SOMMAIRE
Glossaire

Armée d’armistice
Aux termes de l'armistice franco-allemand du 22 juin 1940, l'armée régulière (c'est à dire l'armée française, qui constituait la force armée de la France et dépendait de son autorité) est presque entièrement désarmée et réduite à 100 000 volontaires afin de constituer l'armée d'armistice, placée sous l'autorité du gouvernement de Vichy. Elle sera dissoute le 27 novembre 1942 sur ordre d'Hitler. L'armée régulière est reconstituée progressivement par le général de Gaulle à partir de 1942 après la libération de l'Algérie.

Armée secrète (AS)
L’Armée secrète, créée à l’automne 1942, rassemble les effectifs paramilitaires des trois principaux mouvements de la zone Sud (Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur). Etant, dans un premier temps, une composante des Mouvements unis de la Résistance créés officiellement en janvier 1943 sous l’action de Jean Moulin, elle ne rassemble pas encore les forces de la zone Nord. A sa tête est porté en octobre 1942 le général Delestraint. En avril 1943, les forces paramilitaires des principaux mouvements de la zone Nord intègrent l’Armée secrète qui désormais s’étend sur tout le territoire national. Bien qu’un accord ait été conclu entre le Parti communiste et la France combattante, les Francs-Tireurs Partisans conservent leur autonomie.

Bureau central de renseignement et d'action (BCRA)
Service de renseignement de la France libre qui a organisé d'importants réseaux dans la France occupée. Créé en juillet 1940 par le général de Gaulle et confié au capitaine André Dewavrin, alias "colonel Passy", initialement dénommé Bureau central de renseignement et d'action militaire (BCRAM).

Cages à poules
Pendant le Second Empire, dans les grandes maisons centrales, des quartiers distincts furent institués afin de séparer les jeunes adultes des condamnés plus âgés et des dortoirs cellulaires aménagés à l'aide de cloisons en bois à claire-voie. Les cellules ainsi délimitées sur un espace de 1,5 mètre sur 2 mètres furent appelées "cages à poules".

Centre de détention (CD)
Les centres de détention accueillent les détenus condamnés à une peine supérieure ou égale à un an et qui présentent des perspectives de réinsertion favorables. Le régime de détention est principalement orienté vers la resocialisation des détenus.

Chemin de ronde Chemin qui longe le mur d’enceinte de la prison

Collectif d’Eysses
Nom donné à l’organisation constituée par les 1200 détenus d’Eysses, toutes sensibilités politiques confondues.

Communisme
Doctrine politique visant à créer une société sans classe, où la propriété privée est supprimée et les biens mis en commun. Le parti communiste est un parti politique qui se réclame de cette doctrine et veut la voir appliquée. Les communistes en sont les partisans.

Conseil national de la Résistance (CNR)
Créé le 27 mai 1943, le CNR entérine l'unification de la Résistance intérieure en rassemblant à la fois les principaux mouvements de Résistance (Combat, Franc-Tireur, Libération-Sud, Libération-Nord, le Front national, Ceux de la Résistance, Ceux de la Libération et l'Organisation civile et militaire) et les grandes tendances politiques d'avant-guerre de gauche et de droite, ainsi que deux syndicats (la CGT et la CFTC). D'abord présidé par Jean Moulin puis, après l'arrestation de ce dernier en juin 1943, par Georges Bidault, les différentes composantes du CNR élaborent un Programme d'action de la Résistance (15 mars 1944) qui adopte " un plan d'action immédiate contre l'oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la libération du territoire, un ordre social plus juste. "

Cour martiale
Tribunal d’exception créé par la loi du 20 janvier 1944. Selon cette loi, tout individu arrêté « en flagrant délit d’assassinat ou de meurtre, de tentative d’assassinat ou de meurtre, commis au moyen d’armes ou d’explosifs, pour favoriser une activité terroriste », est présenté sans délais à l’intendant de police de la préfecture régionale du lieu de l’arrestation, qui « le place sous mandat de dépôt et prend toutes dispositions utiles pour le traduire sur-le-champ devant la cour martiale ». Le secrétariat général au Maintien de l’ordre est immédiatement informé et désigne par arrêté les trois membres de la cour martiale appelés à siéger Aucune information n’est ouverte, « l’application des lois sur l’instruction criminelle étant suspendue à l’égard des individus déférés en cour martiale ». Les accusés ne sont assistés d’aucun avocat, de leur arrestation à l’audience. Si « les conditions prévues » par la présente loi sont remplies et que « la culpabilité est nettement établie », le condamné est immédiatement passé par les armes, sans aucun recours possible, ni appel, ni pourvoi en cassation, ni demande de grâce. Il n’y a pas d’acquittement possible, pas plus que de peine intermédiaire envisageable. Soit la culpabilité est considérée comme établie par la cour, et dans ce cas la seule peine prévue par la loi est la mort, soit elle n’est pas « nettement » établie, et le prévenu est renvoyé devant le procureur de la République, qui en général redirige le dossier vers la section spéciale de sa cour d’appel.

