Trois miliciens viennent d’arrêter deux résistants

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © AERD Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Contexte historique

Pour connaître les membres des maquis, leurs lieux de stationnement, leurs liaisons, l’une des meilleures façons de procéder était de s’infiltrer dans les rangs de la Résistance. Malgré les multiples précautions prises à l’accueil de tout nouveau venu par les maquisards, d’habiles comédiens parvenaient à leur fin et s’intégraient dans un maquis suffisamment longtemps pour y faire le plein de renseignements précieux. Les exemples ne manquent pas dans les maquis de la Drôme et, trop fréquemment, ils ont eu des conséquences dramatiques.
Sans les introduire dans les groupes, l’utilisation de jeunes filles se trouvant « par hasard » sur le passage de résistants pouvaient permettre de créer quelque lien et d’apprendre beaucoup de renseignements, voire même amener à trahir. Le mouchardage et les lettres anonymes sont également des sources précieuses.

Ce n’est que lorsqu’ils sont forts des renseignements apportés par les mouchards, les espions en tout genre et les infiltrés, que les forces de répression osent se lancer dans de vastes opérations sur les maquis. Alors, les gens capturés subissent souvent la torture des interrogatoires, sont utilisés comme otages, ou partent vers la déportation ou le poteau d’exécution.

En décembre 1943 un milicien s’est infiltré dans la filière qui conduit au Vercors. Le 31 décembre 1943, le milicien infiltré disparaît. Dans la nuit, Antoine Pacalet, Louis Perrichou et Henri Revol sont arrêtés et déportés.
Le camp de Saint-Pons (à Condorcet) voit arriver le 3 février 1944 un jeune de 18 ans, se faisant appeler "Marie-Louise". C’est un jeune milicien qui a reçu pour mission de s’introduire dans un maquis. Il provoquera le massacre de Saint-Pons.
Au matin du 28 mai 1944, après une nuit d’orage, les maquisards FTP (Francs-tireurs et partisans) de la Lauze (Borel) constatent que quatre hommes ont déserté. Leur attitude équivoque fait que cela n’étonne pas. Mais cette désertion va avoir des conséquences graves car l’un d’eux était un milicien infiltré.
Lors de l’investissement d’Izon-la-Bruisse le 21 février 1944, ce sont deux traîtres, Cyprien et Noiret, ex résistants disparus depuis quelques jours, qui guident les Allemands et les miliciens. Cette opération fera de nombreux morts.
Le 7 mai 1944, un jeune du maquis de Lemps est surpris avec deux jeunes filles à l’auberge de Montferrand. Ce sont des miliciennes et il est allé les informer sur l’opération prévue à Nyons contre les collaborateurs. Les filles sont arrêtées et avoueront faire partie de la Milice de Nice. Elles seront condamnées à mort.
Les méthodes moins dangereuses de surveillance à distance n’étaient cependant pas négligées. Le 4 mars 1944, un espion de la Milice est surpris épiant à la jumelle le camp FTPF d’Autuche dans le Nyonsais. Les maquisards réussissent à le capturer avec sa femme qui avoue que son mari est en relation avec la Gestapo d’Avignon.
Lorsque, grâce à ces mouchards, infiltrés ou espions en tout genre, ils ont recueilli le maximum de renseignements, les miliciens osent se lancer dans de vastes opérations sur les maquis. Dans la nuit du 8 au 9 août 1943, Italiens et miliciens investissent Buis-les-Baronnies. Par Beauvoisin et Rochebrune, ils se dirigent sur le camp de la Fournache. Cette rafle leur fournira un gros contingent pour la déportation.
Mais la Résistance a elle aussi ses renseignements et les « chasseurs » arrivent parfois trop tard : le 29 juin 1943, cinq miliciens et gendarmes visitent sans succès la bergerie où se trouvaient les hommes du maquis de la Lance. Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 1943, ce sont cette fois 500 GMR encadrés de miliciens de Marseille et d’agents de la Gestapo qui encerclent la montagne de la Lance, où se trouvaient des militaires membres du 2e Bureau. Ils occupent les communes du Pègue, de la Roche-Saint-Secret, Montbrison-sur-le-Lez, la Paillette, Montjoux et Bécone. À l’aube, ils envahissent la montagne et perquisitionnent. Les GMR (Groupes mobiles de réserve) tirent des coups de feu (peut-être pour donner l’alerte ?). Le camp FTP, prévenu par le jeune Pellegrin, a pu se replier, mais le maquis AS (Armée secrète) de la ferme Chauveau est encerclé, et 17 hommes sont arrêtés et emmenés à Orange.
L’opération menée le 24 février 1944 par la Milice sur la préfecture de la Drôme s’apparente à celles menées en zone rurale sur les maquis. Elle fait irruption dans les bureaux pour y prendre le responsable du NAP (Noyautage des administrations publiques) et quelques-uns de ses adjoints. Le responsable et Hélène Saron s’échappent de justesse. René Jacquet, chef du bureau des Travaux publics, et Henri Bourg, auxiliaire au service des étrangers, tous deux soupçonnés de trafic de cartes d’identité, sont arrêtés.
Le 22 mars 1944, des miliciens accompagnent la colonne du régiment Brandenburg, aux ordres de l’Ober Leutnant français Grevé, qui investit le village du Poët-Sigillat au-dessus de Sainte-Jalle et saccage les maisons de personnes soutenant la Résistance. Le maquis FTP recherché a pu s’enfuir sur les crêtes.
C’est grâce au coup de téléphone d’un complice que les miliciens se précipitent sur Claveyson dans la nuit du 24 au 25 avril 1944 avec 2 cars et 4 ou 5 voitures et surprennent les résistants récupérant un parachutage.


Auteurs : Robert Serre
Sources : AN, 3AG2/344, F/1a/3901. AN, B.C.R.A. 3AG2/478, 171Mi189. ADR, 182 W 101. ADD 1920 W (CVR) ADD, 97 J 91, 97 J 28. Patrick Martin, La Résistance dans le département de la Drôme, 1940-1944, thèse de doctorat, Université Paris IV-Sorbonne, 29 novembre 2001, base de données. Drôme Nord, terre d’asile et de révolte. Challan-Belval. Buix Aimé, " la Résistance dans les Baronnies ", Patrimoine Histoire et Culture des Baronnies, Bulletin de l’association des Amis d’Aimé Buix, n°29, 1er et 2e trimestres 1999. Dufour, Drôme terre de liberté. Claude Arnoux, Maquis Ventoux.. L.F Ducros, tome 2. bulletin des CVR Drôme, n°9. Pour l’Amour de la France.. Leroyer, MJ Romans, journal de Mohican.