André Vellay

Légende :

André Vellay, un des fondateurs du mouvement Valmy

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © SHD GR 16 P 295 739 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

André Vellay, fils de Charles Vellay, naît le 20 décembre 1894 à Paris, dans le XVème arrondissement. Diplômé d’Etudes Normales, André Vellay est instituteur, parlant à la fois le français, l’anglais et l’allemand. Déjà appelé sous les drapeaux le 20 septembre 1914, il sert dans le 113ème Régiment d’Infanterie stationné à Blois. Fait sergent en mai 1915, il est blessé deux mois plus tard, le 13 juillet 1915, et constitué prisonnier.

Père de trois enfants (Pierre 22 ans, Jacqueline 19 ans et Jean 16 ans), il n’hésite pourtant pas à entrer rapidement en Résistance suite à la défaite de 1940. Dès septembre 1940, Vellay, Burgard (professeur d’histoire au lycée Buffon), Paulin Bertrand (inspecteur d’assurances), Jules Ballaz (artisan encadreur) et Alcide Morel (employé de banque), tous membre du groupe politique « La jeune République », montent un groupe de Résistance afin de lutter pour la « défense de la liberté ». Leur première action consiste en la rédaction et la prolifération à Paris de tracts et papillons anti-allemands et anti-vichystes, rédigés en français et en allemand, prônant des slogans simples et efficaces tel que « un seul ennemi, l’envahisseur », « il retourne sa veste comme son nom » (parlant de Laval) ou encore « Quel est le plus bel aryen du monde ? Goebbels ».

En janvier 1941, après avoir été rejoint par Bossin, Fereol et surtout Lardenois, Vellay propose que le groupe se mette à publier des journaux mensuels nommés Valmy. Avant la fin du mois, le premier numéro de Valmy est réalisé par Vellay et ses enfants chez Paulin Bertrand. Ce journal est aussi le premier journal clandestin à parvenir à Londres.

Le 11 mai 1941, le groupe Valmy décide de mettre en place un rassemblement Place des Pyramides, sous la statue de Jeanne d’Arc, afin de manifester contre l’occupation et montrer les progrès de la Résistance qui ne se limite plus à coller des tracts. En juillet 1941, Valmy est tiré à 100 000 exemplaires. Face à la croissance du groupe, Bertrand, Mirande et Vedet organisent en parallèle les « Jeunes Gardes Valmystes », groupe d’agents de renseignement s’entrainant aussi au combat en vue de la Libération, malgré l’absence d’armes qui, aussi peu soient-elles, sont stockées secrètement par Vellay.

L’année 1941 marque aussi le début du renseignement militaire pour le mouvement. Après avoir rencontré les agents du BCRA Yves et Le Tac à Paris, le groupe Valmy s’engage dans le renseignement pour le gouvernement français en exil à Londres avec comme intermédiaire Joel Le Tac. En décembre 1941, Paulin Bertrand se rend même à Londres en embarquant avec Le Tac à Saint-Brieuc, il y est décoré par le Général de Gaulle et publie un livre avant de mourir en 1944. Fort de leur première expérience de renseignement, le groupe Valmy, sous l’impulsion de Vellay qui rencontre le Capitaine Tournelle (2ème Bureau, réseau Centurie) via Lardenois, se renforce par la création d’un service de renseignement militaire, dirigé par André Vellay. Ce service nommé « BR » recrute des agents placés à des postes stratégiques permettant le relevé d’informations quasiment heure par heure. Ainsi, ces renseignements sont transmis à Londres via Tournelle ou Mirande, qui ne tarde pas à disposer d’un émetteur radio. Certains agents sont ainsi cruciaux de par leur poste comme Docquois, employé des services centraux des Chemins de fer, ayant accès à toutes les archives des grandes gares, Houget qui travaille dans le pétrole et répertorie une grande partie des rampes de lancement des armes secrètes allemandes, ou encore un fonctionnaire alertant le service des déplacements de sous-marins…

Plus tard, en novembre 1942, Vellay pousse une nouvelle fois le mouvement à se diversifier en créant des lieux de stockage d’armes ainsi que des unités paramilitaires, chacune étant sous la direction de Bouton, Denis, Israël, Nesa, Pericaud, Candelier, Piot et de la gendarmerie des Minimes. Ces unités se distinguent notamment lors de la Libération, que ce soit à Paris où se battent les groupes de Bouton, Denis, Israël, Nesa et Candelier, qu’en province avec par exemple le groupe de Pericaud qui se bat dans les Basses-Pyrénées, faisant 40 prisonniers.

