"Le Comité d'Action contre la Déportation (CAD)"

EVENTUELLEMENT

 

Créé en juillet 1943 à Paris pour coordonner la lutte menée dans toute la France contre le Service du Travail Obligatoire (STO, alors appelé "déportation"), le Comité d'Action contre la Déportation (CAD) s'oriente dans trois directions, sous la direction d'Yves Farge. D'abord, le recueil, la diffusion et l'exploitation des renseignements concernant le STO. Il diffuse ainsi des informations recueillies en infiltrant le cabinet du ministre du Travail, Jean Bichelonne, et exploitre grâce aux Groupes francs du Mouvement de Libération Nationale les renseignements sur des fichiers recensant les requis : deux sont détruits, à Paris et Versailles. Ensuite, la production massive de faux papiers et faux cachets pour les réfractaires : Marc Laurent, le fils de Charles Laurent, produit des "mallettes de faux papiers" accompagnées de manuels du faussaire, en utilisant le travail déjà entreprise en ce domaine par certains mouvements. Il distribue aussi en province des tickets d'alimentation volés par les F-TP en région parisienne. Enfin, Léo Hamon est chargé de "garder le contact avec tous les mouvements de jeunesse". Le CAD travaille en liaison étroite avec l'Action ouvrière, qui distribue les faux papiers aux travailleurs requis, et le Service national Maquis, à qui il distribue ses fonds. Le CAD décentralise son action à l'approche du Débarquement et passe sous la responsabilité de Louis Saillant après la nomination d'Yves Farge comme commissaire de la République de la région lyonnaise.

 

L'aide aux réfractaires s'inscrit dans la lutte contre la "politique de la Relève", instituée par Laval en juin 1942.
Lorsque le 16 février 1943 la loi sur le Service du Travail Obligatoire (STO) entre en vigueur, le gouvernement de Vichy frappe un coup redoutable (...)

Les mouvements de Résistance comptaient déjà en interne des services dédiés, tel le service des "Faux Papiers" de Libération-Sud, créé par Pierre Kaan en 1942 mis à la disposition des MUR, ou encore le service des faux papiers de Défense de la France, créé en février 1942 et dirigé par Michel Bernstein.

Lors de la fusion des institutions des deux zones, le Comité central des Mouvements estime nécessaire de créer un nouvel organisme ayant pour mission d'animer et de coordonner sur tout le territoire la lutte contre la déportation, en aidant matériellement les réfractaires. C'est à Yves Farge qu'il revient d'organiser ce service.

Le CAD se réunira pour la première fois le 14 juillet 1943, chez le Docteur Descomps, à Lyon. Sont présents à cette réunion Yves Farge, qui en prendra la présidence, Charles Laurent (CGT), son fils Marc ("Martel"), Pierre Villon (Front national), Léo Hamon et Pierre Kaan des MUR (et, pour ce dernier, secrétaire du Comité central des Mouvements), Delamarre (secrétaire de la Fédération des Métaux et membre de Libération-Nord), Rol-Tanguy (F-TP) ainsi que le Docteur Leibovici du CMR.

 

Le CAD se divisait en trois branches, autonomes les unes des autres :

- une première branche chargée d'obtenir des informations sur les projets allemands, aidée pour ce faire de M. Cosmi, ingénieur des Ponts et Chaussées placé par le CAD au cabinet du ministre de la Production industrielle de Vichy, M. Bichelonne. Cette branche s'est également illustrée par l'organisation de grèves et d'actions de sabotage dans le but d'empêcher les départs forcés.

- une deuxième branche, dirigée par Marc Laurent, avait pour mission de pourvoir aux besoins des réfractaires, acheminés vers les maquis. Par son intermédiaire furent distribuées plus de 500 000 fausses cartes d'alimentation, des fausses cartes d'identité et de travail, des extraits d'acte de naissance, des livrets de famille, des permis de conduire et autres certificats. Chaque mois, cette branche dite "industrielle" du CAD procédait à des raids contre les bureaux de ravitaillement ou les imprimeries de Vichy dans le but de s'emparer de tickets authentiques que Marc Laurent répartissait ensuite.

- une troisième branche, dirigée par Léo Hamon, se charge de la liaison avec les autres organismes impliqués dans la lutte contre la déportation, les Forces Unies de la Jeunesse Patriotique (FUJP) et le Noyautage des Administrations Publiques (NAP), notamment, ainsi qu'avec certains syndicats, les mouvements et différents services centraux de la Résistance.

 

D'abord placé sous l'autorité du Comité central, il passe ensuite sous celle du CNR. Ses attributions sont à mi-chemin entre celles d'un organisme civil et celles d'un organisme militaire. De plus, le CAD contrôle ses comptes, dont Mme Descomps est la trésorière et centralise dans un premier temps les fonds destinés aux maquis avant de les redistribuer.

Le CAD a bénéficié d'un budget de 5 millions de francs en octobre et novembre 1943, puis ce dernier a atteint 20 millions en avril 1944.

A son retour en France, Yvon Morandat représente la Délégation générale aux réunions du CAD.

 

Au début de l'année 1944, le CAD décide de la création d'organismes régionaux et départementaux, pourvus des mêmes missions. Ces "Comités CAD" comprennent des représentants de la CGT, des FUJP, du Front national et de l'Action ouvrière des MUR. Chacun de ces comités élit un secrétaire, appelé "correspondant du CAD", en lien continu avec Yves Farge. Les Comités CAD sont alors subordonnés aux Comités de la Libération (CDL).

Au déclenchement de l'insurrection de la capitale en août 1944 et des grandes villes françaises, le CAD est amené à soutenir les grèves.

Tandis qu'Yves Farge prend ses nouvelles fonctions de commissaire de la République (printemps 1944 ? A VERIFIER), le CAD poursuivra ses activités jusqu'à la Libération.

Source(s) :

Bruno Leroux, Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot, Robert Laffont, 2006 et René Hostache, Le Conseil national de la Résistance, les institutions de la clandestinité, PUF, Paris, 1958.

Plan de l'expo

Crédits