André Postel-Vinay

Légende :

André Postel-Vinay, membre des réseaux SR (renseignement auprès des Britanniques), fait Compagnon de la Libération

André Postel-Vinay, member of the SR network (Intelligence network to Britain) and also made a Compagnon de La Libération

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France

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Contexte historique

Alias : "André Duval"

Fils et petit-fils de polytechnicien, André Postel-Vinay est né le 4 juin 1911 à Paris (7e arrondissement). Elève du lycée Buffon puis licencié en droit, il fait son service militaire comme EOR à l'Ecole d'artillerie de Poitiers de 1932 à 1933 et en sort avec le grade de sous-lieutenant de réserve.

En 1938, diplômé de l'Institut d'Etudes politiques, il est reçu au concours de l’inspection des Finances.
Mobilisé en 1939 comme lieutenant, André Postel-Vinay sert comme officier de liaison au 70e Régiment d’artillerie de forteresse à la frontière de la France, du Luxembourg et de l'Allemagne. Il fait la preuve de ses qualités lors des combats du 11 au 13 mai 1940, se dépensant inlassablement aux endroits les plus exposés.

Il inflige à l’ennemi des pertes sensibles par des tirs "bien préparés et exécutés". Fait prisonnier dans la Meuse, près de Domrémy, le 17 juin 1940 en accomplissant une mission de liaison avec une unité d’infanterie, il s'évade de la caserne où il est interné le 24 juin.

De retour à Paris, André Postel-Vinay reprend ses fonctions d'inspecteur des Finances, mais refusant "la honte de la défaite" et la "domination du nazisme", entre dans la Résistance dès octobre 1940. C'est par l’intermédiaire d'un étudiant qu'il prépare au concours de l'inspection des finances, Pierre d’Harcourt, qu'il rejoint l’équipe du réseau "SR Guerre" dirigé en zone occupée par le capitaine d'Autrevaux. Le SR Guerre, dépendant du service de renseignement de l’Armée de terre dirigé à Vichy par le colonel Rivet, transmet des renseignements aux Britanniques. Parmi les agents de l’organisation figurent Roger Dumont, Jacques Robert ou encore le colonel Alfred Touny.

Son activité professionnelle lui permettant de se déplacer facilement, André Postel-Vinay trouve pour le réseau des correspondants efficaces comme les ingénieurs André Boulloche ou Pierre Pène et d’autres dans sa propre famille comme sa sœur Marie-Hélène, son beau-frère Pierre Lefaucheux et son cousin Jacques Postel-Vinay.

Début 1941, toujours grâce à Pierre d’Harcourt, André Postel-Vinay participe activement au réseau "Pat O'Leary", chargé de rapatrier les militaires anglais restés en France et les aviateurs alliés.

Il prend également contact avec le réseau du Musée de l'Homme qui lui permet de faire passer des messages vers Londres.

A la suite de la trahison d'un agent retourné par les Allemands, il est arrêté à Paris par la Gestapo le 14 décembre 1941 avec une arme et divers papiers compromettants sur lui. Incarcéré à la prison de la Santé, pour ne pas parler sous la torture, il fait une tentative de suicide trois jours plus tard en se jetant de la passerelle qui longe sa cellule au deuxième étage.
Gravement blessé aux jambes et à la colonne vertébrale, il est laissé menotté et sans soins pendant trois jours. Finalement transféré dans un pavillon surveillé de l'Hôpital de la Pitié, il est soigné et plâtré des épaules aux chevilles pendant de longs mois. Déplâtré en avril 1942, il simule la folie et fait une nouvelle tentative (fausse cette fois) en se tailladant profondément la main gauche en juin 1942. Opéré sans anesthésie, il est renvoyé à la Santé au début du mois d’août puis transféré sur une civière, pour examen psychiatrique, le 1er septembre 1942, à l’asile Sainte-Anne. Le 3 septembre 1942, à l'issue de son examen par un médecin allemand, il est laissé seul sans surveillance quelques instants ; par un suprême effort de volonté, alors qu’il peut à peine marcher, il réussit à s'évader en passant par la grande porte.