Détenu(e) - Prisonnier(e)
Toute personne écrouée (retenue en détention à titre provisoire ou suite à une condamnation)

Détenu politique
Personne détenue en prison à cause de ses convictions politiques. Il ne doit pas y avoir de prisonniers politiques dans une démocratie, car chacun a alors les mêmes droits et libertés quelle que soit son opinion politique. Il en est de même concernant les croyances religieuses. Au sens large on parle de prisonniers d'opinion.

Droits communs
Personne détenue en prison, ni comme prisonnier de guerre, ni comme prisonnier politique, mais parce qu'elle n'a pas respecté les lois générales. La cause de son emprisonnement peut être un assassinat, un vol...

Ecrou
Procès verbal constatant qu’une personne a été remise à un directeur de prison, et mentionnant la date et la cause de l’emprisonnement.

Epuration
Mesures prises au lendemain de la Libération contre les personnes qui ont collaboré avec l'occupant. On différencie : - l'épuration extra-légale (sans décision de justice) dans les premiers jours de la Libération. Elle a parfois été brutale (tontes, exécutions sommaires, lynchages...),- l'épuration judiciaire, grâce à des tribunaux civils et militaires devant lesquels les collaborateurs accusés pouvaient se défendre.

Etablissements pénitentiaires
Les établissements pénitentiaires sont les prisons où séjournent les personnes condamnées par la Justice. Il en existe plusieurs types suivant les détenus.

Forces françaises de l'intérieur (FFI)
Le 1er juin 1944 le CFLN (Comité français de Libération nationale) regroupe les diverses formations militaires de la Résistance (Armée secrète, groupes-francs, Francs-Tireurs et Partisans, etc.) en créant les Forces françaises de l'intérieur. Le général Koenig, nommé par les Alliés, en dirige l'état-major à Londres. Après le débarquement du 6 juin 1944, les FFI apportent, par leur connaissance du territoire, une aide précieuse aux soldats alliés dans leur progression pour le libérer. En septembre 1944 les FFI sont intégrées dans l'armée régulière.

Franc-Tireur
Mouvement né à Lyon en 1941, dirigé par Jean-Pierre Lévy. Il édite un journal du même nom puis ses activités se diversifient pour en faire un des principaux mouvements de la zone Sud.

France libre
Ensemble des forces françaises poursuivant la lutte armée avec le général de Gaulle à Londres aux côtés de la Grande-Bretagne. Les Britanniques reconnaissent l'existence de la France libre le 28 juin 1940. La France libre, pour symboliser l'union de la Résistance extérieure et intérieure, devient la France combattante en 1943.

Front national (FN)
Mouvement de Résistance créé en 1941 à l'initiative du parti communiste français (Il n'a rien à voir avec le parti politique français d'extrême-droite du même nom, créé en 1972).

Gaullisme
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le terme « gaulliste » est utilisé par les autorités allemandes et par le gouvernement de Vichy pour désigner les partisans du général de Gaulle et dans un sens plus large, les résistants non-communistes. Après la Libération, le terme gaulliste prend son sens actuel, plus politique, désignant les idées du général de Gaulle et ses partisans, par opposition aux autres partis et courants politiques.

Gourbis
Mot d’origine arabe désignant un abri. A Eysses, les gourbis étaient des groupes constitués par affinités et mettant en commun repas et colis.

Greffe
A l’entrée en détention, le passage au greffe permet la prise de mesures anthropométriques (photo et empreintes), le dépôt des affaires personnelles et l’enregistrement du dossier.

Groupes francs (GF)
Groupes de résistants spécialisés dans des actions plus directes à l'encontre de l'occupant. A partir de 1943, ils sont dirigés par Serge Ravanel. Leurs tâches sont variées et souvent audacieuses : évasions, sabotages...

