La compagnie Marc Haguenau

Légende :

Montée au front des Vosges de la compagnie Marc Haguenau, début septembre 1944. 

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Mémorial de la Shoah / Coll. David Diamant Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Septembre 1944

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Tarn

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Contexte historique

Le 9 mars 1943, six jeunes réfractaires au Service du Travail Obligatoire s'installent à La Courrégé et donnent ainsi naissance au premier maquis de Vabre. A l’été 1943, un deuxième maquis apparait à la Tourette, et enfin en décembre 1943, les Eclaireurs Israélites de France (EIF) fondent le maquis de La Malquière à proximité de Viane. Devenue trop étroite pour faire face à l'afflux des résistants, La Malquière est dissoute et ses effectifs répartis entre La Roque, créée le 15 mars 1944 et Lacado, créée le 24 avril 1944.

Après le débarquement du 6 juin 1944, comme il avait été convenu avec les responsables de la résistance tarnaise, les maquis de Vabre deviennent le Corps franc de la libération (CFL) n°10. L'organisation est structurée en 3 compagnies, dont la 2e compagnie, issue des maquis juifs de La Roque et Lacado, est placée sous le commandement de Robert Gamzon, dit capitaine Lagnès. Cette 2e compagnie prend l’appellation « Compagnie Marc Haguenau » en souvenir du secrétaire général des EI, arrêté par la Gestapo à Grenoble, en février 1944, et qui choisit de se défenestrer pour ne pas être pris vivant. Le choix du nom de cette compagnie marque dès sa constitution sa spécificité juive.

Le 25 juin 1944, elle réceptionne son premier parachutage sur le terrain "Virgule" dont elle est chargée de la surveillance et de la réception des parachutages destinés à l’ensemble du secteur FFI de Vabre. Le 6 août 1944, c’est un commando de l’OSS qui est réceptionné. Mais dans la nuit du 7 au 8 août, les Allemands lancent une attaque sur le terrain de parachutage et sur les camps de La Roque et Lacado. La compagnie déplore plusieurs morts dont le lieutenant Gilbert Bloch.

L’action la plus éclatante de la compagnie Marc Haguenau est l’attaque d’un train allemand entre Mazamet et Labruguière le 19 août 1944, suivie de la libération de Castres. Le 21 août, montée à bord de camions gazogènes, la compagnie Marc Haguenau est acclamée dans les rues de la ville. Le lendemain, 22 août, Mazamet est libérée par un assaut lancé par un peloton de la 2e compagnie du CFL 10.

Une fois le Tarn libéré, la Compagnie Marc Haguenau devenue 2e commando du corps-franc Bayard commandé par Dunoyer de Segonzac quitte Castres le 6 septembre 1944. Après avoir participé à la libération de Nevers, les hommes de la compagnie font la jonction à Autun avec la 1ère Armée française du général de Lattre de Tassigny et sont incorporés au 12e régiment de dragons de reconnaissance.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
RHICOJ, Les Juifs dans la Résistance et la Libération, Ed du Scribe, 1985.
Lucien Lazare, La Résistance juive, Ed du nadir, 2001.
Robert Gamzon, Les eaux claires, journal 1940-1944, Eclaireuses Eclaireurs Israelites de France, 1981.
« France 1940-1945 : Des Juifs en résistance », Revue d’histoire de la Shoah, n°152, septembre-décembre 1994.
Jean-Paul Nathan-Aymon, « Compagnie Marc Haguenau. Le bras armé de la Résistance EI », Revue d’Histoire de la Shoah, n° 161, 1997, pages 85 à 89.
Valérie Ermosilla (Pietravalle), La Résistance juive dans le Tarn 1939-1944, réalités et représentations, mémoire de maîtrise sous la direction de Pierre Laborie et Jean Estèbe, Université Toulouse Le Mirail, 1987.