Dans les usines




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ESPACE PEDAGOGIQUE

Objectif de cet espace : 
permettre aux enseignants d\'aborder plus aisément, avec leurs élèves, l\'exposition virtuelle sur la Résistance dans la Drôme en accompagnant leurs recherches et en proposant des outils d’analyse et de compréhension des contenus.

L'espace d'exposition s'articule autour d'une arborescence à quatre entrées :
- Zone libre et Occupation,
- Résistance,
- Libération et après-libération,
- Mémoire.

Chaque thème est introduit par un texte contextuel court. A partir de là, des documents de tous types (papier, carte, objet, son, film) sont présentés avec leur notice explicative.

La base média peut être aussi utilisée comme ressource pour les enseignants et leurs élèves dans le cadre de travaux collectifs ou individuels, en classe ou à la maison.

Pour l'exposition sur la Résistance dans la Drôme, sont proposés aux enseignants des parcours pédagogiques (collège et lycée), en lien avec les programmes scolaires, utilisant les ressources de l'exposition :

1/ Collège :

Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Fiche 1 : La France vaincue, occupée et libérée,
     . Fiche 2 : Le gouvernement de Vichy, la Révolution nationale et la Collaboration,
     . Fiche 3 : Vivre en France durant l'Occupation,
     . Fiche 4 : La Résistance.

2/ Lycée :

- Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Dossier 1 : L'Etat français (le régime de Vichy),
     . Dossier 2 : Les Juifs dans la Drôme (antisémitisme, persécution, arrestation, déportation, protection),
     . Dossier 3 : Les résistants,
     . Dossier 4 : La Résistance armée,
     . Dossier 5 : La Résistance non armée,
     . Dossier 6 : La vie quotidienne.

Si vous êtes intéressés par ces dossiers, contactez nous : [email protected]

Réalisation des dossiers pédagogiques : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

1. De la déclaration de guerre à l’Armistice, le 22 juin 1940 : Un mois après le début de leur attaque en mai 1940, les Allemands atteignent le nord de la Drôme. L’Armistice arrête les combats sur la rivière Isère. Le nord du département est occupé par les troupes allemandes.
2. De l’Armistice à l’occupation allemande, le 11 novembre 1942 : La Drôme est située en zone non occupée.
3. Du 11 novembre 1942 au 9 septembre 1943 : La Drôme est placée sous administration et occupation italiennes.
4. Du 9 septembre 1943 au 31 août 1944 : l’armée allemande occupe la Drôme ; c’est la période la plus intense pour la lutte contre l’ennemi et le gouvernement de Vichy.


Il s'agit d'une sélection de cartes nationales et locales sur la Résistance. La plupart de ces cartes ont été réalisées par Christophe Clavel et Alain Coustaury. Il s'agit d'une co-édition AERI-AERD tous (droits réservés)


CARTE INTERACTIVE DROME ET VERCORS DROMOIS ET ISEROIS
(Suivez ce lien pour afficher la carte et sélectionnez les points du paysage souhaités pour afficher les fiches correspondantes)


  France de 1940 à 1944
  Départements français sous l’Occupation
  Régions militaires de la Résistance en 1943
  La Drôme, géographie physique
  Esquisse de découpage régional de la Drôme
  Les communes de la Drôme
  Carte des transports en 1939
  Le confluent de la Drôme et du Rhône
  Densité de la population de la Drôme en 1939
  Densité de la population de la Drôme en 1999
  Evolution de la densité de population de la Drôme entre 1939-1999
  L’aérodrome de Montélimar-Ancône
  Aérodrome de Valence - Chabeuil - La Trésorerie
  Les caches des armes et du matériel militaire
  Les terrains de parachutages dans la Drôme
  Bombardements alliés et allemands dans la Drôme
  Immeubles détruits par les Allemands et la Milice
  Emplacement de camps de maquis de 1943 au 5 juin 1944
  Localisation des groupes francs qui ont effectué des sabotages en 1943
  Implantation et actions de la compagnie Pons
  FFI morts au combat ou fusillés
  Plan-de-Baix, Anse, 16 avril 1944
  Géopolitique de la Résistance drômoise en juin-juillet 1944
  Dispositif des zones Nord, Centre, Sud vers le 10 juin 1944
  Combovin, 22 juin 1944
  Vassieux-en-Vercors 21, 22, 23 juillet 1944
  Combat de Gigors 27 juillet 1944
  Le sabotage du pont de Livron
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 21 au 24 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 25 et 26 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 27 au 29 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 29 août à 12 heures le 30 août 1944
  Etrangers au département, non juifs, arrêtés dans la Drôme et déportés
  Déportation, arrestations dans la Drôme
  Déportation des Juifs dans la Drôme
  Lieu de naissance de Drômois déportés, arrêtés dans la Drôme et à l’extérieur du département
  Cartes des principaux lieux de mémoire dans la Drôme
  Perceptions de la Résistance drômoise

