Les forces politiques en présence à la veille du Débarquement

En France, la collaboration entre l’Etat français et l’occupant ne trompe plus vraiment sur la nature du gouvernement de Vichy : après les réquisitions de matières premières, le Service du Travail Obligatoire (STO) a été créé le 16 février 1943 et contribue à la montée des jeunes au maquis. Les rafles de Juifs se multiplient. Pour la Résistance, l’espoir est né de la libération de la Corse, en octobre 1943, grâce à un soulèvement décisif. Les Résistants espèrent que le débarquement sera proche.

Plan de l'expo

Crédits

La fascisation du régime de Vichy et le durcissement de la répression haut ▲

A partir de 1943, la Résistance doit affronter la répression menée par le régime de Vichy et l’occupant qui n’a jamais été aussi dévastatrice. La Milice, organisation politique et paramilitaire, est créée le 30 janvier 1943 par le gouvernement de Vichy pour lutter contre la Résistance, qualifiée de terroriste. Supplétifs de la Gestapo et des autres forces allemandes, les miliciens participent aussi à la traque des Juifs, des réfractaires au STO… Le chef officiel de la Milice est le Chef du gouvernement, Pierre Laval, mais le véritable responsable de ses opérations est son secrétaire général, Joseph Darnand. Comme les nazis, les miliciens utilisent la délation, la torture, les rafles, les exécutions sommaires, parfois les massacres.

Le 1er janvier 1944, Darnand est nommé secrétaire général au Maintien de l’ordre. Il crée le 20 janvier 1944 les Cours martiales formées de 3 « juges » rendant une justice expéditive qui fait procéder à des exécutions sommaires jusque dans les prisons. Si la culpabilité est nettement établie, le condamné est immédiatement passé par les armes, sans aucun recours possible, ni appel, ni pourvoi en cassation, ni demande de grâce. D’autres lois renforceront encore ces dispositifs : arrestation des « complices présumés » (20 mars), c’est-à-dire les familles ou les proches, jugement des Cours martiales sans appel et immédiatement exécutoire (14 mai), etc.

La structuration de la Résistance à la veille du Débarquement haut ▲

En 1943, pour préparer les libérations, l’unification d’une Résistance intérieure qui reconnaîtrait De Gaulle comme chef devient une question essentielle. Cela oblige la Résistance à faire la preuve indiscutable de son unité et de sa légitimité démocratique. Il est alors décidé à Londres, que le Conseil de la Résistance – qui se donnera le qualificatif de "national" à l'automne 1943 - inclura non seulement les mouvements de Résistance mais aussi les partis politiques et les syndicats, afin d'imposer auprès des Alliés, et particulièrement des Américains, l'idée que la Résistance et son expression extérieure, le Comité national français, sont représentatifs de la volonté du peuple. Jean Moulin parvient à réunir le Conseil de la Résistance le 27 mai 1943 à Paris. Cette unification représente aussi un rapprochement entre la France Libre et la Résistance intérieure. Dans son message du 19 mai 1943, le général de Gaulle salue le Conseil de la Résistance, incarnation de « la totalité des forces de toute nature engagées à l’intérieur contre l’ennemi et ses collaborateurs », partie intégrante de la « France Combattante ». Et, lors de sa réunion, le 27 mai 1943, la Résistance unifiée, représentative de l’ensemble des mouvements, partis et syndicats, reconnaît de Gaulle comme seul chef légitime. La motion votée à l’unanimité par le CNR le 27 mai se termine par cette phrase rédigée par Jean Moulin : « Quelle que soit l’issue des négociations, de Gaulle demeurera pour tous le seul chef de la Résistance française ». Dès lors, les résistants vont se préparer dans la perspective d’une libération qu’ils croient proche grâce à un débarquement imminent.