Groupes mobiles de réserve (GMR )
Unités mobiles de la Police, créées en avril 1941 par le gouvernement de Vichy pour renforcer la répression. Les GMR deviennent CRS (Compagnies républicaines de sécurité) après la Libération.

Inculpé(e)
Personne à qui on a attribué officiellement un crime ou un délit.

Internement administratif
Procédure par laquelle un individu se trouve soumis à un régime de privation de liberté. L'internement administratif se distingue de la garde à vue ou de la détention provisoire par le fait que la décision est prise en dehors de toute instance judiciaire et par un représentant du pouvoir exécutif. L'internement administratif est décidé par arrêté du ministre de l'Intérieur ou du préfet, selon les cas. Il est purgé soit par assignation à résidence, soit par placement forcé dans un « camp d'hébergement ».

Libération-Sud
Mouvement de la zone Sud né d'un premier groupe de Résistance : La dernière colonne, créé à l'automne 1940 par Emmaneul d'Astier de la Vigerie, Lucie Aubrac, Jean Cavaillès et Georges Zérapha. Ils créent le journal Libération. En 1943, Libération-Sud intègre les Mouvements unis de Résistance (MUR).

Ligne de démarcation
Imposée par les Allemands dans les clauses de l'armistice du 22 juin 1940, elle sépare la France en deux zones, la zone occupée gérée par les Allemands, et la zone non occupée, gouvernée par Vichy. A l'intérieur de la zone occupée, les Allemands ont délimité une zone interdite au nord de la Somme et de l'Aisne. Les départements du Nord et du Pas-de-Calais étaient placés sous l'administration allemande de Bruxelles. Les Allemands ont annexé l'Alsace et le département de la Moselle.

Maison centrale
Les maisons centrales accueillent les détenus les plus difficiles, souvent condamnés à de longues peines, et dont les perspectives de réinsertion sont très lointaines. Le régime de détention de ces prisons est essentiellement axé sur une sécurité renforcée.

Maison d’arrêt
Les maisons d’arrêt reçoivent les prévenus en détention provisoire et les condamnés dont la peine initiale, ou le reliquat de peine, n’excède pas deux ans. Les condamnés, en attente d’affectation dans un autre établissement peuvent également y séjourner.

« Matons » / « gardes-chiournes » / « gaf »
Termes argotiques désignant les surveillants pénitentiaires

Milice française
Créée le 30 janvier 1943 par une loi du gouvernement Laval, la Milice française, dirigée par le chef du gouvernement et soumise à l'autorité des préfets, avait pour mission de grouper " des Français résolus à prendre une part active au redressement politique, social, économique, intellectuel et moral de la France " (loi du 30 janvier 1943). Cette tâche revint à Joseph Darnand, nommé secrétaire général. Elle est une force de répression particulièrement brutale qui traque les résistants et les juifs.

Mirador
Bâtiment de surveillance périphérique de la prison occupé par un surveillant armé. Son fonctionnement 24h/24 et sa visibilité de toutes parts en font l’élément principal de surveillance.

Mouvements unis de Résistance (MUR)
Regroupement en janvier 1943 des trois grands mouvements de la zone Sud (Combat, Franc-Tireur et Libération-Sud), qui comportent également le rassemblement des organisations militaires de ces mouvements au sein de l'Armée secrète. Le Comité directeur est présidé par Jean Moulin.

Noyautage des administrations publiques (NAP)
Créé en 1942 par des dirigeants de la Résistance intérieure (en particulier André Plaisantin, Marcel Peck et Claude Bourdet), cette structure a pour but de recueillir des renseignements et de sélectionner les futurs cadres en vue de la prise du pouvoir à la Libération.

Parloir
Lieu de rencontre et de discussion.

Peloton d’exécution
Groupe de soldats chargé de fusiller un condamné à mort.

Préau
Cour commune où les détenus peuvent "sortir".

Prisonnier de guerre
Combattant d'une armée régulière, arrêté et détenu en prison par l'armée ennemie lors d'un conflit. Depuis 1929 dans les pays qui ont signé la Convention de Genève, les prisonniers de guerre ne doivent être ni torturés, ni interrogés et doivent être traités humainement.

