Acte notarié daté du 14 octobre 1942

Légende :

Achat d'un bien en 1942 par un ébéniste montilien. "Emile Richard non juif".
Le dossier intérieur est de 6 pages blanches légèrement jaunies par le temps (1 feuille double accompagnée d’une feuille simple) tapées à la machine et fixées à la chemise par un simple fil mince cousu et noué.

Genre : Image

Type : Acte notarial

Source : © AERD Droits réservés

Détails techniques :

Dossier intérieur de 21 x 30 cm contenu par la chemise protectrice en carton mince beige foncé de 22 x 31 cm. Texte incomplet.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Montélimar

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Analyse média

Dans cette « VENTE DE FONDS » BL 38576, signée devant maître Condamin, notaire à Montélimar, madame et monsieur Portanier déclaraient avoir vendu « le fonds de commerce et d’industrie de fabrication et de vente de meubles », atelier et entrepôt, d’une part, magasin de vente, d’autre part.

Cette transaction était effectuée à l’avantage de « M. Émile Richard, ébéniste, demeurant à Montélimar, né à Montélimar le vingt et un juillet mil neuf cent huit ; déclarant être de nationalité française et non juif » (souligné par les auteurs de la notice). Curieusement, l’erreur dans la date de naissance a dû échapper à l’acheteur (en réalité né le 28 juillet 1908).
A contrario, cela signifierait que le Français juif n’aurait pas ces droits ou tout au moins, n’aurait pas les mêmes droits, en tout cas serait traité autrement que le « pur » français.

L’ombre d’une mise à l’écart planait-elle pour les gens de l’époque ? Sans doute non.
Toutefois, nous connaissons maintenant la politique antisémite globale du gouvernement de Vichy ; la terrible rafle du 16 juillet 1942, enfermant 12 884 Juifs au Vel d’Hiv, ne se situe qu’à peine 3 mois avant la signature de cet acte somme toute banal.


Auteurs : Claude Seyve Michel Seyve

Contexte historique

Les statuts d’octobre 1940 et de juin 1941 incluent des mesures d’exclusion et de stigmatisation à l’égard des Juifs.

La population comme « anesthésiée » après la défaite de 1940, même dans ses couches les plus rebelles, celles qui refusent déjà la soumission, ne dénonce pas l’antisémitisme de Vichy, jusqu’à la mise en place de la « solution finale », en 1942.

La lecture de ce simple acte notarial du 14 octobre 1942, est édifiante dans ses attendus et ses sous-entendus : ils impliquent en clair l’exclusion des Juifs pour les droits d’achat ou de vente des biens, comme tout citoyen en avait la jouissance sous la IIIe République précédente.


Auteurs : Claude Seyve Michel Seyve
Sources : Acte de notaire, Archives privées Claude Seyve.