Télégramme d’« Hexagone » au général Koenig

Légende :

22 juillet 1944.

Genre : Image

Type : Télégramme

Source : © Archives privées Serge Ravanel, don à l’AERI Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié.

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées)

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Analyse média

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Télégramme du 27 juillet 1944 de Serge Ravanel (« Hexagone ») qui relate les faits survenus entre les FFI de la Montagne noire et les Allemands, expose un cas d’indiscipline à son égard, demande la fin des autonomies de divers groupes existants :

« N°6 du 22 juillet. Top. de Hexagone à Général Koenig. Top. Prime. 20 juillet attaque sur corps franc Montagne Noire par forte colonne infanterie, chars, artillerie, avec appui avions bombardiers Top. Fortes pertes en matériel et abandon dépôts. Top. Commandant Mathieu tué. Top. Secunde. Vous avais rendu compte impéritie chefs Montagne Noire dont avais demandé élimination. Top. Demande que subordination sans réserve aux FFI soit ordonné par vos soins à ce groupement dont vous ai signalé à plusieurs reprises indiscipline flagrante à mon égard entretenue par liaisons directes avec Londres. Top. Tertie. Insiste pour que définitivement fassiez cesser particularisme tous groupements dont autonomie détruit cohésion au profit ennemi. Fin ».



""              Telegram from « Hexagone » to General Koenig

Telegram from July 27 1944 from Serge Ravanel « Hexagone » which related the facts of what occurred between the Montagne noire group of the French Interieur Forces (FFI) and the Germans; exposed what was, in his opinion, a case of indiscipline; and demanded an end to the autonomy of the diverse existing groups:

« Number 6 on July 22. Stop. From Hexagone to General Koenig. Stop. First. July 20th attack on the Montagne noire corps-franc unit by strong infantry columns, tanks, artillery, with support from bombers stop. Heavy material losses and camps abandoned. Stop. Major Mathieu killed. Stop. Second. You are aware of incompetence of Montagne noire leaders who I ask be removed. Stop. Ask that you order this group complete subjugation to FFI after I warned you several times about their flagrant indiscipline in my opinion maintained by direct relation with London. Stop. Third. Insist that you definitively end favoritism to all groups autonomy destroys cohesion to benefit of the enemy. End. »

Traduction : Carolyn Burkett


Auteur : Laure Bougon

Contexte historique

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Le corps-franc de la Montagne Noire


Le corps-franc de la Montagne noire est un des plus puissants groupements résistants de la région R4. Installé au sud du Massif Central, dans une zone montagneuse située aux confins de plusieurs départements (la Haute-Garonne, le Tarn, l'Aude). Créé par Roger Monpezat ("Quercy", "commandant Roger"), un résistant de la première heure, membre de divers réseaux ainsi que du mouvement Libération Sud et Henri Sévenet ("commandant Mathieu"). Des contacts sont rapidement établis avec Londres, et un opérateur radio anglais, le major Richardson, est envoyé. Un instructeur militaire, Bernard de Kervenoael ("capitaine Saint-Michel"), supervise la formation des combattants. Ceux-ci approchent le millier. Ils viennent de tous horizons et de toutes nationalités. Parmi eux, des Alsaciens et Lorrains repliés, des républicains espagnols, des soldats russes antérieurement enrôlés dans la Wehrmacht, et un groupe israélite très actif.

