Isidore Pohorylès dit Zizi

Légende :

Projet de citation pour attribution de la médaille de la Résistance française.

Genre : Image

Type : Document

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Lieu : France

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Fils de Marc Pohorylès et d’Ida Ginzberg, Isidore naît le 23 juin 1924 à Strasbourg. Il est le frère cadet d’Henry Pohorylès.

De janvier 1941 à janvier 1942, alors qu’il poursuit ses études au lycée Voltaire à Paris, il organise un groupe de résistance parmi les lycéens et diffuse des tracts gaullistes. Il met également en place des passages clandestins de la ligne de démarcation pour les personnes persécutées ou recherchées. Arrêté en juin 1941, incarcéré à la Santé, il est remis en liberté faute de preuves. Il décide alors de passer en zone Sud pour sa propre sécurité. Installé à Nice, il y reprend ses études dans un établissement privé afin de se soustraire aux recherches éventuelles que son départ de Paris est susceptible de provoquer. Poursuivant son activité clandestine, il entre en contact avec des éléments d’un groupe de résistant dénommé « France Libre ». Il prend alors en charge la section politique de l’organisation.

En 1943, il se joint au mouvement de la résistance juive qui s'organise dans les grandes villes de la zone Sud sous l’impulsion de l’Armée juive (qui prendra en 1944 l’appellation d’Organisation juive de combat – OJC) et dont l’état-major est installé à Toulouse. Il est alors chargé de sélectionner et former les nouvelles recrues venant pour l’essentiel des Eclaireurs israélites de France (EIF) et du Mouvement de jeunesse sioniste (MJS). Il réussit ainsi à constituer un groupe homogène d'une vingtaine d'hommes qu’il entraîne durement afin d’en faire un corps franc d’élite.

En novembre 1943, il est temporairement détaché auprès du maquis de Rec dans la Montagne Noire afin d’y effectuer un stage en qualité d’instructeur militaire sous les ordres de Jacques Lazarus. Au cours de ce séjour, il organise et dirige plusieurs opérations de sabotage contre les installations allemandes.

A son retour à Nice, il est intégré dans les Francs-tireurs et partisans français (le groupe "France Libre" auquel il appartenait étant devenu le groupe "René" des FTP). La section niçoise de l’OJC étant rattachée au groupe René, Isidore Pohorylès y est affecté à l’état-major et chargé de la direction du service des effectifs. Il contribue alors à la mise en place du corps-franc niçois de l’OJC dont le responsable est son frère, Henri, assisté d’Ernest Appenzeller. Il participe à toutes les actions menées par le corps-franc juif, notamment celles visant des responsables ou auxiliaires de la Gestapo. Le groupe traque notamment des Russes blancs dénonciateurs de Juifs et de résistants. Isidore Pohorylès fait partie du commando qui, en mars 1944, tente d’assassiner Serge Mojaroff, auxiliaire de la Gestapo.

Blessé d’une balle à la main droite au cours d’une de ces opérations, il est détaché au service des faux-papiers de l’OJC et fournit de nombreuses pièces d’identité à l’ensemble des mouvements de résistance présents dans le secteur des Alpes-Maritimes. En parallèle, il contribue à l’organisation et aux activités du service social clandestin de la région niçoise qui assure l’assistance de nombreuses familles.

Promu lieutenant le 15 mai 1944, il est affecté à la direction du service des liaisons inter-régionales et effectue à ce titre plusieurs missions à Toulouse, Marseille et Lyon. En juillet 1944, envoyé en mission à Paris, il échappe de justesse au coup de filet au cours duquel plusieurs responsables de l’OJC sont arrêtés, dont son frère Henri. Il aide alors à la reconstitution du groupe parisien de l’OJC et participe aux actions du groupe franc Alerte du MLN auquel le groupe juif est rattaché, notamment à la défense du PC du colonel Rol-Tanguy, place Denfert-Rochereau. Il fait partie du groupe de l’OJC qui fait ouvrir les portes du camp de Drancy, le 17 août 1944, sur ordre de mission du colonel Rol-Tanguy, à qui Lucien Rubel avait expliqué que cette tâche revenait aux résistants juifs. C’est Isidore Pohorylès qui vole le véhicule pour cette mission.

Après la guerre, il entreprend des études de droit. Homologué au titre du groupe FTPF « Canta » des Alpes-Maritimes pour la période du 1er mai 1943 au 1er juillet 1944 puis au titre des FTPF du département de la Seine jusqu’au 25 août 1944, Isidore est décoré de la médaille de la Résistance française par décret du 20 novembre 1946 (Journal Officiel du 5 décembre 1946). Il décède le 13 avril 1973 à Clichy (Hauts-de-Seine).


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16P 482 951.
Ordre de la Libération, archives de la commission nationale de la médaille de la Résistance française
Mémorial de la Shoah, Paris : CMXX-2, fonds Lublin

Anciens de la résistance juive de France, Organisation juive de combat : résistance-sauvetage, France 1940-1945, Paris, Autrement, 2006.
Anny Latour, La Résistance juive en France, Paris, Stock, 1970.
Juifs au Combat, témoignage sur l’activité d’un mouvement de résistance, par Jacques Lazarus (Capitaine Jacquel) chef du groupe parisien de l’Organisation Juive de Combat, Centre de Documentation Juive Contemporaine, Série « Etudes et monographies » n°9, Paris, éditions du Centre, 1947.