Combats de la Montagne noire des 20 et 21 juillet 1944

Genre : Image

Type : Note de la Résistance

Source : © Archives privées Serge Ravanel, don à l’AERI Droits réservés

Détails techniques :

Document papier pelure dactylographié d’une page, format A4.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Auvergne)

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Contexte historique



Le corps-franc de la Montagne noire (CFMN)

Le corps-franc de la Montagne noire est un des plus puissants groupements résistants de la région R4. Installé au sud du Massif Central, dans une zone montagneuse située aux confins de plusieurs départements (la Haute-Garonne, le Tarn, l'Aude), il a un rayonnement qui ne concerne que partiellement la Haute-Garonne. Mais un de ses fondateurs est toulousain : l'expert comptable Roger Monpezat, un résistant de la première heure, membre de divers réseaux ainsi que du mouvement Libération Sud. Suivant son exemple, d'autres toulousains et haut-garonnais rejoignent ce maquis.


Celui-ci apparaît en mars-avril 1944. A côté de Roger Monpezat ("Quercy", "commandant Roger"), Henri Sévenet ("commandant Mathieu") participe à sa création. Des contacts sont rapidement établis avec Londres, et un opérateur radio anglais, le major Richardson, est envoyé. Un instructeur militaire,  Bernard de Kervenoael ("capitaine Saint-Michel"), supervise la formation des combattants. Ceux-ci approchent le millier. Ils viennent de tous horizons et de toutes nationalités. Parmi eux, des Alsaciens et Lorrains repliés, des républicains espagnols, des soldats russes antérieurement enrôlés dans la Wehrmacht, et un groupe israélite très actif. Le groupement dispose d'un important stock d'armes et d'équipement, parachuté ou prélevé lors de différentes opérations-coups de main. Il est, à ce sujet, l'un des mieux fournis de la région. Mais il constitue une sorte de réduit bien organisé, bien retranché, en relations directes avec l'état-major interallié qui définit ses orientations. Ce qui pose problème. A partir du 6 juin 1944, le corps-franc reste en effet à l'écart du mouvement d'intensification de la guérilla, auquel se consacre la Résistance régionale. Il constitue également un frein au développement unitaire des FFI. Il monte ses propres opérations et il dispose comme il l'entend de ses éléments. Il entretient des rapports houleux avec le groupe voisin Blanqui de Jacques d'Andurain.  Le 14 juillet 1944, il fait une démonstration de force dans la petite ville de Revel, en y organisant un défilé militaire devant la population médusée. Le secret a été bien gardé. Au point qu'un médecin résistant, le docteur Ricalens, non averti, est pris dans un contrôle routier et tué route de Castres par des éléments du CFMN. Les relations se tendent alors avec le commandement régional FFI en R4, plus particulièrement avec son chef, Serge Ravanel. La correspondance échangée en témoigne. Ce n'est qu'au tout dernier moment, à la veille de la Libération, qu'un accord peut être enfin trouvé et signé entre les deux parties.

Les épreuves n'épargnent pas le CFMN. Il porte indiscutablement de rudes coups aux Allemands, mais ses activités l'éloignent de plus en plus, non seulement de la Haute-Garonne, mais également des limites de la région R4. Le 19 juillet, il mitraille des véhicules militaires qui circulent sur la nationale 113 à Pont d'Alzau, dans l'Aude. Il détruit des camions, fait des prisonniers. Le lendemain 20 juillet, des avions ennemis bombardent les camps du maquis, puis des fantassins allemands, appuyés par des blindés, cherchent à avancer et à encercler le massif montagneux. Le "commandant Mathieu" est tué. Les maquisards résistent courageusement, causent des pertes à l'ennemi, et décrochent finalement par petits groupes séparés. Il faudra attendre le 17 août pour que le groupement soit réunifié, aux limites du Tarn et de l'Hérault. La Libération achevée, des éléments du corps-franc rejoignent la Première Armée française et participent aux opérations militaires en Alsace et en Forêt noire.



       The Battle of Montagne Noire, July 20th and 21st, 1944

The Corps-Francs in Montagne Noire (CFMN)

The Corps-Francs in the Montagne Noire were one of the most powerful Resistance groups in Region R4. Stationed in Massif Central, a mountainous area that was within the Haute-Garonne, Tarn, and Aude departments, the Corps-Francs were predominantly from Haute-Garonne. However, one of the founders was from Toulouse. He was Roger Monpezat, an expert accountant and a resistance fighter from the beginning, who had worked for several groups within Libération-Sud. Following his example, others from Toulouse joined the Corps-Francs and worked together with those from Haute-Garonne.


The group began taking off in March and April of 1944. Working alongside Monpezat to found the Corps-Francs («Quercy,» «Commandant Roger») was Henri Sévenet («Commandant Mathieu»). They quickly established contacts in London, including a radio operator, Major Richardson, who quickly arrived in France. A military instructor, Bernard de Kervenoael («Captain Saint-Michel») oversaw the training of the troops who had grown to almost a thousand men. The soldiers came from all over: there were men from Alsace and Lorraine, Spanish republicans, Russian soldiers who had been enlisted by the Wehrmacht, and a group of Israelis. The troops were supplied with weapons and supplies from air drops or from raiding the enemy camp. They were some of the best in the region, but their independence strained ties with the allied Etat-Major who were in charge of operations. General Koenig, as indicated in Serge Ravanel's (alias Hexagone) notes, found this troubling. Beginning June 6th, 1944, the Corps-Francs continued to intensify their guerilla warfare, the way the Resistance had always fought in the region, but their actions made unification under the FFI more difficult. They continued to launch their own operations using their own men. On July 14th, the Corps-Francs planned to demonstrate their strength by organizing a march through the small town of Revel. Their secret was safely guarded until a doctor and resistance fighter, Dr. Ricalens, was captured and murdered en route to Castres by members of the CFMN. Tensions rose in R4 between the Corps-Francs and the FFI, particularly Serge Ravanel, the FFI's regional leader. It was not until the Liberation that the two parties agreed to make peace and sign an agreement.

But the CFMN was not spared. Though they kept dealing the Germans tough blows, their operations took them to the outer limits of the R4 region. On July 19th, they fired on military vehicles that surrounded the National 113 at Pont d'Alzau in Aude. They destroyed the trucks and took prisoners. The next day, enemy planes bombed the maquisard camps, and then German soldiers, backed by tanks, advanced and surrounded the mountain. «Commandant Mathieu» was killed. The maquis fought back bravely and managed to break up the German offensive. It was not until August 17th that the Germans managed to regroup in Tarn and Hérault. After the Liberation, members of the Corps-Francs joined the First French army and took part in the military operations in Alsace and the Black Forest.


Traduction : Catherine Lazernitz


Sources : Cédérom La Résistance en Haute-Garonne, édition AERI, 2010 (notice rédigée par Michel Goubet).