Hébergé par des amis, il peut, grâce au réseau "Pat O'Leary", gagner la zone Sud et rejoindre Marseille. Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1942, André Postel-Vinay embarque sur un chalutier près de Perpignan en même temps que le colonel Fourcaud, Henri Frenay, Emmanuel d'Astier et des pilotes de la Royal Air Force. Après trois semaines à Gibraltar, il rejoint Londres fin octobre 1942 ; engagé dans les Forces françaises libres sous le nom d’André Duval, il est affecté au cabinet civil du général de Gaulle et, en même temps, nommé directeur général adjoint de la Caisse centrale de la France libre qui joue le rôle, pour la France libre, du Trésor public et de l'institut d'émission.

Fin 1943, André Postel-Vinay est nommé à l’Assemblée consultative provisoire à Alger. Par le décret du 23 février 1944, il devient membre du Conseil de l'Ordre de la Libération. En février 1944 à Alger, il est nommé directeur général de la Caisse centrale de la France d’Outre-mer (CCFOM). La Caisse centrale de la France d'Outre-mer devient le principal organisme chargé de l'aide publique aux territoires d'Outre-mer de la France. Elle crée des structures financières dans ces colonies et participe à la formation des cadres qui en sont originaires. La CCFOM est l'ancêtre de l'actuelle Agence française de développement (AFD).

En décembre 1958, comme suite à l'indépendance des colonies d'Afrique noire, la CCFOM devient la CCCE, la Caisse centrale de Coopération économique. André Postel-Vinay en demeure le directeur jusqu'en 1972.

De 1959 à 1972, il est en outre directeur général de l’Institut d’émission des départements d’Outremer. Les problèmes de l'aide au Tiers-monde et des rapports Nord-Sud constitueront jusqu'à la fin de sa vie le centre de ses préoccupations.

En 1973-1974, il est Président de la commission des Opérations de Bourse (COB) et membre du Conseil général de la Banque de France.

En mars 1974, il est nommé directeur général de la population et des migrations au Ministère du Travail. Le 8 juin 1974, il devient secrétaire d'Etat auprès du ministre du Travail chargé des Travailleurs immigrés dans le cabinet Jacques Chirac. En désaccord avec le Premier ministre, il démissionne le 21 juillet suivant.

André Postel-Vinay réintègre les cadres de l’Inspection des Finances en 1974 en qualité d’inspecteur général jusqu'à son départ en retraite en 1976.

En 1997, il reçoit le Prix littéraire de la Résistance pour son livre de souvenirs Un fou s'évade.

André Postel-Vinay est décédé le 11 février 2007 à Paris. Il est inhumé à Parnes dans l'Oise.

Distinctions :
• Commandeur de la Légion d'Honneur • Compagnon de la Libération - décret du 21 octobre 1943 • Grand Croix de l'Ordre National du Mérite • Croix de Guerre 39-40 (2 citations) • Commandeur de l'Ordre National de Côte d'Ivoire • Commandeur de l'Ordre National du Sénégal • Commandeur de l'Ordre National de Madagascar.

Publications :
La Caisse centrale de coopération économique, Imprimerie nationale, Paris, 1964 • Réflexion sur l’aide française, Sl, 1972 • Un fou s'évade, Editions du Félin, Paris, 1997.


Alias: “André Duval”

The son and grandson to former students of the École polytechnique, André Postel-Vinay was born June 9th 1911 in Paris (7th arrondissement). He was a student at the Lycée Buffon after which he received his law degree and completed his Military service as a cadet reserve officer at the Artillery School of Poitiers from 1932-1933 and left with the rank of reserve lieutenant.

In 1938, he received his diploma from the Institut d’Etudes Politiques and also passed a competitive exam in finance.

Deployed in 1939 as a lieutenant Postel-Vinay served as a liaison officer for the 70th Regiment at the French Borders with Germany and Luxembourg where he proved himself greatly by his actions during combats from the 11th-13th May 1940.

Significant enemy losses were attributed to his gunmanship being known to make “well prepared and executed” shots. He was captured in the Meuse near Domrémy on June 17th 1940 while completing a liaison mission with an infantry unity, but was able to escape from the barracks where he had been detained on June 24th.

