Dans la Cour des Fusillés à La Chapelle-en-Vercors

Légende :

Le 23 juin 1949, les élèves-maîtres de l’École Normale d’Instituteurs de Valence, écoutent les explications de M. Abouzit, instituteur à La Chapelle-en-Vercors

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : inconnu

Source : © collection Jean Sauvageon Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - La Chapelle-en-Vercors

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Le 23 juin 1949, les élèves-maîtres de l’École Normale d’Instituteurs de Valence ont visité, dans le Vercors, les lieux où se sont déroulés des évènements dramatiques à la fin du mois de juillet 1944.

M. Abouzit, instituteur à La Chapelle-en-Vercors, explique, à la cinquantaine de normaliens, ce qui s’est passé les 25 et 26 juillet dans la commune et comment ont été fusillés, dans cette cour, 16 jeunes hommes.

Le 25 juillet 1944, officiers et soldats allemands occupent La Chapelle-en-Vercors. En fin d'après-midi, les nazis procèdent à l'arrestation des habitants qui sont rassemblés en trois groupes par sexe et par âge : les femmes et enfants, les hommes âgés de plus de 40 ans et les hommes de 17 à 40 ans. Le groupe des femmes et enfants et celui des hommes âgés sont rassemblés dans les écoles. Vers 2 h du matin, retentissent des explosions, puis on voit monter des flammes. Tout à coup, on entend des rafales de mitraillettes et des coups de revolver, puis quelques explosions venant du côté de la ferme Albert toute proche où les jeunes ont été conduits. Au petit jour, le silence laisse deviner que les Allemands ont disparu. Les gens découvrent dans la cour de la ferme dont les bâtiments finissent de brûler, les corps des seize jeunes, enchevêtrés, criblés de balles et achevés par quelques grenades. Les restes des seize jeunes sont enveloppés dans des draps et ensevelis dans l'après-midi.

Liste des seize jeunes hommes massacrés : Alloard Jean, Bouvet Aimé, Bayoud René, Bénevène Pierre, Borel Georges, Chabert René, Fontanabona Jules, Fontanabona Nello, Morin Paul, Rochas Robert, Rolland Léopold, Rolland Maurice, Rome Fernand, Revol Roger, Saint-André Philippe, Sitarz Stanislas.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

La commune de la Chapelle-en-Vercors a subi, à plusieurs reprises, les exactions des troupes allemandes, notamment le bombardement du 14 juillet et les massacres des 25-26 juillet 1944.

La Médaille de la Résistance Française a été attribuée à la commune par un décret du 15 octobre 1945, paru au J.O. du 20 octobre. Seules, 18 collectivités territoriales ont reçu cette distinction : Béthincourt (Meuse), Brest (Finistère), Caen (Calvados), Caniac-du-Causse (Lot), La Chapelle-en-Vercors (Drôme), Lyon (Rhône), Marsoulas (Haute-Garonne), Meximieux (Ain), Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), Nantua (Ain), Nouvelle-Calédonie, Oyonnax (Ain), Plougasnou (Finistère), Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère), Île-de-Sein (Finistère), Tavaux (Aisne), Terrou (Lot), Thônes (Haute-Savoie).

La Chapelle-en-Vercors, « L’un des centres de la Résistance du Vercors, pendant plusieurs mois. A hébergé d’importants services de l’armée du maquis. A souffert en mars 1944 du passage des forces ennemies. Violemment bombardée par aviation le 14 juillet, occupée par l’ennemi du 25 juillet au 10 août, a eu seize de ses habitants lâchement fusillés dans une cour de ferme, plusieurs autres massacrés isolément, et la totalité de ses maisons sauvagement brûlées. A donné un exemple magnifique de patriotisme. Restera dans l’histoire une commune martyre. » (texte de la citation).

22 unités militaires ont eu la même attribution. Parmi elles, la brigade de Gendarmerie de la Chapelle-en-Vercors, par un décret du 14 juin 1946, paru au Journal officiel du 11 juillet, a été la seule en France à recevoir la Médaille de la Résistance Française.

La brigade « s’est particulièrement distinguée par l’aide apportée à la Résistance. Négligeant les risques encourus, elle ne transmet pas ou avec retard, ou déformées, les informations pouvant entraîner des représailles (diffusion de tracts, parachutages). En liaison constante avec les divers maquis stationnés dans sa circonscription, les avertit des opérations projetées par les Allemands et les Miliciens, les informe des mouvements des troupes ennemies. La Brigade participera au déménagement et à la mise à l’abri d’un dépôt d’armes. Elle participera activement à un parachutage de nuit.
Le 9 juin 1944, la Brigade rejoint les Forces Françaises de l’Intérieur et participe à la défense du Vercors.
Le 28 juillet, le Gendarme Édouard Hervé, blessé, est fait prisonnier. Il sera fusillé. L’Adjudant René Garcin et le Gendarme René Célérien seront décorés de la Croix de Guerre pour services rendus à la Résistance. »
(La Médaille de la Résistance Française. Éditions Lavauzelle).

En 1943, le général de Gaulle qui ne se reconnaît pas encore le droit de conférer la Légion d’honneur décide, par l’ordonnance n° 42, du 9 février, de créer une nouvelle décoration destinée à ceux qui se sont distingués dans la lutte pour la libération du pays, c’est la Médaille de la Résistance Française.

Cette médaille est en « bronze, du module de 37 mm, portant à l’avers un bouclier frappé de la Croix de Lorraine, avec en exergue, 18 juin 1940 [qui figure en chiffres romains : XVIII VI MCMXL], et au revers : PATRIA NON IMMEMOR. »[…] « Elle est suspendue à un ruban noir traversé verticalement par deux bandes rouges latérales de 3 mm de large et quatre bandes de 1 mm, dont deux médianes espacées de 2 mm et deux intermédiaires distantes des médianes de 6 mm. » (décret d’application n° 774, du 9 février 1943).

Elle ne sera plus attribuée à compter du 1er avril 1947 (décret du 16 janvier 1947), sauf pour « les déportés et internés de la Résistance, fusillés ou morts en déportation ou au cours de leur internement ou décédés des suites des blessures ou des maladies contractées ou aggravées du fait de leur déportation ou de leur internement… ».

La Croix de guerre a également été attribuée à la commune de La Chapelle-en-Vercors.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : La Médaille de la Résistance Française. Éd. Lavauzelle, 2002. Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.