"Le Bureau d'Information et de Presse (BIP)"

Les besoins en informations tant pour les organes gouvernementaux de Londres et plus tard d'Alger que pour les journaux clandestins de la Résistance se font ressentir très tôt. Or, les agences de presse officielles sont à l'époque au service de la politique de collaboration du gouvernement de Vichy. Pour prendre le contre-pied, la Résistance va s'efforcer de déployer un vaste éventail de services publics clandestins de remplacement.

Créé dans le cadre de la Délégation générale en avril 1942 à Lyon par Jean Moulin sur une idée d'Yvon Morandat, le Bureau d'Information et de Presse (BIP) est destiné à alimenter la presse de la France libre en informations émanant des mouvements clandestins de métropole, et réciproquement. Il s'agit d'une véritable agence de presse clandestine, dont Jacques Soustelle, responsable du commissariat à l'information de la France libre à Londres, dira qu'elle est "conçue comme à la fois un réseau de renseignement politique et une agence clandestine". La petite équipe de journalistes résistants du BIP, fournie par les mouvements de zone Sud, est dirigée par Georges Bidault et comprend notamment Pierre Corval - nommé rédacteur général et remplaçant de Bidault lorsque ce dernier deviendra président du CNR - , Rémy Roure, Pierre Courtade, André Sauger, Georges Altman.

Moulin permet la diffusion large et sûre des nouvelles de l'étranger qu'il reçoit de Londres, et favorise ainsi une action psychologique profonde sur la population. Le BIP diffuse à partir de mai 1942 un bulletin mensuel ronéotypé, qui deviendra hebdomadaire puis tri-hebdomadaire et comprendra jusqu'à 250 numéros. C'est le Bulletin de la France combattante, diffusé à tous les journaux de la Résistance. Ses informations sont notamment utilisées à la BBC par Maurice Schumann et l'équipe des "Français parlent aux Français".

Premier des services centraux créés par la Délégation générale de la France libre en métropole, le BIP est transféré comme les autres de Lyon à Paris en 1943.
Le 25 avril 1944, il se transforme en Agence d'Information et de Documentation (AID), par fusion avec le Bulletin d'information des Mouvements Unis de Résistance (BIMUR) et le service de documentation clandestin créé à Vichy par Maurice Nègre, chef du Super-NAP (Noyautage des Administrations Publiques) et employé au sein de l'Office français d'information, l'agence de presse de l'Etat français. Ce dernier service disposait d'une section information, l'Agence France-Libre, qui fournissait environ 80 % des textes du Bulletin de la France combattante. De plus, à partir d'octobre 1943, il a publié le "Bulletin Blanc", sous la direction d'Albert Chambon, qui contenait des informations confidentielles et qui était diffusé au délégué général, aux membres du CNR ainsi qu'aux chefs des mouvements.

Tandis que Maurice Nègre était pressenti pour prendre la direction de l'AID, son arrestation aboutit à la nomination du journaliste Claude-Martial Bourgeon.

Jusqu'à la Libération, l'AID a publié cinq types de bulletins :

- un bulletin de presse quotidien, le Bulletin d'Information et de Presse ;

- un bulletin de presse hebdomadaire ayant un tirage beaucoup plus étendu, le Bulletin de la France combattante ;

- un bulletin de presse étrangère, également hebdomadaire ;

- une revue de documentation avec deux séries (documentation internationale et documentation de politique intérieure) ;

- enfin, un bulletin du CNR, périodique, contenant ses décisions, motions, etc. qui faisait office d'embryon de Journal officiel.

 

 



Auteur(s) : Paulina Brault
Source(s) :

D'après Bruno Leroux, Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot, Robert Laffont, 2006 et René Hostache, Le Conseil National de la Résistance, les institutions de la clandestinité, PUF, Paris, 1958. 

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