"Pionnier de la Résistance"

Le 17 juin 1940, les Allemands occupent Chartres et exigent du Préfet Moulin qu'il signe un document accusant les troupes sénégalaises de l’armée française de massacres sur les populations civiles. Ces accusations fausses de la propagande nazie sont à mettre en relation avec la vive combativité opposée aux Allemands par le 26e régiment de tirailleurs sénégalais à Chartrainvilliers. Le préfet, brutalisé, se tranche la gorge dans la nuit du 17 au 18 juin pour ne pas céder sous les coups. Transporté à l’hôpital et soigné, Jean Moulin reprend ses activités fin juin. Ce geste héroïque isolé en fait un pionnier de la Résistance. Il exprime un refus individuel de ne pas céder à l’occupant.

Resté à son poste pour protéger la population des exactions des troupes et de l’administration allemandes, Jean Moulin est informé le 8 novembre de sa révocation datée du 2 novembre 1940. En quittant Chartres, il prend soin de se faire délivrer une carte par la préfecture, au nom de Joseph Mercier, professeur de droit. Cette démarche souligne la détermination de Moulin de poursuivre sa Résistance. Il fait de ses anciens adjoints au ministère de l’Air, Pierre Meunier, Robert Chambeiron, en zone nord, et dans le sud Henri Manhès, de précieux soutiens pour rallier à la cause de la Résistance ceux qui ont participé à l’aide clandestine aux Républicains espagnols. En ce début d’année 1941, il effectue de multiples démarches pour obtenir visas et passeport et organise son départ pour Londres.

En 1941, les résistants se regroupent et les noyaux initiaux deviennent des mouvements dont l’action est centrée autour d’un journal pour contrecarrer la propagande du gouvernement de Vichy et celle de l’occupant. Jean Moulin se fait messager des mouvements de zone sud, Liberté, Mouvement de Libération nationale, Libération-Sud, dont il a rencontré les chefs pour faire connaître leur action et obtenir des moyens de Londres. Il a dès ce moment, conçu son action ultérieure à l’intersection des deux résistances intérieure et France libre. Parti de Marseille le 9 septembre 1941, il reste un mois à Lisbonne où il rédige un rapport qui illustre bien son mûrissement sur les questions de la Résistance. Puis il se rend à Londres ne sachant pas en quittant Lisbonne, s’il s’adresserait à la France Libre ou aux Anglais. En fait, il se rallie au général de Gaulle, à qui il se présente le 25 octobre 1941, en trait d’union possible entre les deux Résistances. Venu en messager, il repart comme son représentant personnel pour imposer son autorité à tous ceux qui se battent.



Jean Moulin, a Pioneer of the Resistance

On June 17th 1940, the Germans occupied Chartres and pressured Prefect Moulin to sign a document testifying to the guilt of Senegalese troops conducting a civilian massacre. These false accusations of Nazi propaganda were fabricated as a response to the 26th regiment of Senegalese infantrymen’s combative opposition to the Germans in Chatrainvilliers. In the night of June 17th-18th the prefect, brutalized, sliced his own throat in order to avoid capitulating under the strain of torture. Transported to a hospital and treated for his wounds, Jean Moulin resumed his duties in late June. This heroic gesture alone makes him a pioneer of the Resistance. He exemplifies the individual refusal to concede to the occupant.

He stayed in his position in order to protect the people from the reprisals of the German troops and administration until he was informed of his dismissal on November 8th which had been issued on the 2nd of the month, 1940. Leaving Chartres, he was vigilant enough to be issued a card by the Prefecture under the name of Joseph Mercier, a law professor. This act highlights Moulin’s determination to continue the Resistance. His former colleagues at the Air Ministry, Pierre Meunier, Robert Chambeiron, in the North Zone, and from the South, Henri Manhès, offered him priceless support in rallying those who participated in the underground aid of the Spanish Republicans to the Resistance cause. From early 1941, he pursued multiple avenues to obtain visas and passports and organize his flight to London.

In 1941, the Resistance fighters regrouped and these initial nucleuses developed into movements whose actions centered on a newspaper aimed at counteracting both the German occupant’s, and the Vichy regime’s, propaganda. Jean Moulin was appointed messenger of the South Zone movements – Liberté, Mouvement de Libération nationale, Libération-Sud – and in this capacity he met with their leaders to discuss their plans of action and give General de Gaulle an accurate report once in London and start raising money. It was from this moment that he started designing his actions to be placed at the crossroads of both the internal and external (France libre) Resistance. Leaving from Marseille on September 9th 1941, he spent a month in Lisbon where he gained growing awareness about French Resistance related issues. When he departed Lisbon for London, he had no idea if he would address France libre or the English. In fact, he joined General de Gaulle, whom he met on October 25th 1941, with the idea of being a possible go-between the two Resistances. Arriving as a mere messenger, he returned as de Gaulle’s personal representative, responsible for implementing his authority over all those who fought.

Auteur(s) : Département AERI
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Traduction : Gabrielle Ciceri

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