Publications locales :

Une bibliographie plus détaillée sera accessible dans l’espace « Salle de consultation » du Musée virtuel.

SAUGER Alain, La Drôme, les Drômois et leur département. 1790-1990. La Mirandole. 1995.
GIRAUDIER Vincent, MAURAN Hervé, SAUVAGEON Jean, SERRE Robert, Des Indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale. Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 1999.
FÉDÉRATION DES UNITÉS COMBATTANTES DE LA RÉSISTANCE ET DES FFI DE LA DRÔME, Pour l’amour de la France. Drôme-Vercors. 1940-1944. Peuple Libre, Valence, 1989.
DE LASSUS SAINT-GENIÈS (général), DE SAINT-PRIX, Combats pour le Vercors et la Liberté. Peuple Libre, Valence, 1982.
LA PICIRELLA Joseph. Témoignages sur le Vercors, 14e édition, Lyon, 1994
LADET René, Ils ont refusé de subir. La Résistance en Drôme. Auto-édition. Portes-lès-Valence, 1987.
DREYFUS Paul, Vercors, citadelle de Liberté, Arthaud, Grenoble, 1969.
MARTIN Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, Paris IV Sorbonne, 2002.
SERRE Robert, De la Drôme aux camps de la mort, Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 2006.
SUCHON Sandrine, Résistance et Liberté. Dieulefit 1940-1944. Éditions A Die. 1994.
VERGNON Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, L’Atelier, Paris, 2002.

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERD-AERI, 2007.

Ce travail n’aurait pu avoir lieu sans l’aide financière du Conseil général de la Drôme, du Conseil régional de Rhône-Alpes, du Groupe de Recherches, d’Études et de Publications sur l’Histoire de la Drôme (GRÉPHiD) et de l'AERD qui y a affecté une partie des recettes de la vente des dvd-roms, La Résistance dans la Drôme et le Vercors.

L’équipe de la Drôme tient à les remercier ainsi que :
- l’Office départemental des anciens combattants (ONAC),
- la Direction départementale de l’équipement de la Drôme (DDE),
- le Centre départemental de documentation pédagogique de la Drôme, (CDDP),
- le personnel et la direction des Archives départementales de la Drôme, de l’Isère, des Archives communales de Allan, de Crest, de Die, de Grâne, de Montélimar, de Romans-sur-Isère, de Triors, de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, de Saint-Uze,
- les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv), le National Archives and Records Administration (NARA), The National Archives (les archives nationales britanniques), Yad Vashem,
- le Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation de Romans, le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial de La Chau, le Musée de Die, le Musée Saint-Vallier, la Médiathèque de Montélimar, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le Mémorial Shoah, l’Association des Amis du Musée des blindés de Saumur, le Musée de la Division Texas (USA),
- l’Association Études drômoises, l’Association Mémoire d’Allex, l’Association Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, l’Association Mémoire de la Drôme, l’Association des Amis d’Emmanuel Mounier, l’Association Patrimoine, Mémoire, Histoire du Pays de Dieulefit, l’Amicale maquis Morvan, la Fédération des Unités Combattantes et des FFI de la Drôme, l’Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors.

Mais nos remerciements s’adressent surtout à toutes celles et tous ceux, notamment résistantes, résistants et leurs familles, qui ont accepté de livrer leurs témoignages, de nous confier leurs documents et leurs photographies. Ils sont très nombreux et leurs noms figurent dans cette exposition. Ils s’apercevront au fil de la lecture que leur contribution a été essentielle pour l’équipe qui a travaillé à cette réalisation. Grâce à eux, une documentation inédite a pu être exploitée, permettant la mise en valeur de personnes, d’organisations et de faits jusqu’alors méconnus. Grâce à eux nous avons pu avancer dans la connaissance de la Résistance dans la Drôme et plus largement dans celle d’une histoire de la Drôme sous l’Occupation.
L’étude de cette période et des valeurs portées par la Résistance, liberté, solidarité, justice et progrès social…, nous semble plus que jamais d’actualité.

