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La mémoire et l’apport de l’Histoire haut ▲

L’histoire, science humaine, n’a pas la prétention d’être une science exacte, si tant est qu’il en existe une. Elle est une reconstruction du passé à partir de faits établis, corroborés par un éventail de sources soumises à l’analyse critique. Cette analyse s’intègre dans une grille de lecture qui n’est pas sans relation avec les interrogations propres à chaque historien, lequel travaille dans un contexte donné.

Aussi ne faut-il pas s’étonner que toute période soit l’objet de recherches continues, toujours recommencées et jamais terminées...

En Ardèche, comme ailleurs, la Résistance est un objet encore chaud, pour reprendre l’expression de Michel Vovelle, qui désignait ainsi la Révolution française, pourtant beaucoup plus ancienne. Elle a eu très vite sa légende dorée, avec la parution de textes pas toujours soucieux de l’exactitude, magnifiant le "maquisard’’, occultant les aspects multiformes de la Résistance considérée, à tort, comme moins glorieux. Il en ressort une Ardèche résistante dans l’âme, cultivant le souvenir des "camisards’’ soulevés contre l’oppression, dressée dès le premier jour contre Vichy et l’occupant, une Ardèche martyre aussi, dépeinte par l’ouvrage de Demontès paru au lendemain de la Libération pour marquer déjà la mémoire collective.

La Résistance ardéchoise a aussi sa légende noire avec les ouvrages polémiques parus en pleine guerre froide, stigmatisant l’épuration réduite à des règlements de comptes aveugles. L’affaire du Puits de Fons en constitue l’exemple le plus frappant. Il en ressort, avec la tentative de réhabilitation du régime de Vichy, l’idée d’une Ardèche profondément attachée au Maréchal, irritée contre les "exactions’’ de l’après libération.

Le travail des historiens s’est attaqué à l’étude de l’épuration, menée par le Comité d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, dont l’IHTP (Institut d’Histoire du Temps Présent) prolonge aujourd’hui l’existence, dans le cadre d’une enquête nationale. Georges Rufin, qui a porté ses investigations sur l’Ardèche, a livré en 1976 le résultat de ses recherches, invalidant largement les divagations colportées par la légende noire. L’épuration n’a pas été en Ardèche plus sévère qu’ailleurs.

Mais c’est à Louis-Frédéric Ducros que l’histoire de la Résistance en Ardèche doit le plus. Bien que non historien de formation, dans les trois tomes de son ouvrage Montagnes ardéchoises dans la guerre, parus de 1974 à 1981, il a pu recueillir (ce qui était possible à ce moment là) de nombreux témoignages croisés avec les avec les documents d’archives dépouillés sous le projecteur de sa propre expérience d’ancien résistant. Il est le premier, pour l’Ardèche, à donner une vision plus complète de la Résistance, de son isolement et des balbutiements de ses débuts, de sa diversité, de ses aspects multiformes, analysant non seulement les actions militaires, mais aussi abordant en dépit de certaines limites de sa part, des aspects de la résistance économique, de la résistance sociale.

D’autres études ont élargi le champ des connaissances, notamment celles contenues dans le CD-ROM édité par l'AERI en 2004 et rédigé par un collectif constitué au sein de l’Association du Musée de la Résistance en Ardèche.

Le travail réalisé, croisé sur l’apport d’anciens Résistants, d’autodidactes et de chercheurs universitaires, a largement puisé dans ce qu’ont apporté les travaux antérieurs. Mais il n’est pas une simple compilation. Une recherche véritable s’est développée sur des aspects qui n’avaient jamais été abordés jusqu’alors. Une navigation rapide sur l’arborescence en révèle l’ampleur.

L’histoire de la Résistance n’est pas achevée. Mais la mémoire est autre chose. Elle porte en elle un contenu affectif, bien sûr nourri par des faits, mais porteurs de valeurs. Le travail de mémoire auquel contribuent les historiens se construit aussi autour des idéaux portés par la Résistance, ceux d’une République démocratique, laïque et sociale voulue par le programme du Conseil National de la Résistance.

Auteur(s) : Jean-Louis Issartel