Upon returning to Paris, André Postel-Vinay resumed his post as inspector of Finance, though still refusing the “shame of defeat” and the “domination of Nazism”, joined the Resistance of the Interior in October of 1940. Through Pierre d’Harcourt, a student that Postel-Vinay was helping in preparing a competitive exam for the inspection of Finance, he joined the Resistance network “SR Guerre” that was run by Captain d’Autrevaux in the occupied zone. The “SR Guerre” network was dependent on the Army intelligence service which, from Vichy, was run by colonel Rivet and would transmit intercepted information to British forces. Among the agents in the network were Roger Dumont, Jacques Robert and Colonel Alfred Touny.

Postel-Vinay’s professional work allowed him to relocate easily, which helped him find correspondents for the Network such as the engineers André Boulloche and Pierre Pene, and even his family members: his sister, Marie-Héléne, his brother-in-law Pierre Lefaucheux and his cousin Jacques Postel-Vinay. 

In early 1941, still thanks to Pierre d’Harcourt, André Postel-Vinay actively participated in the network “Pat O’Leary” where he was in charge of repatriating English and other allied soldiers in France. He also made contact with the “Musée de l’Homme” network, allowing him to send messages to London.


Following the treason of one of his fellow agents actually working for the German forces, Postel-Vinay was arrested in Paris by the Gestapo on December 14th, 1941 with a gun and several compromising documents found on his person. He was incarcerated at the prison de la Santé following his torture during which he did not speak. Three days after his incarceration and so as to remain silent, he made an unsuccessful suicide attempt by jumping from the edge of his second floor cell. His legs and spinal column gravely injured he was left for three days without medical care. He was finally transferred to a wing of the Hospital de la Pitié that was under military surveillance where he was taken care of and put in cast from his shoulder to ankles for several long months. Finally un-bandaged in April of 1942, he immediately made another (false) suicide attempt by cutting himself deeply in the left hand in June 1942. He was then operated on without anesthesia and was sent back to la Santé in early August. On September 1st 1942 he was sent on a stretcher to Sainte Anne Aslyum for a psychiatric examination and upon being examined by a German doctor, was left unsupervised and by a supreme effort of will was able to escape through the front door.


Kept by friends and thanks to the Pat O’Leary network he was able to escape to the Southern zone and arrived in Marseilles. During the night of September 20th 1942, André Postel-Vinay boarded a fishing boat near Perpignan with Colonel Fourcaud, Henri Frenay, Emmanuel d’Astier and several pilots of the Royal Air Force. After spending three months in Gibraltar, he arrived in London at the end of October 1942, participating in the Free French Forces under the name “André Duval”. There, he was hired to work in the civil cabinet for General de Gaulle as well and was also named the Deputy Director of the Central Bank of Free France which served as both as the treasury and central bank for Free France.

In late 1943, André Postel-Vinay was appointed to the Provisional Consultative Assembly in Algiers. By the decree of February 23rd, 1944 he became a member of the Council of the Order of the Liberation. In February 1944 in Algiers he was appointed General Manager of the Caisse Centrale de la France d’Outre-mer (CCFOM). The CCFOM became the lead agency for public assistance to French territories overseas. The CCFOM created financial structures in these territories (former French colonies) and participated in educating local executive managers. The CCFOM is the former name of the current French Development Agency (Agence Française de développement, AFD).

In December 1958 following the independence of colonies in sub-Saharan Africa the CCFOM became known as the CCCE (Caisse centrale de Coopération économique), where André Postel-Vinay served as director until 1972.

From 1959-1972 he also served as the General Director of the Institute of issuance of the overseas departments (Institut d’émissions des départements d’Outremer). One of his main goals for the rest of his life was providing aid to the developing world and relations between the global north and global south.

From 1973-1974 he served as the President of the Commission des opérations de Bourse (COB) and as a member of the Executive Board for the Banque de France (Conseil géneral de la Banque de France).

In March 1974 he was named General Director of the People and Migrants at the Department of Labor. On June 8th 1974 he became the Secretary of State then the Minister of Labor in charge of immigrant workers in the Cabinet of Prime Minister Jacques Chirac. Postel-Vinay resigned on July 21st of 1974 after continual disagreements with the Prime Minister.

Following this he resumed his work as Inspector of Finance in 1974, where he continued to work until his retirement in 1976.

In 1997 he was rewarded with the Literary Award of the Resistance for his memoir Un Fou s’évade.

André Postel-Vinay died on February 11th 2007 in Paris and ws buried in the town of Parnes in Oise.


Musée de l'Ordre de la Libération

Traduction : Sarah Buckowski