 

CONCEPTION, RÉALISATION

Maîtres d’ouvrage :
Association pour l’Élaboration d’un Cédérom sur la Résistance dans la Drôme (AERD), en lien avec l'Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI) au niveau national. 

Maîtrise d’ouvrage : Carré multimédia. 

Gestion de projet AERI : Laurence Thibault (directrice) – Laure Bougon (chef de projet) assistée d’Aurélie Pol et de Fabrice Bourrée. 

Groupe de travail : Pierre Balliot, Alain Coustaury, Albert Fié, Jean Sauvageon, Robert Serre, Claude Seyve, Michel Seyve. Patrick Martin et Gilles Vergnon interviennent sur des notices spécifiques. 

Sont associés à ce travail tous ceux qui ont participé à la réalisation du Dvd-rom La Résistance dans la Drôme, et qui par la même, ont contribué à une meilleure connaissance de la Résistance dans le département. 

Groupe pédagogique : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

Cartographie : Christophe Clavel et Alain Coustaury.



La Charte du travail, instituée le 4 octobre 1941, supprime les anciens syndicats qui sont remplacés par des organismes chargés de mettre en œuvre les orientations gouvernementales résumées par la devise « Travail, Famille, Patrie ».
La lutte est donc très difficile dans les entreprises où les syndicats dissous se réorganisent clandestinement.
Le mécontentement est nourri par les difficultés de vie (ravitaillement, couvre-feu, présence de l’occupant, etc.). Dans les usines, la politique de collaboration voulue par la Charte empêche que les véritables revendications, de salaire notamment, aboutissent.
Les mots d’ordre ne peuvent que circuler de bouche à oreille en se méfiant de certains employés prêts à moucharder, au patron (mais tous ne sont pas des suppôts gouvernementaux) ou aux « autorités » extérieures, les préparatifs d’une action revendicative. L’information peut être véhiculée aussi par des papillons ou des tracts reproduits en nombre limité.
Ces grèves ou diverses actions revendicatives, protestataires voire patriotiques quand elles réussissent à s’organiser, sont parfois fortement réprimées.

Les archives et des témoignages nous révèlent quelques faits sur la Résistance ouvrière* :

Le 8 juin 1941, à Die, à l'usine Audra, qui emploie des ouvriers notoirement connus pour leurs sentiments extrémistes, des propos en faveur de l'Angleterre auraient été tenus le jour de l'attaque de la Syrie par les Anglais.

Le 22 février 1942, un sondage est rapporté par les gendarmes suite à une propagande en faveur du collaborateur Doriot à Romans "Dans le centre ouvrier de Romans, suivant les indications reçues, 80 % des ouvriers seraient contre : 15 % indifférents, 5 % sympathisants". Le 1er mai 1942, des ouvriers "communistes notoires" (six en tout) sont en grève dans deux usines de Die.

Le 30 juin 1942, des tracts sont distribués, et des affiches placardées à Saint-Vallier, Saint-Uze, Saint-Rambert d'Albon et Andancette protestant contre l'allocution de Laval incitant au départ volontaire d'ouvriers en Allemagne.

Le 14 juillet 1942, Henri Faure et son groupe de résistants lancent des tracts devant des usines valentinoises qui sont vite ramassés et seront ensuite commentés favorablement.

Le 14 octobre 1942, à Valence et à Bourg-lès-Valence, des tracts invitant les ouvriers à ne pas partir pour l'Allemagne, ont été découverts à proximité des usines. Le 20, d'autres tracts sont diffusés invitant les ouvriers à se mettre en grève le 21 octobre pour protester contre la réquisition de la main-d’œuvre. Le 29, pour protester contre la Relève, les ouvriers d'un certain nombre d'usines ont fait de courtes grèves notamment une grève d'une heure d'une quarantaine d'ouvriers à l'usine Bady à Romans.

