Pierre Sonneville

Légende :

Pierre Sonneville, délégué militaire de la région P1

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

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Contexte historique

Pierre Sonneville est né le 18 janvier 1911 à Armentières dans le Nord. Après des études secondaires au collège catholique Sainte-Croix à Armentières, attiré par la mer, il entre à l'Ecole Navale en 1930. A partir de 1934, il sert à bord de sous-marins et, en 1940, peu avant l'armistice, il est enseigne de vaisseau, officier en second du sous-marin Junon en réparation à Cherbourg. Pierre Sonneville rallie les Forces françaises libres le 20 juin 1940 à bord du sous-marin Minerve. Affecté aux Forces navales françaises Libres, il est promu lieutenant de vaisseau le 15 août 1940.

Chargé par l'amiral Muselier de réarmer les sous-marins Junon et Minerve, il assure seul, sans matériel et sans officier pour le seconder, le réarmement puis le commandement de la Minerve à partir du 1er novembre 1940. Pierre Sonneville commande la Minerve dans les eaux d'Ecosse, de Norvège et de Russie. Il fait preuve d'un cran remarquable lorsque, au cours d'une patrouille, il attaque avec succès un grand pétrolier allemand chargé et fortement escorté. Subissant pendant 18 heures un grenadage intermittent de la part des torpilleurs d'escorte du pétrolier, il parvient à ramener son bâtiment à sa base malgré de nombreuses avaries. Un peu plus tard, il réalise une importante mission au cours de laquelle il débarque des agents sur les côtes de Norvège. En avril 1942, il est promu capitaine de corvette.

Le 1er octobre 1942, le commandant Sonneville quitte, à sa demande, la Minerve pour effectuer une mission secrète en France pour le BCRA. Le 23 novembre 1942, il est parachuté dans les environs de Châteauroux avec mission de pénétrer dans les milieux "marine" de Toulon et d'engager ses anciens camarades à reprendre le combat en rejoignant l'Afrique du nord. Le sabordage de la flotte rendant sa mission inutile, il reçoit l'ordre de créer un réseau de renseignements : le réseau Marco Polo. En quelques semaines, son dispositif est en place, et au début de janvier 1943, les premiers courriers parviennent déjà en Angleterre. Il prend également contact avec tous les milieux de la Résistance pour leur faire connaître exactement la volonté du général de Gaulle. Il développe le réseau "Marco Polo" qui devient un des plus importants de la zone Sud, fournissant d'importantes informations aux Alliés. Ses activités attirent aussi l'intérêt de la police allemande ; recherché à Nice, Lyon et Marseille, il échappe plusieurs fois à l'arrestation et accepte finalement de rentrer par avion à Londres le 19 avril 1943. Remis à la disposition des Forces navales françaises libres le 1er mai 1943, il prend le commandement du sous-marin Curie que la marine britannique vient d'offrir aux FNFL et recommence les patrouilles en Mer du nord et en Méditerranée.

Début février 1944, Pierre Sonneville quitte la Curie et, après un cours séjour à Alger nécessaire à son affectation au Bureau Central de Renseignements et d'Action de Londres (BCRAL), il arrive en Grande-Bretagne le 20 février. Il effectue rapidement quelques stages et, à la mi-mars, est nommé adjoint au Délégué militaire de la région P chargé de coordonner l'action des mouvements de résistance et de les convaincre d'accepter les directives venus de Londres, notamment concernant la décentralisation du Comité militaire d'action (COMAC) rattaché au Conseil national de la Résistance (CNR). A nouveau parachuté en France le 5 avril 1944, sous le pseudonyme d'"Equilatéral", il arrive le 15 à Paris et entre rapidement en contact avec les Délégués militaires des deux zones, avec le Délégué militaire national, Jacques Chaban-Delmas et avec les membres du COMAC. Il rencontre dans sa tâche d'unification du commandement militaire de la région parisienne de grandes difficultés dues au manque de moyens et aux désaccords entre la Délégation générale et le commandement FFI, d'une part, et le CNR et le COMAC d'autre part. Malgré les arrestations, "Equilatéral" parvient à organiser les opérations de la région parisienne conformément aux directives du général Koenig, commandant des FFI.

En septembre 1944, Pierre Sonneville est appelé au cabinet du général de Gaulle où il s'occupe des questions FFI ; il termine la guerre avec le grade de capitaine de frégate et ayant accompli, au total, 25 missions sous-marines et 2 missions de 5 mois chacune en territoire occupé. En 1950, il quitte l'Armée pour entrer dans la marine marchande où il occupe les fonctions d'ingénieur naval. En 1968, il publie un ouvrage intitulé Les Combattants de la liberté. Ils n'étaient pas 10 000. Sonneville est candidat centriste non élu aux élections législatives d'octobre 1969 dans les Yvelines. Pierre Sonneville est décédé le 9 avril 1970 à Paris.


Auteur : Vladimir Trouplin (avec complément de Fabrice Bourrée)
Sources :
Archives du Musée de l'Ordre de la Libération.

Archives du Bureau Résistance, dossier individuel de Pierre Sonneville.