Républicains espagnols
Partisans antifascistes - communistes, socialistes, républicains, anarchistes -, qui s'opposèrent aux nationalistes pendant la guerre civile en Espagne de juillet 1936 à mai 1939. Après cette défaite, nombre d'entre, réfugiés en France, sont internés dans des camps, et parfois certains rejoignent la Résistance. Leur savoir-faire militaire y est particulièrement apprécié. Plusieurs milliers, restés internés dans les camps, sont livrés aux Allemands par le gouvernement de Vichy.

Special operations executive (SOE)
Créé à l'été 1940 par Churchill pour affaiblir la position de l'Allemagne en Europe occupée. Le commandant Buckmaster a été nommé chef du SOE en France. Des réseaux polonais (réseaux F1 et F2) et des réseaux français (Alliance, Carte) se sont développés en France. Le SOE contrôle une cinquantaine de réseaux d'évasion et de renseignement en France. Activité : évasion, renseignement, liaison, parachutages de matériel, débarquements-embarquements.

Service du travail obligatoire (STO)
Institué par le gouvernement de Vichy par une loi du 4 septembre 1942 pour répondre aux exigences allemandes de main-d'oeuvre, le STO constitue en fait le prolongement de la politique vichyste de la Relève mise en place début 1942, et qui consistait à envoyer en Allemagne des travailleurs spécialisés volontaires en échange du retour de prisonniers de guerre (trois travailleurs pour un prisonnier). L'échec de la Relève et la faiblesse de ses résultats entraînent l'instauration par Laval d'une nouvelle loi du 16 février 1943 modifiant le recrutement du STO : il ne se fait plus selon un critère professionnel mais sur une base démographique. Les réquisitions concernent désormais tous les jeunes nés entre 1920 et 1922. Très impopulaire, le STO a provoqué une hostilité croissante de l'opinion à l'égard de la politique de collaboration, et il a entraîné une partie des réfractaires (ceux qui refusent de partir travailler en Allemagne) à s'engager dans la Résistance, en particulier au sein des maquis.

Tribunaux d'exception
Sous Vichy, les juridictions d’exception se multiplient, on peut en compter jusqu’à dix, dont neuf ont des compétences en matière politique. Elles sont composées de sections spéciales et de tribunaux d'Etat, puis des cours martiales proches des « conseils de guerre » (juridictions aux mains des autorités allemandes et instituées pour juger les auteurs d'attentat anti-allemands) mais aussi de tribunaux militaires capables de traiter de façon exceptionnelle plusieurs sortes d’affaires. L’entrée des communistes dans la résistance armée après le 21 juin 1941 et la « vague de terrorisme » qui déferle sur l’hexagone conduit le régime à faire de l’ordre public la priorité. Après l’attentat de Fabien contre l’aspirant de vaisseau Moser au métro Barbès-Rochechouart, en plein jour le 21 août 1941, la Wehrmacht envisage de fusiller 150 condamnés ou internés administratifs, puis exige des autorités françaises la condamnation à mort de 10 communistes notoires par les tribunaux français. La loi sur les sections spéciales est alors mise en place ; rédigée le 23 août, elle est anti-datée du 14 août 1941. Elles sont instituées pour juger en premier et dernier ressort les auteurs de toute infraction pénale commise dans une intention d'activité communiste et anarchiste. Elles siègent auprès des tribunaux militaires en zone libre et, ces derniers ayant été supprimés par suite de la convention d’armistice, près les cours d’appel en zone occupée. Les sections spéciales de la zone sud n’ont été réellement mises en place qu’après l’invasion de la zone dite libre le 11 novembre 1942 par les troupes nazies, suivant un calendrier différent selon les endroits. La loi du 5 juin 1943 qui prend en compte l’infraction « terroriste » élargit son champ d’action à tous les comportements favorisant la Résistance, visant non seulement l’auteur direct mais celui qui s’en rend complice.

« Trois Glorieuses »
Nom donné par les détenus d’Eysses aux journées des 9 au 11 décembre 1943 au cours desquelles ils se sont opposés aux forces de l’ordre pour empêcher le départ en zone Nord des internés administratifs de la centrale.


[Sources : Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007. Site Internet de l’Association pour la communication sur les prisons et l’incarcération en Europe : http://prison.eu.org/spip.php?rubrique220. Travaux de l’AERI dans le cadre des cédéroms (ou dvd-roms) sur la Résistance dans le département, collection Histoire en Mémoire (1940-1945).]

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