Le 1er novembre 1942, le préfet rapporte que "les ouvriers spécialistes de l'industrie des métaux sont hostiles et refusent de partir volontairement pour l'Allemagne ; deux groupes : ceux qui s'inclineront devant les désignations et ceux qui y sont totalement réfractaires qui forment une grosse majorité. Sur 42 sollicités, deux seulement sont partis."
Le même jour, Marcel Barbu, industriel à Valence, refuse le départ de ses ouvriers pour la Relève, il est interné à Fort Barraux en Isère.

Le 5 novembre 1942, nouvelles grèves contre la Relève, cette fois à la fonderie Goguet, de Romans (60 ouvriers), au cartonnage Branchard de Bourg-de-Péage (10 ouvriers).

Le 11 novembre 1942, deux grèves signalées : la première à l'usine Frachon à Saint-Vallier (100 ouvriers), la deuxième à l'usine Dumont à Saint-Uze (70 ouvriers). Les patrons n'ont averti la gendarmerie que le lendemain, quatre communistes sont arrêtés. Encore à Saint-Vallier, des affiches ont été posées contre l'envoi d'ouvriers français en Allemagne.

Le 17 février 1943, un rapport est fait sur les ouvriers de la Boulonnerie Calibrée de Valence (dont 80 % de la production part en Allemagne) : 85% du personnel est anti-collaborationniste, la majeure partie des ouvriers préférerait une attitude de Résistance.
Le 24 février, en gare de Valence, les ouvriers partant pour la Relève chantent pour la première fois La Marseillaise.

Le 7 avril, une grève d'une journée pour le ravitaillement a lieu à Saint-Nazaire-en-Royans qui affecte 110 ouvriers de l'usine de tissage Léon Laurent et trente ouvriers de l'entreprise Joya-Chabert procédant à la reconstruction du Pont de Saint-Nazaire-en-Royans.
Le 14 avril 1943, une grève de protestation de 24 h à l'usine d'appareillage électrique Grammont à Érome. La fin de la grève n'a pu être obtenue que par la promesse formelle, de la part du service de ravitaillement, d'assurer d'urgence l'envoi de farine dans les communes rurales où sont domiciliés les 150 ouvriers protestataires.

Le 17 septembre des tracts sont distribués dans les régions de Saint-Vallier et Romans appelant à faire grève pour commémorer la victoire de Valmy le 20. Ce jour-là, le préfet signale que cette grève "a été un succès complet : 3.000 ouvriers du cuir en grève". Mais les Allemands procèdent à 54 arrestations dans les jours qui suivent à Romans et Bourg-de-Péage. 26 seront déportés.

Le 11 novembre 1943, plusieurs manifestations sont organisées dans le département et des grèves sont signalées à Saint-Uze et Montélimar.
À Montélimar, les ouvrières et ouvriers de trois usines déposent des fleurs au monument aux morts le matin, arrêtent le travail et se rassemblent à 11 heures au monument, chantent La Marseillaise, entraînant même les gendarmes venus les disperser et terminent par l’Internationale. La manifestation, saluée par une gerbe lancée de son avion par le pilote Vernier, est à l’initiative de Jean Ravier, animateur local d’un important groupe de sédentaires, avec qui il rejoindra peu après le maquis FTP (Franc-Tireur et partisan) des Pilles.

Le 19 janvier 1944, 22 femmes sur 80 ouvriers et ouvrières de la chapellerie Durand à Bourg-de-Péage se sont mises en grève dans le but d'obtenir une augmentation de salaire. L'occupation allemande devenant de plus en plus sévère en 1944, les grèves sont remplacées par l'inertie. Deux rapports en font mention.

Le 15 février, il est signalé : "40 ouvriers travaillent sans ardeur à la station d'Autichamp, malgré le désir des Allemands de voir s'activer ces travaux qui ne seront certainement pas achevés avant plusieurs mois".

Le 13 mai, on informe le préfet que les 4 500 ouvriers de la poudrerie de Valence, pourtant sous contrôle allemand, travaillent au ralenti. 


                                    Resistance in Factories

The Work Charter, established October 4th, 1941, abolishes the old unions that were replaced by agencies responsible for implementing governmental guidelines summarised by the motto "Work, Family, Fatherland".

