La section de Lacado et ses effectifs juifs

Légende :

Groupe de maquisards à Lacado, avril-mai 1944.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Amicale des maquis de Vabre Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Avril-mai 1944.

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Tarn

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Contexte historique

Devenue trop étroite pour faire face à l'afflux des résistants, La Malquière est dissoute. En outre, sa position peu stratégique, dans une sorte de cuvette, paraissait assez dangereuse. Les membres de cette résistance juive sont alors répartis sur deux places différentes : La Roque, créée le 15 mars 1944 et Lacado, créée le 24 avril 1944 ; une troisième, La Farasse, n'ayant eu qu'une fonction d'entrepôt de matériel.

Le maquis de La Roque dispose, dès mars 1944, de quarante-neuf hommes, dont dix officiers et trente-neuf "hommes de troupe". Le maquis de Lacado compte, quant à lui, trente-huit hommes, dont deux officiers et trente-six "hommes de troupe".

Le groupe installé à Lacado, composé de trente-huit Juifs, compte vingt-huit résistants Juifs français (dont vingt-cinq sont nés en France, deux en Pologne : naturalisés avant-guerre, et un né à Smyrne) et dix résistants Juifs étrangers originaires de l'Europe de l'Est. Sur les dix Juifs étrangers recensés au maquis, on compte quatre Polonais, deux Tchèques, un Roumain, un Allemand, un Suisse et un apatride (né en Allemagne). Ces Juifs étrangers sont fort bien intégrés à cette petite communauté de Juifs français.

Sur les vingt-cinq Juifs français nés en France, onze sont nés en Alsace (Strasbourg ou Colmar), et dix sont nés à Paris... mais aucun n'est natif du Tarn. Cela confirme l’idée du Tarn comme département refuge pour les juifs de la zone nord !

A Lacado, la fourchette des âges s’étire de 32 ans à 17 ans, mais les plus nombreux sont les 19-21 ans. Ils sont donc très jeunes, mais leur jeunesse devient un atout dans cette lutte, puisqu'elle est génératrice de foi, d'espoir et de fraîcheur, mais aussi d'ardeur au combat. En outre, ces jeunes diffusent dans ce maquis toutes les règles scoutes, et tous les préceptes religieux qui les ont guidés jusqu'alors.

Au maquis de Lacado, treize maquisards sont des étudiants, et c'est bien ce qui le distingue des autres compagnies du CFL 10 qui sont majoritairement constituées d'ouvriers ou de paysans. Ce que relève également Pierre Dunoyer de Segonzac dans ses mémoires : "Ils comptaient une proportion importante d’étudiants et d’élèves des grandes écoles. Au contraire, protestants et catholiques se recrutaient plutôt parmi les ouvriers et les paysans".

Leur vie est rythmée par les entrainements militaires et par la récupération des parachutages. L'une de ces opérations tourne à la catastrophe lors de l'attaque de Lacado, de La Roque et du terrain de parachutage Virgule, par une colonne blindée allemande, le 8 août 1944, qui se solde par la mort de sept hommes, dont trois Juifs du maquis : Gilbert Bloch, dit Lieutenant Patrick, 24 ans, Roger Gotschaux 21 ans et Rodolphe Horwitz, 18 ans.


Auteur : Valérie Pietravalle

Sources et bibliographie :
Valérie Ermosilla (Pietravalle), La Résistance juive dans le Tarn 1939-1944, réalités et représentations, mémoire de maîtrise sous la direction de Pierre Laborie et Jean Estèbe, Université Toulouse Le Mirail, 1987.
Archives de l’amicale des maquis de Vabre.
Pierre Dunoyer de Segonzac, Le vieux chef, mémoires et pages choisies, Ed. du Seuil, 1971, page 143.