L'anéantissement des camps du maquis de Malleval, 29 janvier 1944

Légende :

Un gendarme français devant les cercueils de victimes du raid allemand sur Malleval, le 29 janvier 1944, qui a conduit à l'anéantissement des camps environnants

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : 29 ou 30 janvier 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Malleval-en-Vercors

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Analyse média

C’est avec circonspection et respect que ce jeune gendarme observe les cercueils contenant les dépouilles de neuf des 34 victimes de l’attaque allemande du 29 janvier 1944 ayant pour objectif l’anéantissement des camps installés dans le cirque de Malleval, notamment le camp du 6e BCA et le maquis FTP des Belles. À la suite de l’opération, huit civils seront déportés, cinq ne reviendront pas.

L’adjudant-chef Colle et l’adjudant Roussin de la brigade de Saint-Marcellin, accompagnés de quatre gendarmes de Saint-Gervais et du maire de Malleval, arrivent à 10 h 30 pour établir les premiers constats. Dans l’après-midi, le commandant de la compagnie de Saint-Marcellin, acquise à la Résistance, et le Procureur de l’Etat français se rendent sur place avant la mise en bière des victimes. Les cercueils, confectionnés à la hâte par des artisans locaux, trouveront provisoirement une place à proximité de l’église, détruite.

[Voir l'album photos lié.]


Auteur : Julien Guillon

Sources :
Archives départementales de l'Isère 57 J 50/2. Témoignage de Jean Luzat, 1975, 4 pages.

Archives ANPCVV.

Contexte historique

À la fin de l’année 1943, deux maquis coexistent dans les hameaux qui ceinturent le village de Malleval. Un camp FTP, sous la direction de Raymond Perinetti, responsable régional, accueille des membres du FN et du PC « grillés », notamment des cadres, des internés politiques, à La Lia, hameau des Belles. Un autre camp, de l’ORA (6e BCA reconstitué), dirigé par Gustave Eysseric (Durand) est également créé. Ce dernier a absorbé un groupe formé par l’abbé Grouès, plus connu sous le nom d'"Abbé Pierre", auteur plus tard de l’appel de l’hiver 1954 et fondateur de la communauté Emmaüs.
À Noël 1943, les camps installés dans les environs de Malleval comprennent au total une centaine de maquisards.

Le 29 janvier au petit matin, la Wehrmacht, renseignée, attaque le maquis de Malleval. Le village est cerné par le bas, à partir de Cognin-les-Gorges et, par le haut, à partir des falaises et des pas surplombant le cirque. Le piège est ainsi refermé sur les maquisards. À la suite de l’opération, huit civils seront déportés, cinq ne reviendront pas. 

Cette opération des troupes allemandes dans le Vercors, alors que ces différents camps ne dépendent pas du « projet Montagnards », illustre la brutalité de l’occupation allemande effective, en remplacement des Italiens, à partir de septembre 1943. Elle préfigure également les raids et les coups de boutoir de la milice française et de la Wehrmacht du printemps 1944 au cœur du massif du Vercors.


Questions :

Pour quelles raisons les maquis de Malleval n’ont-ils pu être alertés de la préparation de l'attaque allemande connue de la Gouvernance du Vercors ?

Un tel maquis devait-il être aussi intégré à la vie quotidienne de la population ?

Sa militarisation « excessive » était-elle potentiellement un atout ou une faiblesse ?

En quoi l'anéantisement de ces camps caractérise-t-il l'occupation allemande ?

 

Pour en savoir plus :


Raids et coups de boutoir contre la Résistance du Vercors (G. Giraud)


Auteur : Julien Guillon

Sources :
Archives départementales de l'Isère 57 J 50/2. Témoignage de Jean Luzat, 1975, 4 pages.

Archives ANPCVV.

PARSUS (J.), Malleval-en-Vercors dans la Résistance, Le peuple libre, Paris, 2011, 271 pages.

BILLAT (P.), "Levés à l’aube de la Résistance dauphinoise - P.C.F.-FRONT NATIONAL-F.T.P.F." in La Résistance de l’Isère, Les imprimeurs réunis, Sassenage, 1978, 218 pages.