The fight is very difficult in companies where illegal unions are secretly reorganising. The discontent is fueled by the difficulties of life (food, curfews, the presence of occupants, etc.) In factories, the policy of collaboration required by the Charter prevents workers' claims, in particular, higher salaries, from succeeding. Slogans can only travel by word of mouth by some employees ready to squeal to the boss (though not all are government-supporters) and to external "authorities» that preparations are being made for industrial action. Information can also be conveyed by papillons or leaflets produced in limited numbers. These strikes, when they manage to be organised, are sometimes strongly oppressed.


Traduction : Meghan Briggs

Auteur : Jean Sauvageon et Patrick Martin
Source : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. Archives nationales, Paris, F1 CIII/1152, F1a/3901. Service historique armée terre, Vincennes, 13 P 3. Service historique gen


 

Usine à Die, premières manifestations d’hostilité



  • Contexte historique
  • Analyse média

Les actions dans les usines ne touchent pas que les centres industriels importants du département. Le contexte local est déterminant. La ville de Die (3 061 habitants en 1936) est au cœur d’une région à forte tradition républicaine. C’est un radical, Léon Archimbaud, qui est maire. Mais en 1936, le candidat communiste, Fernand Richaud, obtient plus de 44 % des voix. Or, il est scieur. Dans la ville, l’industrie du meuble a pris de l’extension avec la proximité des forêts du Vercors et la culture du noyer. Fernand Richaud deviendra un des responsables FTP (Francs-Tireurs et partisans) de la région.

L’usine Audra, fabriquant des meubles, compte alors une centaine d’ouvriers dont un rapport de gendarmerie du 8 juin 1941 stipule que certains sont « notoirement connus pour leurs sentiments extrémistes ». Des propos en faveur de l'Angleterre auraient été tenus le jour de l'attaque de la Syrie par les Anglais, y indique-t-on encore. Un autre rapport, du 1er mai 1942, signale que des ouvriers "communistes notoires" (six en tout) sont en grève dans deux usines de Die.

Par la suite, les actions vont se multiplier dans tout le département contre la propagande gouvernementale, pour l’amélioration du ravitaillement, pour les salaires ou contre les réquisitions pour le travail en Allemagne. Les conditions de lutte, de protestation sont difficiles dans un contexte où la surveillance et la délinquance règnent. Les syndicats traditionnels, notamment la CGT, sont interdits en application de la Charte du Travail. La préparation d’une grève, d’une manifestation ne peut se faire que clandestinement, les mots d’ordre ne circulent que « sous le manteau ». Néanmoins, les rapports indiquent que dans les usines les ouvriers parviennent à manifester leur mécontentement.

Le 22 février 1942, un sondage est rapporté par les gendarmes suite à une propagande en faveur du collaborateur Doriot à Romans « Dans le centre ouvrier de Romans, suivant les indications reçues, 80 % des ouvriers seraient contre : 15 % indifférents, 5 % sympathisants ».

Le 30 juin 1942, des tracts sont distribués, et des affiches placardées à Saint-Vallier, Saint-Uze, Saint-Rambert-d’Albon et Andancette protestant contre l'allocution de Laval incitant au départ volontaire d'ouvriers en Allemagne.

Le 14 juillet 1942, Henri Faure et son groupe de résistants lancent des tracts devant des usines valentinoises qui sont vite ramassés et seront ensuite commentés favorablement.

Le 14 octobre 1942, à Valence et à Bourg-lès-Valence, des tracts invitant les ouvriers à ne pas partir pour l'Allemagne ont été découverts à proximité des usines, le 20, d'autres tracts sont diffusés invitant les ouvriers à se mettre en grève le 21 octobre pour protester contre la réquisition de la main-d'oeuvre. Le 29, pour protester contre la Relève, les ouvriers d'un certain nombre d'usines ont fait de courtes grèves notamment une grève d'une heure d'une quarantaine d'ouvriers à l'usine Bady à Romans.

Le 1er novembre 1942, le préfet rapporte que « les ouvriers spécialistes de l'industrie des métaux sont hostiles et refusent de partir volontairement pour l'Allemagne ; deux groupes : ceux qui s'inclineront devant les désignations et ceux qui y sont totalement réfractaires qui forment une grosse majorité. Sur 42 sollicités, deux seulement sont partis. » Le même jour, Marcel Barbu, industriel à Valence, refuse le départ de ses ouvriers pour la Relève, il est interné à Fort Barraux en Isère.

