Plan avec légende du ghetto de Varsovie pendant l'insurrection, avril-mai 1943

Légende :

Plan et légende du ghetto de Varsovie  réalisé pour le quarantième anniversaire de l'insurrection du ghetto de Varsovie montrant comment l'histoire officielle polonaise a présentée l'insurrection du ghetto de Varsovie. 1983

Type : Plan avec légende

Producteur : MUREL

Source : © © Département de la Presse, de la Coopération Culturelle et Scientifique du Ministère des Affaires é Droits réservés

Détails techniques :

 

Date document : 1983

Lieu : Pologne

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Ce document a été réalisé par le gouvernement polonais à l'occasion du quarantième anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie.

Signification des numéros du le plan : 

1.19 avril au matin : le premier combat

2.19 avril au matin ; le deuxième combat

3.19 avril : le drapeau rouge des insurgés

4. les combats du 19 au 21 avril. Le 21 avril un groupe d’insurgés passe par un tunnel sur le coté aryen.

5. le drapeau rouge sur le bunker 29,rue Mita. 20 avril lutte pour le bunker

6. les combats du 20 et 21 avril. Attaquede la Garde populaire de l’extérieur.

7. 20 avril : l’attaque de la Garde populaire de l’extérieur et des insurgés de l’intérieur.

8. 20 avril au matin : attaque contre une colonne ennemie.

9. les combats du 20 avril

10. 28 avril : la Garde populaire conduit un groupe des insurgés par les égouts.

11. 1…..3 mai : défense du bunker

12. Combat du 2 mai

13. 8 mai : le dernier combat de l’état major de l’insurrection 18, rue Mita

14. la nuit du 13 au 14 mai lors d’une attaque de représailles de l’aviation soviétique, attaque des insurgés contre les murs et celle de la Garde populaire de l’extérieur.

15. 16 mai : le batiment historique de la Grande Synagogue est sauté

16. un groupe des insurgés ayant réussi à quitter le ghetto à la deuxième moitié de mai a lutté contre la police allemande.

Les combats se déroulent essentiellement dans ce qui fut le petit ghetto ( voire contexte historique).Le plan indique les seules actions de la Garde populaire( communiste) car le document a été établi en 1983, lorsque la Pologne était une démocratie populaire. L'Armée de l'Intérieur( AK) qui était la principale force de résistance militaire et dépendait du gouvernement polonais en exil à Londres intervient également à plusieurs reprises pour aider les insurgés . Le Corps de sécurité polonais affilié à l'AK, fournit des armes à l'Association Militaire Juive (AMJ) .Le document ne prend pas en compte la diversité de la résistance juive dans le ghetto. Deux organisations dominaient . L'Organisation Juive de Combat (OJC), la plus nombreuse , est l'union de différents groupes sionistes, des bundistes( socialistes non sionistes) et du PPR( parti communiste polonais). L'Association Militaire Juive( AMJ), plus conservatrice socialement,  se constitue à partir d'anciens officiers juifs  qui ont gardé des liens très utiles avec leurs collègues de l'AK.

Le 19 avril, les Allemands pénètrent dans le ghetto et sont  pris sous le feu des combattants de l'OJC aux croisements des rues Mila et Zamenhofa, des rues Gesia et Nalewki. Les membres de l'AMJ attaquent les soldats  allemands place Muranowska. Le plan ne peut donner tous les mouvements des groupes d'insurgés qui pratiquent la guerilla urbaine et sont très mobiles.  Cette mobilité même amène le général SS Stroop à incendier le ghetto et détruire les immeubles et usines, seul moyen de faire sortir les populations de leurs cachettes. A partir du 23 avril, le ghetto est en feu, des gaz asphyxiants sont déversés dans tout ce qui pourrait  être une cache.

Le 8 mai, le bunker de l'Etat-major de l'OJC est cerné et attaqué au gaz asphyxiant. Les membres de la direction de l'OJC décident de se suicider.

Le 14 mai, au 26e jour du soulèvement, des bougies asphyxiantes sont déversées dans les égouts pour empêcher les combattants et les habitants  survivants de passer du côté « aryen ».

Le 16 mai, le général SS Stroop fait dynamiter la grande synagogue de la rue Tlomackie et déclare l'opération de liquidation du ghetto terminée.

Aucun témoignage n'indique que l'aviation soviétique a tenté une opération de représailles dans la nuit du 13 au 14 mai.

