la mobilisation placardé sur les murs au nom de l'état-major FTP de la région parisienne, André Ouzoulias, membre du Comité militaire national depuis 1942, assure la direction des trois inter-régions (IR) d'Ile-de-France. A ce titre, il est en relation directe avec Jung "Rochet", responsable de l'IR couvrant l'ouest et le sud des départements de la Seine et de la Seine-et-Oise, Scolari "Froger", en charge de l'IR Nord et Est, et Le Dréan "Ruaux", détaché en Seine-et-Marne. Qu'il s'agisse de gêner le reflux des troupes allemandes en provenance de Normandie ou du Centre ou d'ouvrir l'accès de Paris aux Alliés, les FTP sont convaincus de l'intérêt stratégique de la zone placée sous le commandement du colonel "Rochet". Aussi étoffent-ils les forces de l'IR par la venue de cadres aguerris, prélevés dans d'autres régions, tel que le colonel "Fabien". 

Le Comité militaire national lui confie, sous l'autorité de "Rochet", la responsabilité du sud du département de la Seine - Paris et banlieue -. A l'approche de l'insurrection, il assure également la direction d'un groupe de choc, le détachement de la garde, formé d'une trentaine d'hommes, affectés aux opérations difficiles aux quatre coins de l'agglomération. Fabien installe son PC avenue de Choisy, puis avenue d'Italie et rue Gandon. 

Le 17 août, Ouzoulias réunit dans sa planque de Champigny les principaux chefs FTP de la région ; au total, une trentaine de personnes. Cette réunion, calée entre le début de la grève de la police (15 août) et l'appel du Comité parisien de libération à l'insurrection (18 août), marque le franchissement d'un nouveau seuil dans l'intensification des combats. Le jour-même et le lendemain, des compagnies FTP commencent à s'emparer de certaines mairies de banlieue : Les Lilas, Montreuil, Bondy...

Lors de l'insurrection parisienne, les FTP s'illustrent particulièrement dans la réduction des poches de résistance allemandes. Aux côtés des chars de la 2e DB, ils sont à l'avant-garde des combats du jardin du Luxembourg et s'emparent de la caserne du Prince Eugène, place de la République. Après la libération de la capitale, ils participent au "nettoyage" de la banlieue parisienne. Ils se dissolvent en septembre 1944 au sein des unités FFI destinées à être amalgamées à l'armée française. Certains d'entre eux, à l'instar des membres de la colonne Fabien, poursuivront le combat jusqu'à la victoire finale.

Source(s) :

Axel Porin in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.
Michel Pigenet, Les "Fabiens", des barricades au front (septembre 1944-mai 1945), L'Harmattan, 1995.