Le 5 novembre 1942, nouvelles grèves contre la Relève, cette fois à la fonderie Goguet, de Romans (60 ouvriers), au cartonnage Branchard de Bourg-de-Péage (10 ouvriers).

Le 11 novembre 1942, deux grèves signalées : la première à l'usine Frachon à Saint-Vallier (100 ouvriers), la deuxième à l'usine Dumont à Saint-Uze (70 ouvriers). Les patrons n'ont averti la gendarmerie que le lendemain, quatre communistes sont arrêtés. Encore à Saint-Vallier, des affiches ont été posées contre l'envoi d'ouvriers français en Allemagne.

Le 17 février 1943, un rapport est fait sur les ouvriers de la Boulonnerie Calibrée de Valence (dont 80 % de la production part en Allemagne) : 85 % du personnel est anti-collaborationniste, la majeure partie des ouvriers préféreraient une attitude de Résistance.

Le 24 février 1943, en gare de Valence, les ouvriers partant pour la Relève chantent pour la première fois La Marseillaise.

Le 7 avril 1943, une grève d'une journée pour le ravitaillement à Saint-Nazaire-en-Royans affecte 110 ouvriers de l'usine de tissage Léon Laurent et trente ouvriers de l'entreprise Joya-Chabert procédant à la reconstruction du pont de Saint-Nazaire-en-Royans.

Le 14 avril 1943, c’est une grève de protestation de 24 h à l'usine d'appareillage électrique Grammont à Érôme. La fin de la grève n'a pu être obtenue que par la promesse formelle, de la part du service de ravitaillement, d'assurer d'urgence l'envoi de farine dans les communes rurales où sont domiciliés les 150 ouvriers protestataires.

Le 17 septembre 1943, des tracts sont distribués dans les régions de Saint-Vallier et Romans appelant à faire grève pour commémorer la victoire de Valmy le 20. Ce jour-là, le préfet signale que cette grève "a été un succès complet : 3 000 ouvriers du cuir en grève". Mais les Allemands procèdent, dans les jours qui suivent à Romans et Bourg-de-Péage, à l’arrestation de 54 ouvriers, 26 seront déportés.

Le 11 novembre 1943, plusieurs manifestations sont organisées dans le département et des grèves sont signalées à Saint-Uze et Montélimar.

Le 19 janvier 1944, 22 femmes sur 80 ouvriers et ouvrières de la chapellerie Durand à Bourg-de-Péage se sont mises en grève dans le but d'obtenir une augmentation de salaire.

L'occupation allemande devenant de plus en plus sévère en 1944, les grèves sont remplacées par l'inertie. Deux rapports en font mention : Le 15 février, il est signalé "40 ouvriers travaillent sans ardeur à la station d'Autichamp, malgré le désir des Allemands de voir s'activer ces travaux qui ne seront certainement pas achevés avant plusieurs mois". La station ne sera jamais terminée. Le 13 mai, on informe le préfet que les 4 500 ouvriers de la poudrerie de Valence, pourtant sous contrôle allemand, travaillent au ralenti.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : DVD-Rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, édition AERI-AERD, 2007. Collectif, Die, histoire d’une cité, Patrimoine de la vallée de la Drôme.

La ville de Die est dans la vallée de la Drôme. Elle est entourée de montagnes. Le sommet qui est en arrière-plan est le Serre Grimaud, au sud-est de la ville. L’usine Audra, située à l’est de l’agglomération, occupe une grande superficie. Au premier plan, ce sont surtout les réserves de bois bruts et de planches, la scierie et les locaux de préparation des éléments. Le grand bâtiment du fond, avec une cheminée, sert au montage des meubles et à leur stockage.


Auteurs : Jean Sauvageon

Titre : Usine à Die, premières manifestations d’hostilité

Légende :

L’entreprise Audra à Die est une fabrique de meubles où a eu lieu les premières manifestations d’hostilité au gouvernement de Vichy.

Genre : Image     Type : Carte postale

Producteur : Inconnu

Source : © Collection Robert Serre - Droits réservés

Détails techniques :

Carte postale sépia.


Date document : Avant guerre

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Die