Le groupement dispose d'un important stock d'armes et d'équipement, parachuté ou prélevé lors de différentes opérations-coups de main. Il est l'un des mieux fournis de la région. Mais il constitue une sorte de réduit bien organisé, bien retranché, en relations directes avec l'état-major interallié qui définit ses orientations. Ce qui pose problème, comme l’indiquent les notes d’ »Hexagone » (Serge Ravanel) au général Koenig. A partir du 6 juin 1944, le corps-franc reste à l'écart du mouvement d'intensification de la guérilla, auquel se consacre la Résistance régionale et il constitue un frein au développement unitaire des FFI. Il monte ses propres opérations et il dispose comme il l'entend de ses éléments. Le 14 juillet 1944, il fait une démonstration de force dans la petite ville de Revel, en y organisant un défilé militaire. Le secret a été bien gardé. Au point qu'un médecin résistant, le docteur Ricalens, non averti, est pris dans un contrôle routier et tué route de Castres par des éléments du CFMN. Les relations se tendent alors avec le commandement régional FFI en R4, en particulier avec son chef, Serge Ravanel. Ce n'est qu'au tout dernier moment, à la veille de la Libération, qu'un accord peut être enfin trouvé et signé entre les deux parties. Les épreuves n'épargnent pas le CFMN. Il porte indiscutablement de rudes coups aux Allemands, mais ses activités l'éloignent de plus en plus des limites de la région R4. Le 19 juillet, il mitraille des véhicules militaires qui circulent sur la nationale 113 à Pont d'Alzau, dans l'Aude. Il détruit des camions, fait des prisonniers. Le lendemain 20 juillet, des avions ennemis bombardent les camps du maquis, puis des fantassins allemands, appuyés par des blindés, cherchent à avancer et à encercler le massif montagneux. Le "commandant Mathieu" est tué. Les maquisards résistent courageusement, causent des pertes à l'ennemi, et décrochent finalement par petits groupes séparés. Il faut attendre le 17 août pour que le groupement soit réunifié, aux limites du Tarn et de l'Hérault. Après la Libération, des éléments du corps-Franc rejoignent la Première Armée française et participent aux opérations militaires en Alsace et en Forêt noire.



""            Montagne Noire Corps-Franc

The Montagne noire Corps-franc unit (CFMN) was one of the most powerful resistance groups in the R4 military region in the south of France. The group was situated south of the Massif Central, in a mountainous zone located within several departments (Haute-Garonne, Tarn, Aude). It was created by Roger Monpezat (« Quercy » « Major Roger »), an early recruit to the Resistance and member of several different networks such as Libération Sud and Henri Sévenet (« Major Mathieu). Contact was quickly established with London and an English radio operator named Major Richardson was sent to join the group. A military instructor, Bernard de Kervenoael (« Captain Saint-Michel ») supervised the training of the resistants. Soon these volunteers were numbering in the thousands. They came from all walks of life and nationalities; among them, there were Alsatians and inhabitants from Lorraine who had fled from their respective regions, Spanish Republicans, Russian soldiers who had previously been conscripted in the German army and a very active Israeli group.

The group had a large and important stock of arms and equipment, which had been sent by parachute or had been taken during raids. It was one of the best equipped groups in the region: small, well-equipped and well-entrenched with direct contact with the allied Resistance leaders which defined their direction and sense of purpose. This posed a problem, as indicated in the notes from « Hexagone » (Serge Ravanel) to General Koenig. Beginning on June 6 1944, the corps-franc unit was still resisting the intensified use of guerilla tactics, to which the regional Resistance had dedicated itself; this became a barrier to the continued unification of the FFI. The group continued to complete their own operations and use their equipment as they liked. On July 14 1944, there was a show of force in the small town of Revel, where a military parade had been organized. The secret had been well-guarded, until an unaware doctor and resistant, Doctor Ricalens, was taken during a roadside check-point and killed on the Castres road by members of the CFMN. Relations between the Montagne noire and the regional commanders of R4 were strained, particularly with the head of the region, Serge Ravanel. It wasn't until the last moments on the eve of the Liberation that an agreement was finally signed between the two parties. The CFMN was not spared its share of trials; they continually bore severe blows from the Germans, but their activities took them further and further outside of the R4 boundaries. On July 19, they shot several military vehicles that were driving along national highway 113 at Pont d'Alzau, in Aude; they destroyed trucks and took prisoners. The next day, July 20, enemy planes bombarded the camps in their secluded hiding area in the mountains, followed by German infantry backed by tanks which were looking to advance and encircle the mountains. « Major Mathieu » was killed. The fighters bravely resisted, causing many enemy losses, and finally fled in small groups. The group would not re-unify until August 17, at the boundaries of Tarn and Hérault. After the Liberation, members of the Corps-franc joined the First French Army and participated in military operations in Alsace and the Black Forest in Germany.


Traduction : Carolyn Burkett


Source : Michel Goubet, in cédérom sur la Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009.