A partir de 1944, André Vellay organise au sein du groupe Valmy plusieurs filières d’évasion des aviateurs tombés, ainsi qu’un groupement médical en vue de la Libération, le Groupe Thil. André Vellay est pourtant arrêté le 9 mars 1944 à son domicile dans le XVème arrondissement de Paris. En effet, un des chefs de groupe de Valmy n’a pas tenu sous la torture de la Gestapo après avoir été identifié et arrêté par un faux parachutiste allié qu’il avait hébergé. A minuit et demi, la Gestapo s’introduit dans l’appartement de Vellay en compagnie de l’agent de Valmy qui, torturé pendant trois jours, est « réduit à l’état de loque, ne pouvant se tenir debout ». La fouille de l’appartement d’André Vellay ne donne pourtant rien, la Gestapo ne trouvant que quelques revolvers car tous les documents compromettants sont cachés chez ses voisins, un couple de personne âgées n’ayant rien à voir avec la Résistance. D’abord emmené au siège de la Gestapo, avenue Henri Martin, il est torturé une première fois mais ne révèle rien. S’ensuit un interrogatoire de deux jours rue Léopold Robert ou alternent des interrogatoires de la Wehrmacht – que Vellay juge plus « humains » ces derniers ressentant de la pitié pour le torturé qui a été dénoncé par « un mauvais Français » (André Vellay comprend l’allemand) – et des interrogatoires de la Gestapo en compagnie du V-man ayant réussi à infiltrer le groupe, collaborateur notoire évadé à Madrid après-guerre.

Le 12 mars, André Vellay est mis au cachot à Fresnes, sous silence, pendant 72 jours. Il peut toutefois s’appuyer sur la clémence d’un sous-officier de la Wehrmacht qui, en échange de cours de Français, lui fait parvenir des colis de sa famille et de la Croix-Rouge. Vellay vit sa détention à Fresnes puis à Compiègne avec son camarade Lardenois, qui partage son malheureux sort. Le 6 juin, André Vellay est déporté en Allemagne par train, le trajet, sans eau ni nourriture durant presque trois jours à cause des bombardements Alliés. D’abord mis en quarantaine à Neuengamme avec ce qui reste du convois, Vellay est rapidement transféré – juillet 1944 - à Sachsenhausen puis au Kommando de Falkensee, près de Berlin, où il travaille sur la fabrication de blindés. Parlant parfaitement l’allemand, André Vellay est d’abord occupé au contrôle des pièces fabriquées puis aux écritures de l’usine, ce qui lui permet de jouer avec les chiffres des ouvriers français et grecs qui fournissent un rendement d’environ 50%, ce qui est minime par rapport aux 80% exigés par les Allemands, et dérisoire par rapport au rendement de 120% des Russes et Polonais. Ainsi, André Vellay fait en sorte que Français et Grecs atteignent statistiquement les 80% pour leur éviter les violentes punitions des SS.

Libéré le 26 avril par l’Armée Rouge - qui fascine Vellay par la puissance qu’elle dégage – il est échangé le dernier dimanche de mai au centre de Dessau contre deux prisonniers soviétiques libérés par les américains (un prisonnier français s’échangeant contre deux prisonniers russes). Il regagne la France par train le 3 juin 1945.

Pour ses actions dans la Résistance André Vellay est décoré de la Croix de Guerre 39/45 ainsi que de la Médaille de la Résistance avec une citation du ministre de l’Education Nationale datant du 18 juin 1946 : « A joué un rôle actif dans la Résistance dès 1940, comme un des fondateurs du groupe « Valmy ». S’est dépensé sans compter pour rédiger et diffuser le journal clandestin « Valmy », a organisé un réseau de renseignement et des groupes paramilitaires. Arrêté par la Gestapo le 9 mars 1944, a été incarcéré à Fresnes, puis déporté en Allemagne en juin 1944. A séjourné successivement aux camps de Neuengamme et d’Oranienburg-Saxenhausen d’où il a été rapatrié à la Libération. »


Auteur : Hadrien Bachellerie

Sources : 
SHD GR 16 P 295 739
Archives nationales, 72AJ 81 groupe Valmy
Archives nationales, F17 /16 075, médaille de la Résistance, académie de Paris (1er degré) 1945-1947, dossier André Vellay