Message chiffré de la résistance du camp informant de la révolte du Sonderkommando d'Auschwitz-Birkenau, octobre 1944

Légende :

Le mouvement de résistance du camp informe la résistance extérieure de la révolte du Sonderkommando d'Auschwitz-Birkenau le 7 octobre 1944

Type : photographie argentique

Producteur : MUREL

Source : © archives du musée du camp d'Auschwitz Droits réservés

Lieu : Pologne

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Analyse média

Ces deux messages chiffrés, rédigés en polonais,  sont  adressés à la résistance extérieure au camp. Ils l'informent de la révolte du Sonderkommando qui eut lieu le 7 octobre 1944 et de son issue. Les messages de la résistance intérieure au camp sortaient par l'intermédiaire de civils polonais  astreints au travail obligatoire et travaillant dans les usines annexes du camp. La résistance polonaise était l'intermédiaire indispensable entre les mouvements de résistance internes au camp et l'extérieur (voire contexte historique)


Sylvie Orsoni

Contexte historique

Sur l'origine du complexe d'Auschwitz et le Sonderkommando, voire le contexte historique de la notice « photographie de femmes devant la chambre à gaz ».

Dés l'arrivée des premiers détenus polonais à Auschwitz I(plan en album notice photographie de femmes devant la chambre à gaz), le 14 juin 1940, un embryon de mouvement de résistance se crée. Il est animé d'abord par des militaires polonais et consiste à venir en aide à leur camarades. Les détenus politiques polonais mettent sur pied à l'automne 1940 différentes organisations de résistance en fonction de leur appartenance politique.Les groupes polonais arrivent à communiquer à la résistance de Cracovie et de Varsovie des informations sur le camp et  les crimes nazis. La résistance polonaise transmet ces informations aux Alliés et les journaux clandestins de la Résistance s' en font l'écho.

Lorsque des déportés arrivent de toute l'Europe, les conditions de survie se dégradent. Il est vital d'être affecté aux Kommandos les moins pénibles ou d'avoir des postes de responsabilité. Cela contribue à créer entre les groupes de déportés une concurrence , sciemment attisée par les SS. Un regroupement par langue et par orientation politique se fait naturellement.  Des mouvements de résistance par nationalité se créent  à la fin de 1942 et au début de 1943. Les Juifs sont ceux qui ont le plus de difficulté à s'organiser car la plupart sont gazés dés leur arrivée et les autres peuvent à tout moment être  victimes de sélection pour la chambre à gaz. A l'été 1943, une organisation clandestine se crée dans le camp des femmes. Malgré les difficultés matérielles et politiques, les différents groupes de résistance fusionnent au printemps 1943 et créent le « Groupe de combat Auschwitz ». Mais cette organisation concerne essentiellement Auschwitz I où les conditions de vie étaient plus stables et où se trouvait l'administration centrale du camp, ce qui permettait à des détenus de travailler dans les bureaux SS et de collecter ainsi de précieuses informations. Quelques employés allemands, comme le médecin SS Wirth ou l'infirmière autrichienne Maria Stromberger finissent par aider les détenus.  Les mouvements de résistance ne purent organiser une révolte globale : ils furent  périodiquement démantelés par les SS.

En août 1944 , alors que le front se rapproche, l'officier polonais qui doit coordonner la révolte du camp tombe avec tous ses documents  aux mains de la Gestapo. Il est de plus en plus clair que les SS ne veulent  pas laisser de témoins de leurs crimes à l'arrivée de l'armée soviétique. Le Sonderkommando, qui en août 1944 compte  900 hommes, est particulièrement menacé d'extermination. Il a pu nouer des contact avec des déportées  travaillant  de nuit  à l'usine de munitions « Union » . Les femmes livrent de petites quantités de poudre qui sont ensuite apportées à un déporté russe Borodine capable de fabriquer des engins explosifs.

Le Sonderkommando disposait en septembre 1944 de quelques revolvers, d'une mitraillette et de quelques grenades. Il décide de passer à l'action le 6 septembre  et de faire sauter les crématoires mais une dénonciation fait échouer le projet. 200 membres du Sonderkommando sont gazés et quatre femmes de l'usine « Union »qui avaient fourni les explosifs, pendues en présence de tout le camp d' Auschwitz-Birkenau . Le mois suivant , les survivants du Sonderkommando se révoltent à nouveau. Le 7 octobre, ils incendient le Krematorium IV. Un Kapo allemand(prisonnier de droit commun chargé de garder les autres détenus) connu pour sa férocité est tué. Les insurgés essaient de couper les fils de fer barbelés pour s'évader. Mais finalement ils sont capturés par les Allemands et fusillés.


Sylvie Orsoni

Sources

Auschwitz,camp hitlérien d'extermination, éditions Interpress, Varsovie, 1986

Etude de cas : le complexe d'Auschwitz-Birkenau (1940-1945), Mémorial de la Shoah.www. Enseigner-histoire-shoah.org

Piper Frantciszek, « Auschwitz- Birkenau : lieu de mémoire et musée », Revue d'histoire de la Shoah, 2004/2(n° 181), p 145-155.

Poliakov Léon (présenté par), Auschwitz,éditions René Julliard, collection Archives, Paris 1964