L'insurrection se déroule du 19 avril 1943, veille de la pâque juive et prend fin officiellement le 16 mai. Mais des combats sporadiques ont encore lieu en juin dans les ruines du ghetto.

Ce document indique comment l'histoire officielle polonaise du temps de la démocratie populaire présente l'insurrection du ghetto de Varsovie. Sont passées sous silence les actions de l'AK qui poursuivit la lutte après 1945 contre les Soviétiques et les communistes polonais et toutes les interrogations que l'on pourrait avoir sur l'attitude des résistants polonais non juifs à l'égard de leurs compatriotes juifs.


Sylvie Orsoni

Contexte historique

Lorsque, en avril 1943, « l'Organisation Juive de Combat » ( OJC) décide de lutter par les armes contre les troupes allemandes, le ghetto n'a plus rien à voir avec ce qu'il était avant les grandes rafles de juillet-septembre 1942.  Les plus faibles( enfants, vieillards, malades) et la plupart des adultes, soit plus de 310 000 personnes, ont été déportés et exterminés à Treblinka. Ne restent que 60 000 personnes environ dont la moitié de clandestins dans le petit ghetto qui concentre les usines travaillant pour les Allemands et donc les 35 000 travailleurs jugés « utiles ».  Le Judenrat n'a plus d'autorité. Beaucoup d'adultes qui freinaient les mouvements de jeunesse et se montraient hostiles à toute résistance ont disparu.  La résistance est le fait de très jeunes hommes et femmes qui veulent venger leurs familles exterminées et estiment qu'ils n'ont plus rien à perdre. En octobre 1942, les différentes organisations  de résistances du ghetto, sionistes et non sionistes, socialistes et quelques  groupes communistes, décident d'unir leurs forces ce qui aboutit en décembre 1942 à la création de  « l'Organisation Juive de Combat »(OJC). Des contacts sont noués avec la résistance polonaise non juive qui fournit quelques armes et du matériel pour fabriquer des explosifs et bouteilles incendiaires.

 Le 18 janvier 1943,  lorsque les Allemands décident de reprendre les déportations, l'OJC attaque. Les combats durent quatre jours. Les Allemands arrivent à déporter 6 500 personnes et en tuent un millier mais se retirent du ghetto. L'impact psychologique est immense. L'OJC a retenu que les combats à découvert étaient très meurtriers mais que la lutte  de petits groupes mobiles à partir des toits et des bunkers était adaptée au rapport de force. Elle a gagné en crédibilité auprès de l'AK et de la Garde populaire.

Lorsque les Allemands décident la liquidation définitive du ghetto, ils mettent des moyens beaucoup plus importants ( voire notice l'insurrection du ghetto). Le général SS Stroop qui croyait venir à bout du ghetto en trois jours doit employer l'aviation , incendier le ghetto et asphyxier les égouts pour venir à bout de la résistance après vingt huit jours de combat. Il achève sa « Grosse Aktion » le 16 mai 1943 en faisant sauter la grande synagogue de la rue Tlomackie et conclut son rapport :  « le ci-devant quartier juif de Varsovie n'existe plus. »


Sylvie Orsoni

Sources

Blady Szwajger Adina, Je ne me souviens de rien d'autre,éditions Calmann-Lévy, Paris, 1990.

Borwicz Michel (présenté par), L'insurrection du ghetto de Varsovie, éditions Julliard, coll. Archives, Paris, 1996.

Centre de documentation juive contemporaine,  Le soulèvement du ghetto de Varsovie et son impact en Pologne et en France, table ronde organisée par le CDJC  le 17 avril 1983, éditions CDJC, Paris,1984.

Edelman Marek, Krall Hanna, Mémoires du ghetto de Varsovie, un dirigeant de l'insurrection raconte, éditions du scribe, Paris, version française 1983.

Gilbert Martin, Atlas de la Shoah, éditions de l'Aube, 1992

Heydecker H. Joe, Un soldat allemand dans le ghetto de Varsovie 1941,éditions Denoël, Paris, 1986

Le quarantième anniversaire de l'insurrection du ghetto de Varsovie, éditions OMNIPRESS,  Département de la Presse, de la Coopération Culturelle et Scientifique du Ministère des Affaires étrangères polonais. Varsovie 1983.

Ringelblum Emmanuel, Chronique du ghetto de Varsovie, éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1959